Maigret chez le coroner

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  • 8/10 Une curiosité. "Et voilà qu'il arrivait à Maigret, tout à l'heure lourd et somnolent, lui qui ne connaissait rien à l'affaire, d'ouvrir parfois la bouche, comme si une question lui brûlait les lèvres". Oui, mais voilà. En voyage d'étude, aux states, parachuté en Arizona, il a un peu les mains liées.
    Donc motus et bouche cousue. Néanmoins, çà le démange tellement, de ne pas pouvoir cuisiner les témoins ! Une vraie torture. Pourtant, rien n'indiquait qu'il se prendrait de passion pour ce meurtre. Celui d'une jeune serveuse Américaine, dont les principaux suspects sont des soldats de l'U.S. air force, tous un brun éméchés lorsque celle-ci est fauchée par un train.
    Eh bien tant pis, il va décider de s'armer de patience, et d'affronter ces si étonnantes méthodes d'investigation Américaines...
    Un Maigret un peu spécial, où Simenon... euh non, "Julius", est spectateur de la machine judiciaire Américaine. Un roman qui rappelle énormément "12 hommes en colère", chef d'oeuvre du grand écran sorti bien plus tard.
    C'est un peu comme dans un rêve, un peu irréel tant il est improbable de l'imaginer dans ce rôle d'observateur. Mais pas déplaisant, cela tranche avec le reste de l'oeuvre. Dénouement classique par contre, pas surprenant. Comme d'habitude, c'est le plaisir de suivre le commissaire dans ses découvertes qui prime.

    31/07/2020 à 06:03 Lucas 2.0 (456 votes, 7.7/10 de moyenne) 3

  • 7/10 Maigret à Tucson, Arizona. Surprenant de voir le commissaire à près de 10 000 km de Paris ! Il y est "deputy sheriff", on l'appelle "Julius" (prononcez "Djoulious") et il est en voyage d'études "pour se mettre au courant des méthodes américaines". Il a ainsi déjà visité le New Jersey, le Maryland, la Virginie... En route pour la Californie on lui conseille de passer quelques jours en Arizona ("c'est sur votre chemin").
    A Tucson il est pris en charge par Harry Cole, un agent du FBI. Il doit observer le trafic de marijuana à Nogales, ville frontière avec le Mexique. Mais il préfère assister à une enquête devant le coroner (ou "juge de paix").
    Cinq soldats de l'Air Force comparaissent en effet afin de déterminer si la jeune Bessy Mitchell, 17 ans, retrouvée façon puzzle après avoir été percutée par un train, est morte de façon accidentelle ou criminelle.
    Maigret semble fasciné par cet interrogatoire qui dure plusieurs jours : "Maigret se sentait un peu comme un gamin à sa première récréation dans une nouvelle école". L'enquête à laquelle il assiste agit sur lui comme un appât "c'était plus fort que lui. Il était mordu, il entrait dans le jeu".
    Et de s'interroger : "Qu'est-ce qui ne tournait pas rond dans ce pays-là, où ils avaient tout ?". Et de pointer l'hypocrisie d'une société où l'on peut être mariée et divorcée à 17 ans, où la prostitution ne dit pas son nom, où l'on fréquente des clubs de sa classe sociale pour mieux se saouler dans des bouges infâmes... et que dire de l'opulence apparente qui contraste avec un manque intérieur patent. Manque qui crée de la frustration, frustration qui explose de temps en temps, pour mieux reprendre le cours de sa vie, ensuite. A condition de ne pas se faire prendre...
    Bon la réflexion est intéressante mais ébauchée, pas assez creusée à mon goût. Le roman se résume à un long interrogatoire composé à 80-90% de dialogue. Cela se lit vite, c'est plutôt plaisant mais je suis un peu resté sur ma faim.
    Si Maigret chez le coroner vaut pour le dépaysement de voir le célèbre Commissaire en plein désert américain et l'ébauche d'une critique de la société américaine, il m'a un brin déçu, ayant connu l'auteur belge plus inspiré.

    06/06/2020 à 17:17 LeJugeW (1774 votes, 7.3/10 de moyenne) 4