Joan vient de perdre son époux. Saoul, il a quitté la maison et sa voiture s’est enroulée autour du pied d’un pont. Joan est désormais seule avec son fils, Tad. Contrainte, elle obtient un poste de serveuse dans un bar, où ses jambes magnifiques et sa forte poitrine lui assurent des pourboires aussi généreux que son anatomie. Sa route va croiser celle d’Earl K. White III, un vieux monsieur argenté et soumis à des problèmes cardiaques, ainsi que Tom, un jeune et bel homme qui n’est pas insensible à son charme. Mais jusqu’où pourra aller la jeune veuve pour assurer son avenir ?
James M. Cain demeurera à jamais l’auteur du Facteur sonne toujours deux fois. L’auteur n’a jamais connu de son vivant la parution de ce Bloody Cocktail, puisque le manuscrit ne fut retrouvé que bien longtemps après son décès. On y retrouve les thèmes chers à l’écrivain : le couple, le désir, le triangle amoureux, et également la bonne dose de vitriol. Car ce côté torve, bien loin des écrits habituels de ses contemporains, a toujours choqué les autres écrivains. Raymond Chandler a écrit de lui qu’il était « un Proust en bleu de travail graisseux. Un sale gosse qui gribouille une palissade avec un morceau de craie, dans l’indifférence totale ». James M. Cain saisissait ce qu’il y a de plus sulfureux et d’inconvenant dans les rapports amoureux. Comment, en effet, imaginer que le public ne soit pas à l’époque choqué par cette femme qui use de ses appâts ? Par Earl K. White troisième du nom, raide dingue de cette serveuse, prêt à tout pour l’épouser même s’il craint la moindre relation charnelle avec elle, au point d’y perdre la vie ? De Tom, entiché à mourir de Joan ? Cependant, le trait est loin d’être grossier, et les personnages ont bien plus d’épaisseur que cela. Joan veut récupérer son fils laissé en garde chez sa belle-sœur, stérile, qui s’est progressivement imposée comme une seconde mère pour Tad. Le vieux monsieur montre des égards vis-à-vis de Joan et se comporte parfois de manière délicieusement chevaleresque, voire surannée, quand il parvient à museler ses pulsions sexuelles. Quant à Tom, bien moins important dans le roman que ne le suggère le résumé de la quatrième de couverture, son sort surprendra le lecteur.
Ce livre est en fait un peu en décalage avec l’époque à laquelle il paraît. Il se montre excellent, brillamment écrit, avec une grande économie de mots, sans pour autant que ceux employés ne soient fades. Il relate de manière particulièrement crédible les errements de trois personnages, unis par la chair et les inclinaisons érotiques, dans un ballet ensorcelant. Un grand moment de littérature noire pour cette confession de Joan, au terme de laquelle le lecteur se fera sa propre idée de l’éventuelle culpabilité de la jeune veuve et de ses motivations. Un écrit acide, tout en délicatesse et en intelligence, là où d’autres auraient multiplié les effets faciles, les scènes racoleuses et les scènes téléphonées pour, au final, beaucoup de bruit pour rien.
Joan vient de perdre son époux. Saoul, il a quitté la maison et sa voiture s’est enroulée autour du pied d’un pont. Joan est désormais seule avec son fils, Tad. Contrainte, elle obtient un poste de serveuse dans un bar, où ses jambes magnifiques et sa forte poitrine lui assurent des pourboires aussi généreux que son anatomie. Sa route va croiser celle d’Earl K. White III, un vieux monsieur argenté et soumis à des problèmes cardiaques, ainsi que Tom, un jeune et bel homme qui n’est pas insensible à son charme. Mais jusqu’où pourra aller la jeune veuve pour assurer son avenir ?
James M. Cain demeurera à jamais l’auteur du Facteur sonne toujours deux fois. L’auteur n’a jamais connu de son vivant la parution de ce Bloody Cocktail, puisque le manuscrit ne fut retrouvé que bien longtemps après son décès. On y retrouve les thèmes chers à l’écrivain : le couple, le désir, le triangle amoureux, et également la bonne dose de vitriol. Car ce côté torve, bien loin des écrits habituels de ses contemporains, a toujours choqué les autres écrivains. Raymond Chandler a écrit de lui qu’il était « un Proust en bleu de travail graisseux. Un sale gosse qui gribouille une palissade avec un morceau de craie, dans l’indifférence totale ». James M. Cain saisissait ce qu’il y a de plus sulfureux et d’inconvenant dans les rapports amoureux. Comment, en effet, imaginer que le public ne soit pas à l’époque choqué par cette femme qui use de ses appâts ? Par Earl K. White troisième du nom, raide dingue de cette serveuse, prêt à tout pour l’épouser même s’il craint la moindre relation charnelle avec elle, au point d’y perdre la vie ? De Tom, entiché à mourir de Joan ? Cependant, le trait est loin d’être grossier, et les personnages ont bien plus d’épaisseur que cela. Joan veut récupérer son fils laissé en garde chez sa belle-sœur, stérile, qui s’est progressivement imposée comme une seconde mère pour Tad. Le vieux monsieur montre des égards vis-à-vis de Joan et se comporte parfois de manière délicieusement chevaleresque, voire surannée, quand il parvient à museler ses pulsions sexuelles. Quant à Tom, bien moins important dans le roman que ne le suggère le résumé de la quatrième de couverture, son sort surprendra le lecteur.
Ce livre est en fait un peu en décalage avec l’époque à laquelle il paraît. Il se montre excellent, brillamment écrit, avec une grande économie de mots, sans pour autant que ceux employés ne soient fades. Il relate de manière particulièrement crédible les errements de trois personnages, unis par la chair et les inclinaisons érotiques, dans un ballet ensorcelant. Un grand moment de littérature noire pour cette confession de Joan, au terme de laquelle le lecteur se fera sa propre idée de l’éventuelle culpabilité de la jeune veuve et de ses motivations. Un écrit acide, tout en délicatesse et en intelligence, là où d’autres auraient multiplié les effets faciles, les scènes racoleuses et les scènes téléphonées pour, au final, beaucoup de bruit pour rien.