Meurtre à Oxford

(The Anatomist's Apprentice )

  1. Noblesse oblige

    1780, à Oxford. Edward meurt dans d’atroces souffrances. Sa sœur, Lady Lydia, entend rapidement les rumeurs enfler : son frère aurait été empoisonné par Farrell, son époux. La jeune femme fait appel à Thomas Silkstone, un éminent anatomiste venant de Philadelphie et pour qui les cadavres n’ont que peu de secrets. Mais le danger est toujours bien vivace…

    Cet unique ouvrage traduit en français de Tessa Harris séduit immédiatement. Dès le premier chapitre, on assiste à l’agonie de la victime, et c’est assez rapidement que sa sœur en vient à demander de l’aide à Thomas Silkstone. Par la suite, le rythme est toujours très enjoué, et c’est sans s’en rendre compte que les pages défilent. Quoique peu nombreux, les suspects sont suffisamment énigmatiques, entourés de secrets et aux comportements parfois étranges pour ménager le suspense, et ce jusque dans les ultimes chapitres. D’ailleurs, la résolution se fera en plusieurs étapes, entretenant une tension appréciable. Silkstone n’a rien du héros invincible et omniscient : si son cœur en vient à douter quant à son inclination vis-à-vis de la jeune femme, il n’hésite pas à demander l’indulgence à ses bourreaux lorsque ces derniers le tabassent, ou à quêter l’aide de son mentor, un scientifique de renom devenu depuis aveugle. L’ambiance, l’époque et les mœurs sont habilement reconstituées, sans jamais que la leçon ou la balade ne soit pesante ou inutile. Au cœur de cette histoire d’empoisonnement, on retrouvera avec délectation de sombres complots familiaux, des vengeances, des amours éconduites, et l’écrivaine mène son récit avec beaucoup de maîtrise.

    Sans jamais renouveler le genre ou imposer un personnage central définitivement mémorable, Tessa Harris signe un opus distrayant et fort réussi.

    /5