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8/10 Délicieusement rétro. "On était le 15 avril 1913… Le commissaire ? Questionna le jeune homme haletant. Je suis son secrétaire, dit Maigret, sans quitter sa chaise. Il ne savait pas encore que c'était sa première enquête qui commençait".
Un appel au secours, un coup de feu, la disparition de la supposée jeune femme en détresse, chez les Gendreau, famille la plus aisée du quartier Saint-Georges. Ça commence sur les chapeaux de roues pour Jules, "que sa femme n'appelait pas encore Maigret à cette époque-là". Lui qui va devoir prendre un congé appuyé par son supérieur, Le Bret, afin d'enquêter discrètement sur cette délicate affaire...
Une bien belle enquête, où notre jeune et (intérieurement) bouillant commissaire va passer par toutes les émotions. La fierté de mener cette mission, l'amertume, la colère, la confusion, surtout lors des dernières pages de cet opus. Un sympathique Maigret, qu'on aimerait suivre jusqu'au bout du monde, lorsqu'il espère, à son humble niveau, faire sauter certains exaspérants rouages de notre société.06/07/2020 à 19:17 Lucas 2.0 (456 votes, 7.7/10 de moyenne) 3
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8/10 Voilà un Maigret très particulier : la première enquête du plus célèbre des commissaires littéraires de la police française.
Nous sommes en avril 1913 : jeune marié, âgé de 26 ans, Jules Maigret, alors simple secrétaire du commissariat du quartier Saint-Georges (Paris, IXe arrondissement) et aspirant à la carrière d'inspecteur, voit venir en pleine nuit un jeune homme qui dit avoir été témoin d'une drôle de scène, à deux pas de là : dans un hôtel particulier, une femme a passé sa tête par une des fenêtres, hurlé, puis est revenue à l'intérieur de la pièce, la fenêtre vivement fermée avant que n'éclate un coup de feu.
Dès le départ, Maigret s'intéresse à cette affaire qui s'avère cependant très délicate car l'hôtel particulier appartient à la grande famille bourgeoise des Balthazar, fondatrice des fameux cafés du même nom.
Il faudra toute la persévérance de Maigret pour venir à bout d'une enquête durant laquelle la bourgeoisie serrera les rangs pour éviter à la "grande famille Balthazar" un immense scandale. C'est un roman où la conscience de classe (ici la bourgeoisie) est exposée d'une manière peu complaisante et même si elle triomphe, elle en prend quand même pour son grade. Maigret en ressort marqué, presque dégoûté mais aussi, dans la foulée, promu inspecteur au 36 Quai des Orfèvres...
C'est justement ce Maigret en devenir qui est intéressant car déjà les caractéristiques que l'on retrouvera dans les enquêtes à venir (en fait beaucoup ont déjà été écrites car ce roman paraît en 1949, quand les premiers Maigrets datent de 1931) sont présentes : Jules est un homme droit, fin observateur, obstiné, soucieux de bien faire, sûr de son bon droit et déterminé à faire éclater la vérité, sans juger, même si cette vérité dérange. Bref, un être doté d'une belle humanité. J'ai aimé aussi la personnalité de Mme Maigret qui, si elle ne joue pas un rôle de premier plan, est un soutien indéfectible au futur commissaire.
Un Maigret différent donc, aux balbutiements de sa carrière policière et en même temps, un passage obligé pour tout "Maigretophile" et plus généralement pour toutes celles et ceux qui veulent mieux comprendre, à travers ses débuts, la personnalité d'une figure incontournable du roman policier.08/03/2019 à 19:14 LeJugeW (1809 votes, 7.3/10 de moyenne) 5