Le Secret de la petite demoiselle

  1. Des roses mortelles

    1903 à Malo-les-bains. Deux personnes sont retrouvées mortes, la première noyée par la marée, la seconde pendue. Les deux victimes étaient des investisseurs et les circonstances de leur décès sont suspectes. Afin de lever le voile sur cette affaire, le directeur du cabinet du maire fait appel à Ernest Hornes. Ce dernier va alors mettre à jour un terrible complot qui tourne autour d’une mystérieuse « petite demoiselle ».

    Issu de la collection Belle Epoque, cet ouvrage de Jess Kaan est une très belle réussite. S’y conjuguent, avec un talent indéniable, les ingrédients du polar historique, du roman d’action et du livre d’espionnage. En fort peu de pages (environ cent-quatre-vingts), l’auteur nous charme de bout en bout. Les scènes d’action sont très réussies, l’enquête est intelligemment bâtie, et les divers personnages enchantent. Ernest Hornes est, à ce titre, un être que l’on aurait plaisir à retrouver, pratiquant la savate (ce sport lui sera souvent salvateur), toujours prompt à séduire les femmes mais révélant au fil des chapitres un cœur tendre, obstiné et particulièrement efficace. Le lecteur va côtoyer des individus particulièrement retors et savoureux, depuis ces Apaches prompts à user de la violence jusqu’aux conjurateurs en passant par Von Malenhof qui prévient de ses crimes en utilisant des roses blanches. Il serait faux cependant de penser que ce livre n’est que purement distractif : même si Jess Kaan sème quelques indices au long du récit, la nature de cette « petite demoiselle » n’apparaît que dans l’épilogue. Et il s’agit d’un rebondissement astucieux, érudit et singulièrement détonnant.

    Voilà un bouquin qui arrive sur la pointe des pieds, chez un éditeur malheureusement pas assez médiatisé, et signé d’un homme bien plus connu et reconnu pour ses nouvelles que pour ses romans. Alors profitons de cet avis pour proclamer haut et fort que Jess Kaan est un auteur qui mérite amplement de plus nombreux échos médiatiques, car l’esprit et l’efficacité qui animent sa plume sont délectables.

    /5