En 1980, à quatre mois d'intervalle, Mark David Chapman assassine John Lennon et John Hinckley tire à bout portant sur Ronald Reagan. Chapman et Hinckley, rien à voir en apparence, si ce n'est leur âge (25 ans) et leurs origines middle-class. Rien, sauf leur passion dévorante pour L'Attrape-cœurs et son héros, Holden Caufield. Sauf qu'ils aiment tous les deux les mômes, rien que les mômes. Qu'ils se méfient des pères qui picolent. Et des mères, hystériques. À moins que Chapman et Hinckley soient seulement les rejetons paumés d'une Amérique affamée de chair fraîche, de fric et de célébrité. Avec leurs airs d'enfant de chœur, ces deux-là racontent leur jeunesse. Chapman, le petit gros qui s'inventait des amis imaginaires. Hinckley, l'étudiant solitaire, fou amoureux de Jodie Foster, la gamine de Taxi Driver, qui le sauverait de son existence médiocre. De son côté, Caufield en a marre d'être bloqué dans la tête de ces tarés qui se sont emparés de sa vie en lisant L'Attrape- cœurs; il en a marre que Salinger, ce génie mutique et égoïste, le maintienne dans son éternelle jeunesse et dans sa rage. Il voudrait que Salinger écrive la suite. Il voudrait grandir. Pas Hinckley, ni Chapman. Ces deux-là prétendront avoir dégainé leur arme par amour. Trop d'amour c'est sûr, un amour maladif pour eux-mêmes. L'histoire était trop belle, ou trop tragique, pour qu'Héloïse Guay de Belissen n'en fasse pas un roman, ne raconte pas l'histoire de ces idolâtres modernes à l'âme vibrante et torturée.
On en parle sur le forum : Les enfants de choeur de l'Amérique - H. Guay de Bellissen
Soumis le 24/08/2015 par Fab