Shoot to kill

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  • 6/10 … ou comment le jeune James Bond, alors âgé de 15 ans, va être confronté à un complot impliquant gangsters américains et milieux interlopes du cinéma. J’étais assez intrigué par ce concept d’enfance de James Bond, amorcée par Charlie Higson et poursuivie par Steve Cole, dont il s’agit ici de sa première « intervention » dans cette saga. Indéniablement, il y a du rythme dans ce livre. Des courses-poursuites, de l’action, du suspense, et des événements qui s’enchaînent vraiment bien. Cela commence déjà par une confrontation entre James Bond et des rivaux dans son école, rivaux menés par une sale petite peste, avec d’entrée de jeu quelques cascades sympathiques. Par la suite, pas mal d’événements très visuels : des mises à mort filmées en direct, la découverte d’une sinistre bobine de film, un voyage dans un dirigeable, une journaliste aux dents longues, des membres de la pègre et des agents de sécurité zélés et malveillants, des chantages en pagaille et pas mal de blessés et de morts au passage (mais tout ça reste dans le cadre de la décence d’un roman destiné à la jeunesse). De l’humour dans quelques dialogues, assez décontractés, ainsi qu’un jeune nain dont le nom de famille est Grande. James Bond va donc devoir se frotter à une machination qui n’est pas spécialement singulière ni marquante, mais qui suffit amplement en tant que socle du roman. Après, si je ne peux pas vraiment bouder mon plaisir de cette lecture distractive et tout sauf inintéressante, je suis tout de même dubitatif quant à l’appellation « La jeunesse de James Bond ». Je n’ai jamais lu les ouvrages de Ian Fleming (oui, honte à moi…), mais d’après ce que j’en ai lu, notamment dans les avis de l’ami Athanagor, le personnage est très éloigné de l’image que l’on en a après avoir vu les films issus de cette saga. Donc, après avoir achevé la dernière page de ce « Shoot to Kill », j’ai un peu de mal à me dire que ce protagoniste qui s’est tant débattu sous mes yeux était l’adolescent qui allait devenir cette icône cinématographique. Qui est James Bond pour la majorité des gens, dont je fais partie, qui ont vu les films ? Un grand espion, séducteur, confronté à des machinations ainsi qu’à des ennemis retors et létaux, qui utilise des gadgets, non ? Ici, on en est très loin, même s’il s’agissait, encore une fois, d’un ado. Athanagor dit que James, dans le premier livre où il apparaissait, était « misogyne, fumeur, buveur, fébrile, douteux » : il n’en est rien ici. Et il ne ressemble pas non plus à la référence du septième art. Alors, au-delà de sa confrontation à de très sales types qui ont ourdi un plan pas trop mal vu, j’ai souvent eu l’impression de lire un ersatz de CHERUB et consorts, mais certainement pas un James Bond en culotte plus ou moins courte. Curieux arrière-goût que cela me laisse en bouche, du coup : c’est comme assister à la pousse d’un arbre privé de ses racines autoproclamées, façon hydroponie, ou comme une greffe inachevée et imparfaite, sans que les deux éléments organiques ne soient réellement accordés. Oh, et un détail en passant : Steve Cole dit bien que cela se déroule durant la jeunesse de James Bond, mais sans la moindre référence historique explicite. Les adultes comprendront rapidement, après un rapide calcul mental, que cela se passe vraisemblablement dans les années 1930 en raison de quelques éléments historiques (la montée du nazisme) et techniques (les voitures de l’époque, l’emploi du zeppelin pour traverser l’Atlantique, ou les formats des pellicules employées pour le cinéma), mais je suis persuadé que nombre de jeunes lecteurs ne tilteront pas tout de suite, voire pas du tout, au fait que toute l’action se déroule il y a près de quatre-vingts ans. Et ça n'aurait donc pas été un luxe que de le préciser !

    01/04/2019 à 17:23 El Marco (3260 votes, 7.2/10 de moyenne) 1