« Il emprunte la glaise des sous-bois. À l'heure qu il est, on est probablement à ses trousses. Sa course vient parfois frôler les villages endormis, l'asphalte visqueux des routes. Le cabot l'escorte et la pioche meurtrit son épaule. Comme il n'a aucun autre compagnon, c'est à eux qu'il murmure le Plateau, les trajectoires perdues et les mémoires effacées. Quelque part à l'issue du chemin, il y a le Lac et le vacarme du Mur. Qui attend. Le Mur n'est autre qu'un barrage, et le Plateau est celui des « mille sources », stratifié, préservé, où des blocs rocheux monolithiques surgissent parfois des landes ou au milieu des forêts. »
Une « écriture de la terre » est à l'oeuvre, minutieuse, poétique, charnelle.
Chaque mot semble directement extrait de la flore que le narrateur du roman parcourt, affronte, et avec laquelle il fait corps.
Chaque mot prélevé comme un fragile échantillon minéral, organique, afin de témoigner de chaque instant vécu, chaque centimètre, puis chaque pas en direction du Mur qui gronde au loin.
Ce roman s'écoule à la façon d'un compte à rebours en direction d'un but sur lequel la netteté se fera au cours des dernières lignes, compte à rebours entrecoupé de flash-back offerts comme des images figées qui tournent dans la tête du narrateur.
Lui a quarante ans, après une féroce jeunesse de luttes, d'engagement total - ses « années loup » - il a rejoint le troupeau.
Mais vivre résigné en attendant la mort, il n'y est pas parvenu.
Révolte sociale, marginalité, appétit de liberté se sont fracassés sur les réalités du monde.
Alors il est traqué.
Et c'est vers le barrage qu'il fuit, pour « trouer ce monde et tout noyer. ».
Il ne semble pas encore y avoir de sujet sur cet ouvrage sur le forum... Cliquez ici pour en créer un !
Soumis le 03/05/2015 par LeJugeW