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8/10 Claude Amoz dans ce roman social noir nous dépeint la misère du centre des sans-abris de Viâtre, citée imaginaire près du Rhône. Ce Foyer rempli d’êtres blessés, aussi dangereux pour eux-mêmes que pour les autres, aussi acharnés à détruire qu’à se détruire. A l’image des trous noirs, ils sont des étoiles qui dévorent la matière : des étoiles cannibales.
Jonas, un sans-abris, ne vit pas au Foyer. Il préfère coucher près du parapet, au bord du fleuve. C’est là que Gégène a été tué, brûlé. Assommé par la Baleine rose, un sirop calmant parfumé à la framboise mélangé dans une bouteille de vin blanc – abrutissement garanti, Jonas n’a rien vu, rien entendu. Un matin, Jonas se réveille, un chien à trois pattes attaché près de sa planque. Il découvre que sa propriétaire, qui a séjourné quelques temps au Foyer, est morte : suicide. Les bruits courent au Foyer : on s’en prend aux sans-abris, c’est sûr ! Et le Foyer semble être au centre de l’affaire, surtout que la fille qui s’est « suicidée », futée quand elle n’était pas défoncée, prétendait que les charités du Foyer cachaient des trafics louches.
Qui pourraient en vouloir à ces âmes blessées ? Le directeur, les éducateurs, des bénévoles… ? Aidé par Habiba, la maternelle cuisinière du Foyer, Odile, l’amoureuse malheureuse vétérinaire de Viâtre, Jonas va essayer, comme il le peut avec ce qui lui reste de cerveau non rongé par l’alcool, de démêler les fils de ce mystère.
Evitant de tomber facilement dans le pathos, l’auteure française plonge le lecteur dans un roman rempli d’humanisme, de sensibilité et d’une vibrante réalité de cette frontière entre riches et pauvres. « Il n’y a pas forcément besoin de faire des milliers de kilomètres pour la découvrir. Ceux qui ont de quoi vivre, ceux qui n’ont rien. Et la différence ne tient pas à l’argent. Il s’agit d’amour, d’abord et avant tout. Ceux qui ont été aimés comme un enfant doit l’être, ceux qui ne l’ont pas été. » Et ce livre est rempli d’amour.
14/11/2018 à 19:37 JohnSteed (631 votes, 7.7/10 de moyenne) 5