Péchés capitaux

(The Big Seven)

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  • 8/10 Jim Harrison nous entraine au fin fond d’une Amérique profonde, celle de ces comtés ruraux ou une seule famille suffit parfois à pourrir la vie de tous les habitants. C’est une situation souvent abordée, dans la bd avec Lucky Luke (les rivaux de Painful Gulch), la littérature noire (Le festin de l’araignée – M. Tabachnik) ou le cinéma (La colline a des yeux). Le plus souvent, l’action se passe dans les contrées désertiques du sud-ouest. Harrison situe son roman dans le Michigan et la région des grands lacs. Le personnage principal Sunderson, est voisin de la famille Ames, dans laquelle la consanguinité règne, ou tous les hommes sont alcooliques au dernier degré, les femmes battues et violées et les enfants livrés à eux-mêmes. Tout ce beau monde est violent, armé avec la gâchette facile. Policier à la retraite, Sunderson va enquêter sur les meurtres qui déciment la famille, parfois au revolver, souvent au poison et devra comprendre le rôle de chacun.
    La lecture est très agréable, Harrison nous fait partager ses propres passions, la pêche à la truite (mouchetée, arc-en-ciel, brune), le vin et whisky et les jolies filles. Il est d’ailleurs lui-même un alcoolique, lucide certes, mais bien dépendant, un type capable de vider un Gigondas au petit dej’, deux Bandol au repas et remettre ça au diner. Quant aux relations du héros avec le beau sexe, certaines sont coupables, puisque, même si ses conquêtes sont consentantes, certaines sont mineures et l’une est sa fille adoptive. Bref, un personnage principal qui est un paradoxe à lui tout seul. Ce qui ne l’empêche pas d’être un enquêteur très doué et fin psychologue pour démêler le vrai du faux dans ces relations humaines tourmentées.
    C’est un roman noir doté d’une trame policière originale et solide, plein d’humour, avec une certaine humanité, un regard très critique sur l’Amérique. C’est aussi le portrait d’un jouisseur picaresque attachant, pris dans des tourmentes existentielles autour de son ex-femme, sa nouvelle petite amie, sa voisine yogiste et sa fille adoptive, le tout à la lueur des souvenirs du prêche d’un pasteur sur les péchés capitaux.

    17/06/2021 à 12:45 Surcouf (394 votes, 7.3/10 de moyenne) 2

  • 8/10 Simon Sunderson, ce policier à la retraite obsédé par les fesses des femmes (jeunes de préférence) et par la pêche à la truite, se découvre une obsession mystique relative aux péchés capitaux. Traumatisé enfant par le pasteur condamnant à mort ceux qui tombent dans le piège des péchés capitaux, Sunderson ne fait que le constat amer que sa vie ne s’est constituée que péchés sur péchés. N’est-ce pas par orgueil qu’il a laissé sombrer son mariage ? N’est pas par envie et luxure qu’il a succombé à Mona cette jeune voisine dont il matait les fesses à travers la fenêtre de son bureau ? Mona qui est d’ailleurs devenue sa fille adoptive et qui désormais essuie les bancs de l’Université du Michigan.

    En pleine réflexion existentielle, Sunderson est appelé par Diane, son ex-femme. N’ayant pas eu de nouvelles de leur fille adoptive, Mona, elle craint qu’elle se soit faite kidnapper par une rock star et demande au policier retraité d’aller la chercher à New-York. Sunderson ira jusqu’à Paris la sauver des griffes du batteur de rock toxico, sans avoir préalablement délesté de quelques milliers de dollars sa mère évitant un procès pour détournement de mineur.
    Il profite de cette somme pour faire l’acquisition d’une maison en bois près des rivières où il pourra passer sa convalescence et profiter pleinement de la nature et des truites brunes qui pullulent dans les rivières de la région.
    Mais sa nouvelle demeure a pour voisins les Ames, famille dont les hommes violent allègrement leurs filles et tuent sans aucun remords. Or ceux-ci meurent les uns après les autres, empoisonnés.
    Sunderson, toujours emprunt à ses démons que sont l’alcool et le sexe, se voit mêler à cette étrange affaire. On suit page après page les souvenirs et les pensées de la vie du retraité sur l’alcool, son addiction aux jeunes filles, son amour pour son ex-femme, sa passion de la nature et de la pêche… thèmes récurrents au livre précédent. Lecture réservée aux amateurs.

    Après avoir adoré la lecture de Grand Maître, lire la suite des quêtes existentielles de Sunderson dans ce second « faux roman policier » fut pour moi un vrai régal. Harrison sait manier le verbe pour évoquer les réflexions de l’homme dans cette société en dénonçant le huitième péché capital qu’est la violence dans nos sociétés contemporaines. La disparition de Harrison va laisser un grand manque mais une grande œuvre.

    25/12/2018 à 15:44 JohnSteed (617 votes, 7.7/10 de moyenne) 3