Douée pour le silence

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  • 7/10 … ou la touchante autobiographie de l’écrivaine Sarah Cohen-Scali, à travers les diverses étapes de sa vie. En vrac, et presque dans l’ordre chronologique : sa naissance alors que ses parents attendaient – voire espéraient – un garçon, son eczéma, son physique curieux (avec son gros derrière et son allure longiligne), sa rencontre avec un exhibitionniste, l’antisémitisme, le concon familial qui l’emprisonne, paradoxalement, dans une prison dont elle ne parvient pas à s’extraire, ses rencontres déterminantes avec des professeurs et son inclination pour le théâtre, l’expérience assez brève de la scène, ses diverses amours, quelques penchants racistes de sa famille, ses brillantes études, et quelques autres fragments de mémoire. Le fil rouge : ce mutisme qui l’a paralysée tout au long de sa vie, en raison de son éducation, de sa nature, des circonstances, d’où ce « cadenas » autour de ses lèvres qu’elle va lentement briser, notamment grâce au théâtre et à son émancipation (belle métaphore que celle du « quatrième mur »). Des mots vraiment jolis, habilement choisis, qui sonnent de manière très juste, avec honnêteté, sans jamais tirer la couverture à soi, aux termes desquels nous obtenons une belle tranche de vie, ponctuée de nombreux épisodes croustillants, poignants, drôles ou susceptibles de déclencher l’empathie chez le lecteur. Rien de très novateur dans l’exercice dans la forme (même si, encore une fois, tout y est joliment écrit) ni dans le fond (c’est une existence intéressante, qui va « nous parler », mais sans pour autant nous décrocher la mâchoire), mais qui se laisse lire avec un plaisir intégral de la première à la dernière page.

    10/03/2019 à 18:14 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 2