Graine de Résistant

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  • 7/10 ... ou comment Rémy Langevin, un collégien de treize ans, en pleine Occupation, va lentement s’opposer aux nazis, plus particulièrement au Obersturmführer Otto Krenz, un lieutenant fraîchement promu dans la SS. Après avoir perdu son père en 1940, lui qui est plutôt timide et timoré (en plus de n’être qu’un enfant, ne l’oublions pas), il va affronter les dures conditions de la France occupée avant de subir un autre épisode douloureux qui va toucher l’un de ses amis, et ainsi graduellement se mettre en tête de participer pleinement et activement à la Résistance. Il n’est jamais inutile de revenir sur cette sinistre page de notre Histoire commune, ni d’oublier les martyrs et héros, et quand c’est écrit par Arthur Ténor, je me suis rué sur le bouquin. L’écriture est impeccable, irréprochable, rendant palpables les privations, les sentiments contradictoires, les enjeux politiques, les incertitudes liées au conflit, les tragédies et les bouffées d’espoir. Rémy, amoureux de Marie, essayant de passer le plus de temps possible à écouter sa TSF pour avoir des nouvelles du front, et touchant de candeur, de naturel et de tact, est très joliment croqué. Dans le même temps, Otto Krenz sait se montrer cassant, patibulaire, manipulateur (notamment lorsqu’il se met en tête de harceler notre si jeune protagoniste), quitte à faire pression sur ses amis, ses proches, et à tourner de façon de plus en plus suspecte autour de la mère de Rémy. Il y aura bien évidemment des drames, et c’est tout à l’honneur de l’auteur de ne pas avoir écrit de manière fallacieuse, voire incorrecte, eu égard aux victimes de la guerre, qu’ils soient civils ou armés, sur cette époque. Dans le même temps, l’écriture sait se mettre à la hauteur des jeunes auxquels il destine son roman, et je ne doute pas qu’ils sauront se laisser embarquer par ce récit qui mêle passions, douleurs et bravoure. Si la fin m’a un peu surpris (ou du moins redoutais-je quelque chose dans ce genre-là), à la réflexion, je la trouve pertinente, finalement bien choisie. Et remercions également Arthur Ténor pour les ultimes pages, documentaires, quant aux « martyrs du lycée Buffon », dans ce nécessaire hommage. Même si l’ensemble n’apporte rien de nouveau, ni dans le fond ni dans la forme, il permet un éclairage intéressant et essentiel quant au rôle de la jeunesse durant la Seconde Guerre mondiale et la Résistance.

    22/04/2019 à 18:37 El Marco (3181 votes, 7.2/10 de moyenne) 4