Le Camp

  1. Les mystères de La Draille

    Un homme rabougri, pâle et sans âge parvient à s’évader d’un souterrain, un carcan vissé au cou. C’est son corps que des chasseurs retrouvent le lendemain. Six ans plus tard, Marie rejoint le village de La Draille pour aider une amie, Flora, à emménager. Cyril, le compagnon de Marie, est déjà sur place. Enfin, il est censé être là. Au même titre que les habitants du lieu-dit. Car lorsque la jeune femme arrive, les lieux sont déserts. Comme si une force avait aspiré tous les êtres humains.

    Pour son troisième roman, Christophe Nicolas scinde son histoire en trois moments :Aller, Retour et Combat. La première saisit par les arcanes qui s’y déploient. Un peu moins de vingt personnes enfermées dans un cube, sans possibilité de sortie, pour des raisons énigmatiques. Le huis clos, la paranoïa, et le légitime cortège de questions : qui est responsable de cet enlèvement ? Pourquoi ? Et pourquoi eux ? Une ambiance très bien rendue, avec des mots simples et efficaces, faisant lentement monter la tension. La partie suivante est encore plus étrange, désarçonnant le lecteur, et jouant habilement sur les codes du genre. Le reste du récit est peut-être un peu plus consensuel, car il utilise beaucoup de recettes déjà éprouvées au cinéma et dans certaines séries, mais c’est également l’un des points forts du roman : tout en créant une autre étape dans le récit, Christophe Nicolas parvient à fusionner les divers moments du roman et apporte les réponses tant attendues. Sans rien en dévoiler, les fans du complotisme et de la série X-Files seront aux anges. Il faut reconnaître que l’auteur fait assez fort : le grand amour entre Marie et Cyril, second fil rouge au-delà de l’intrigue fantastique du livre, est très bien écrit, et certaines scènes – le carnage provoqué par les militaires, ou encore ce que voit et comprend le gendarme Francis dans ce souterrain – marqueront durablement les esprits.

    Un roman réussi et prenant, dans l’ère du temps, et qui plaira sans mal à un large public, de la première à la dernière page.

    /5