Aurore de sang

  1. Les fantômes de White Forest

    Les aurores boréales s’apprêtent à attirer un grand nombre de touristes à White Forest, petite ville de l’Alaska. Dans le même temps, deux affaires apparaissent. Nimrod Russell, s’apprêtant à réintégrer la police locale, reçoit la visite de Judith Gibson, une ancienne compagne, parce que son mari semble avoir enlevé leur jeune fils Adam. C’est également le cadavre d’un inconnu que l’on découvre, en grande partie dévoré par les animaux des bois. Et qu’elle n’est pas la surprise des enquêteurs lorsqu’ils découvrent son identité.

    Avec ce roman, Alexis Aubenque poursuit sa route d’auteur français capable de tailler des croupières à ses homologues américains. Tout y est : l’ambiance irréelle d’une petite communauté, alourdie par la venue de multiples touristes à bords d’immenses paquebots pour observer des aurores boréales, les équipes du shérif, les journalistes, etc. Alexis Aubenque soigne indéniablement ces éléments, presque des jalons, caractéristiques de la littérature made in USA, même si certains personnages frôlent la caricature. Au niveau de l’intrigue, comme pour toute recette que l’on souhaite reproduire, l’écrivain aligne les divers ingrédients nécessaires : une secte, un reporter infiltré dans celle-ci, un meurtre énigmatique, des écoterroristes qui usent et abusent du sexe sans filtre et de la drogue, un hacker sacrément bon vivant, des accointances interlopes entre le milieu sectaire et des politiques, sans oublier les courses-poursuites et autres fusillades, presque nécessaires à ce type de littérature. Le rythme est très enlevé, avec une belle alternance entre les activités de Nimrod et de Tracy Bradshaw, sa collègue lieutenante. Certains passages sont amplement visuels, très cinématographiques, Alexis Aubenque calquant son écriture sur ce que l’on attend de lui. D’ailleurs, Nimrod prend une place bien particulière dans cet opus, avec quelques flashbacks intéressants, des zooms sur sa jeunesse et les relations houleuses entre sa mère et son père, ces rapports ayant d’ailleurs un rôle important dans cette enquête. Le double épilogue est à cet égard intéressant et inattendu.

    Un thriller réussi, habilement mené, proposant à son lectorat de quoi copieusement combler son appétit d’émotions fortes et de conventions littéraires issues de l’imagerie américaine, quitte à parfois être un peu manichéen et attendu.

    /5