L'Ami d'enfance de Maigret

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  • 7/10 Le commissaire reçoit la visite de Léon Florentin, un ancien camarade de classe (plus exactement « condisciple » puisque Maigret n’a jamais beaucoup aimé ce personnage clownesque, menteur et sans grand intérêt) car il était présent dans la penderie d’une femme lorsque celle-ci a été assassinée d’une balle dans la gorge. Dans la mesure où elle était entretenue par plusieurs hommes, qui a bien pu faire le coup ? Une intrigue certes classique, mais que la plume de Georges Simenon magnifie. Des personnages ambigus, d’autres cumulant l’équivoque et le physique grotesque (la concierge), et des dialogues nombreux et sonnant tous avec une immense justesse. Le portrait de Léon Florentin, antiquaire autoproclamé, vivant d’expédients, et ne sachant plus quel est son propre visage tant il porte de masques différents, est très intéressant, car multiple (de la fausse camaraderie à l’individu cocasse, au menteur invétéré en passant par le vachard qui envoie au visage de Maigret le fait que son père était un grand pâtissier et celui du policier un domestique). Une résolution de l’énigme dans les dernières pages, presque évacuée à toute allure, mais le fond policier a bien moins d’importance que la description des âmes des personnages, du système de « partage » de Joséphine Papet selon les jours de la semaine, et quelques rebondissements croustillants comme le fait que Florentin se jette dans la Seine puis la raison, découverte plus tard, de cet acte stérile.

    23/09/2018 à 18:40 El Marco (3233 votes, 7.2/10 de moyenne) 4