Nous voilà

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  • 7/10 Ça commence bien car la couverture, dans sa version poche, est ornée d’une superbe cardabelle. Et pour cause, l’histoire se passe en partie dans le sud du massif-central, sur le Larzac principalement. En 1973, le cercueil du maréchal Pétain est volé dans son ile d’Yeu par un commando d’extrême-droite qui veut l’enterrer à Douaumont avec ses poilus, mais il finit par tomber aux mains de jeune marginaux. On pouvait s’attendre à une histoire picaresque, un mélange de Gaston Bonheur, de Jean Raspail, de Jean d’Ormesson ou de Marcel Aymé, mais malheureusement, l’auteur se laisse aller à de pesantes et interminables descriptions ou à un style trop emprunté. Néanmoins il reste des satisfactions. Cette chronique française de 1973 à 2008 ne manque pas de sel. On y croise les derniers vieux nostalgiques de Pétain et les petits nouveaux d’Occident ou d’Ordre Nouveau, les hippies, les Maos, les Trotskystes, les paysans du Larzac et leurs brebis, un exilé Argentin séduit par une Islandaise, le tout dans une course-poursuite loin d’être effrénée, matinée des histoires personnelles de chacun. On suit principalement Lena et Paul, elle est de toutes les luttes et lui est plus circonspect. Manifestement, l’auteur a une sympathie pour des idées perdues et une époque révolue. Celle des années de Pompidou à Chirac, qui verra s’éteindre, à son grand dam, les feux de paille libertaires, l'utopie d'un socialisme à visage humain, les désillusions de la jeunesse face au matérialisme triomphant et l’avènement du grand capital financier. C’est un regard perplexe voire triste sur le destin de gens pleins d’enthousiasme qui seront happés par le système, le conformisme et le confort bourgeois. Écrit sur un style détaché, parsemé ici et la d’un peu d’humour, c’est quand même un agréable moment de lecture.

    19/04/2018 à 11:51 Surcouf (411 votes, 7.3/10 de moyenne) 3