La cité sauvage

(The savage city)

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  • 8/10 Sorti en 2011, ce livre est une minutieuse enquête du journaliste T.J. English qui va tracer, au travers du destin de trois hommes qui seront victimes à un moment de leur existence d'une erreur judiciaire, durant la décennie allant de 1963 à 1973, le portrait de New York en proie à la violence et au racisme. Le point de départ est le meurtre dit des "Carrer girls", assassinat sauvage de deux jeunes filles blanches dans un quartier huppé de Big Apple, qui défraya un temps la chronique et dont fut accusé à tord, et en partie parce qu'il fallait rapidement trouver un coupable, un pauvre type, George Whitmore, qui se trouvait par hasard, et déjà par erreur, à ce moment là entre les mains de la police. La vie de Whitmore à partir de ce moment semble n'être plus qu'une succession de passage au tribunal pour des accusations qui reposent sur du vide et ne résultent du simple fait qu'il soit noir de peau. En parallèle, English trace le portrait de Richard Moore, rebaptisé Dhoruba Bin Wahad suite à sa conversion, activiste qui militera auprès des Black Panthers puis de la dissidente Black liberation army. C'est tout un pan de la lutte contre la ségrégation qui est alors retracé, avec pour beaucoup de militants la volonté de mener une véritable révolution qui devait passer par une violence à l'égard du pouvoir en place, à commencer ses représentants les plus directs, les policiers. C'est dans le rang de ceux-ci que T.J. English "pioche" le troisième protagoniste de son livre, William Phillips, archétype du flic corrompu qui n'exerce plus son travail que pour toucher ses pots de vin, escroc redoutable d'un système gangréné. L'auteur s'appuie sur de nombreux témoignages des multiples protagonistes et ne laisse rien au hasard, truffant son texte de rapport de police, d'entretiens avec les témoins, d'articles de l'époque, de photos... Le résultat final est un remarquable travail de journaliste, qui souligne bien les changements de la société américaine durant cette décennie et rappelle qu'aujourd'hui encore la question du racisme lors des interpellations policières reste posée

    26/11/2015 à 12:15 LeeWeel (357 votes, 7.9/10 de moyenne)