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6/10 Une histoire agréable où un patriarche fermier de province se retrouve confronté à des gangsters parisiens à l'époque où la France était une plaque tournante du trafic d'Héroïne. C'est bien fait et facile à lire.
19/10/2018 à 23:34 Grolandrouge (1580 votes, 6.6/10 de moyenne) 2
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8/10 Sept kilos d’héroïne. C’est ce qu’Auguste Desforges découvre, par le plus grand des hasards, soigneusement dissimulé, dans son gabion. Probablement un coup d’Henri, son petit-fils. Pour Auguste, patriarche et paysan doué d’un solide sens de l’honneur, une famille ne peut pas se laisser tenter par la lâcheté ou l’appât du gain. Quitte à déclencher une terrible guerre ouverte avec la pègre.
Voici un livre dont beaucoup connaissent l’adaptation cinématographique avec Jean Gabin dans le rôle principal. Mais ici, comme assez souvent, le roman se révèle encore plus savoureux. Michel Lambesc plonge le lecteur dans le monde agricole du Pays de Caux, dont les marais sont lentement dévorés par des engins de chantier, façon peau de chagrin, tels de petits mondes qui sont méticuleusement grignotés. C’est aussi l’univers des taiseux, dignes et fiers, peu enclins à aller se confier à la maréchaussée, et on ne peut plus hostile aux drogués et dealers. Aussi, quand c’est l’un des membres de la famille qui est impliqué dans une histoire de stupéfiants, le carambolage et le sang sont assurés. L’auteur signe un ouvrage beaucoup plus fin et délicat qu’on ne pourrait le penser, porté par une forme certaine d’empathie et de nostalgie vis-à-vis de ces communautés rurales dévorées par le progrès. Une peinture, toute tendre et intelligente, d’autant plus affectueuse qu’elle est ici confrontée au mitan, avec ses sales types, ses malfaisants, toujours prompts à jouer de la queue de détente, massacrer des bêtes, violer des femmes et oser les coups les plus tordus pour rester en haut de l’affiche criminelle. Les cinéphiles pourront d’ailleurs à loisir répertorier les nombreuses différences entre le roman et le film qui n’en est qu’une adaptation finalement lointaine.
Un opus d’une grande intelligence, aussi noble et majestueux que les personnages de la famille Desforges qui y sont décrits. Le récit d’une société et d’une époque en voie de révolution, tout autant qu’un polar à l’ancienne, à la manière d’un A.D.G.. Un ouvrage qui se clôt d’ailleurs de manière superbe et touchante, avec cet épilogue que l’on peut interpréter comme on le souhaite, et qui vient faire écho à ce lent trépas des campagnes. Un joli éclairage sur un monde qui s’éteint.12/03/2018 à 18:26 El Marco (3430 votes, 7.2/10 de moyenne) 5