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9/10 … ou comment le docteur Hans Kupérus, résidant à Sneek, en Frise orientale, en vient à tuer son épouse et l’amant de cette dernière avant de tomber en disgrâce sous la chape de plomb d’une populace qui le voue aux gémonies en prétendant qu’il est le coupable, l’assassin. Une histoire au scénario, extrêmement mince, si ténu que son ossature pourrait tenir sur un modique Post-It. Mais comme toujours chez Georges Simenon, cette intrigue est un prétexte à critiquer de façon sauvage l’humanité, ses faiblesses, ses couardises et ses contradictions. L’on se retrouve ainsi avec ce médecin qu’une lettre anonyme va porter au coup de sang, notamment en raison d’une satiété de son existence trop morne, trop tiède, trop conformiste, et qui va devoir affronter les dos ronds, les regards fuyants et les pressions tacites de ses proches. Un roman singulièrement court (un peu plus de deux cents pages), mais où rien ne manque : la justesse de l’analyse sociale, la finesse de la condamnation sociétale, et la pertinente description des paradoxes de Kupérus. Ce dernier aura franchi le Rubicon, poussé par ce mystérieux courrier mystérieux, cherchera dans les bras de sa domestique, Neel, une aide voire un avatar de sa femme assassinée, osera affronter cette masse qui l’incrimine, à juste titre, notamment grâce à un rebondissement surprenant et remarquable (cf. l’entretien avec l’avocat). Et Georges Simenon parachève la qualité incroyable de cet opus par une ultime pirouette concernant l’identité du corbeau, avec cette histoire de demi-florin qui aura tout déclenché. Une écriture sèche, raclée jusqu’à l’os, et qui ne dispense en rien une étude de mœurs et une psychologique, toutes deux remarquables, jusqu’à cette fin très ouverte que l’on n’a pas fini d’interpréter, encore et encore, jusqu’à essayer d’en éprouver toute l’acidité.
02/06/2019 à 17:52 El Marco (3434 votes, 7.2/10 de moyenne) 3
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8/10 «-Vous êtes un jour en avance ! remarqua le steward.
- Je suis un an en retard ! »
Un an que Hans Kupérus, docteur dans une ville provinciale de Hollande, Sneek, a reçu cette lettre anonyme dénonçant l'adultère de sa femme avec M. de Schutter. A chacun de ses voyages hebdomadaires à Amsterdam. Alors Kupérus a décidé de mettre un terme à cette idylle, pistolet en poche. Ce mardi, il décide de rentrer au plus vite pour tuer les deux amants près du chalet estival de Schutter. Et puis faire comme si de rien n'était. Pas trop difficile dans cette bourgade où les habitudes et la routine ont force de loi.
À Sneek, on cause beaucoup. On le soupçonne. On parle de lui comme « l'assassin ». Ses amis, avocat juge, l'encouragent à partir : l’éloigner de la vie tranquille et honnête d'ici. D'autant que ce n'est pas un secret, Kupérus s'est épris de la bonne. Et il ne se cache pas.
Mais pourquoi a-t-il commis ces meurtres ? Pas par jalousie. Surtout pas. Non parce qu'il n'avait plus envie de suivre la même route toute tracée, par ennui, et parce qu'avec tous ces mensonges, ces non-dit on l'a trop humilié.
L'assassin est un magnifique livre qui découpe au scalpel l'âme d'un être désespéré par la banalité de sa vie.28/02/2018 à 18:50 JohnSteed (626 votes, 7.7/10 de moyenne) 5
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7/10 Bien qu'on connaisse l'assassin dès les premières pages, Simenon arrive à faire vivre son histoire, en jouant notamment beaucoup sur la psychologie de son personnage principal, et des rapports qu'il entretient avec son entourage.
27/05/2007 à 23:27 Hoel (1163 votes, 7.6/10 de moyenne) 1