Orgies funéraires

(The Coffin Things)

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  • 8/10 … ou la terrible vengeance en plusieurs actes de Stewart Turner Garland, embaumeur dans l’opulente ville de Roseland, sur celles et ceux qu’il estime responsables du décès de sa fille. La mort, STG l’a côtoyée lors de la Guerre de Corée, là où il a pris la décision qu’il viendrait plus tard redonner forme humaine aux cadavres, également la raison pour laquelle il garde toujours autour du cou ses plaques d’indentification militaires. Mais on a beau faire appel à ses services dès que survient un trépas, il n’est guère considéré à la hauteur de son talent, et sa femme et sa fille – respectivement Orchid et Violet – vont en faire les frais et subir un tragique accident de la route. Dès lors, la colère de l’embaumeur va exploser et le porter non seulement à tuer mais aussi à s’en prendre aux dépouilles des défunts. Une plume alerte, noire et ensorcelante, ménageant quelques délicats éclats d’humour noir, au gré de ce jeu de massacre où vont y passer divers notables et autres personnalités de Roseland qui ont osé s’en prendre aux proches de l’embaumeur ainsi qu’à lui-même. Le psychiatre qui a bafoué sa profession dans un livre acide, un queutard invétéré, un gros lard, des calomniateurs, etc. Michael Avallone semble prendre un réel plaisir à éclabousser ce microcosme provincial si hypocrite, en le renvoyant à ses duperies et sournoiseries, tandis que Stewart Turner Garland sombre dans une spirale de violence et de barbarie sur les cadavres. Il en vient même, dans sa démence compréhensible, à croiser et échanger verbalement avec le fantôme de sa défunte fille Violet, aux appâts fort aguicheurs, tandis que son épouse Violet demeure recluse dans sa chambre, ceinte de bandelettes et d’onguents façon momie en raison de ses multiples et profondes brûlures consécutives à l’accident. Et ce n’est qu’au terme d’une longue liste de morts apparemment accidentelles que toute « l’œuvre » vengeresse de notre héros sera découverte… en même temps que ce qu’il aura réservé aux macchabées. Une véritable réussite littéraire, toute de noir vêtue, qui envoûte par la qualité de son style, et retient d’un bout à l’autre l’attention du lecteur par son postulat original et habilement maîtrisé. Personnellement, ça ne donne vraiment pas envie d’être incinéré…

    04/11/2019 à 17:14 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 1