Les Morsures du froid

(Serpents in the Cold)

  1. L’hiver 1951 fait subir à Boston l’une de ses pires périodes de froid. C’est dans ces conditions que l’on retrouve le corps d’une femme nue, qui a été torturée. Il s’agit de la dernière victime du tueur en série que l’on a surnommé « Le Boucher ». Elle est également la sœur de l’épouse défunte de Dante Cooper. Ce dernier fait appel à son vieil ami, Cal O’Brien, et tous deux vont mener leur enquête.

    Ce premier roman de Thomas O’Malley et Douglas Graham Purdy frappe fort. Leur écriture est riche, travaillée, mettant en scène les lieux et les psychologies avec une maîtrise rare. Les personnages principaux sont particulièrement réussis. Dante Cooper, ancien pianiste, junkie invétéré, ayant couché aux côtés du cadavre de son épouse pendant plusieurs jours, et devenu une véritable épave humaine. Cal O’Brien, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, encore blessé à la jambe suite à un épisode sur lequel il préfère ne pas s’étendre, tentant avec sa femme Lynne de remonter à la surface. Des êtres denses, vivants et plausibles, aux comportements et aux introspections très réussis. Dans le même temps, la cité de Boston est décrite avec une telle maestria qu’elle devient un personnage à part entière. L’intrigue est très bien construite, mélangeant habilement tueur en série, malversations politiques, corruptions, magouilles immobilières, luttes de clans. Même si certaines ficelles ne surprendront guère les vieux habitués des polars, qu’ils soient littéraires ou cinématographiques, Thomas O’Malley et Douglas Graham Purdy rentrent avec grand talent dans la cour des écrivains majeurs, non loin de James Ellroy et Dennis Lehane. Un ouvrage où l’émotion pénètre les chairs, et ce jusque dans les ultimes chapitres. On pourra retrouver Cal et Dante dans Les Brûlures de la ville. Un rendez-vous à ne pas manquer !

    /5