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7/10 Prière de ne pas bousculer le retraité. Bernadette Amorelle vient littéralement arracher Maigret à ses paisibles passe-temps de Meung-sur-Loire, pour s'occuper d'une affaire de famille. Riche octogénaire, elle est persuadée que la noyade de sa nièce la semaine précédente, n'est pas accidentelle. Ce drame a eu lieu dans le domaine familial composé de trois villas, à Orsenne. Elle se méfie de certains membres de son entourage, en particulier son gendre, Charles Malik. L'ex-commissaire est discrètement chargé de faire la lumière sur ce fait divers. Malik... cela lui rappelle quelque chose. En fait de discrétion, dès son arrivée, il est cueilli à l’hôtel par Ernest, l'oncle de la défunte, Monita. Ces deux frères Malik ne sont autres que d'anciens camarades de lycée, fils d'un percepteur. Une fratrie qui a allègrement prospéré, et par de malins plaisirs, Ernest ne se prive pas de le faire remarquer à Maigret. Sauf qu'à Jules, çà ne va pas trop lui plaire, ces manières...
Heureusement que reste le plaisir de lire Simenon, avec ici les actions entreprises par le commissaire qui vont pimenter la lecture. Sinon c'est une fois encore une complexe histoire de famille. Avec ces membres qui ne vont pas particulièrement nous donner envie de passer des vacances avec eux. Bon c'est le jeu de l'enquête policière, malheureusement, niveau suspense, cela reste une intrigue en vase clos, où l'on aimerait être autrement surpris par des faits sortants plus de l'ordinaire. On ne connait pas le fin mot de l'histoire avant le dernier chapitre, mais on se doute dès le départ de certains fautifs. Il y a mieux dans la série sur ce thème, assez récurrent chez l'auteur.05/06/2020 à 04:55 Lucas 2.0 (456 votes, 7.7/10 de moyenne) 1
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8/10 Maigret, à la retraite depuis deux ans, paisiblement installé dans sa maison de Meung-sur-Loire en compagnie de Mme Maigret, va s'embarquer dans une enquête presque contre son gré, le conduisant à Orsenne dans une famille de la haute bourgeoisie. Une jeune fille vient d'y perdre la vie et sa grand-mère, Mme Amorelle, doute du caractère accidentel de sa mort, appelant manu militari Maigret à la rescousse pour faire toute la lumière sur ce drame.
Sur place, Maigret retrouve une tête qu'il connaît, celle d'Ernest Malik qu'il a côtoyé adolescent au lycée de Moulins et qui déjà lui faisait mauvaise impression. Le jeune homme de jadis appelé à l'époque "Le Percepteur" en référence au métier de son père était un ambitieux et semble des décennies plus tard avoir particulièrement bien réussi. Mais cette réussite ne cache-t-elle pas quelque chose ? Sa nièce est-elle bien morte de manière accidentelle ? Et pourquoi le cadet de Malik est-il enfermé dans sa chambre et souhaite en sortir à tout prix ?
Maigret se fâche parce qu'il sent qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Il se fâche quand on le décourage, vivement, d'abandonner l'enquête. Il se fâche, quand Mme Amorelle décide finalement, par une lettre, ne plus avoir besoin de ses services et lui demande de retourner à Meung-sur-Loire. Mais Maigret est têtu. Le retraité entêté fera même appel à ses anciens collègues du 36 pour piéger un des protagonistes de l'histoire...
Simenon, par l'entremise de cette intrigue, nous emmène une nouvelle fois dans les coulisses des familles bourgeoises aux secrets bien gardés et aux cadavres dans le placard bien planqués... L'argent, le pouvoir, la manipulation, la veulerie... des thèmes dont on ne se lasse pas de voir décortiqués, finement décrits par l'immense auteur belge.
Encore une réussite pour Simenon et son personnage favori qui ne peut s'empêcher de sortir de sa retraite pour mener à bien et jusqu'au bout son enquête... Encore un plaisir de lecture.
14/01/2020 à 19:09 LeJugeW (1806 votes, 7.3/10 de moyenne) 3
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8/10 … ou comment le commissaire Maigret, à la retraite dans sa maison de Meung-sur-Loire, se voit réclamer de l’aide par une vieille dame, Bernadette Amorelle, pour enquêter sur la noyade, soi-disant accidentelle, de sa petite-fille Monita, et en vient à mener une investigation sur une étrange famille et un passé bien vilain. Amusant de découvrir que notre célèbre limier est à la retraite, aux prises avec des doryphores dans le jardin potager qu’il entretient avec madame Maigret, un peu indolent, puis retrouve le goût de l’aventure grâce à la requête de cette inconnue. Toujours un plaisir pour moi de découvrir des romans de Georges Simenon, ici dans une histoire assez classique du point de vue policier, mais qui laisse la part belle aux émotions, aux ambiances, et à de bien beaux moments de littérature. Par exemple, il retrouve Ernest Malik, qu’il avait côtoyé au lycée de Moulins, que tout le monde appelait à l’époque « le Percepteur », en rapport avec la profession de son père, et qui, devenu riche et prospère, montre une morgue vengeresse à l’égard du policier : « L’autre avait l’air de dire : « Pauvre vieux ! Tu n’as pas changé, toi ! Tu es toujours bien le fils pataud d’un intendant de château ! De la grosse chair paysanne ». C’est alors une sorte de défi que se lance Maigret, en plus de jouir de cette quête d’émotions anciennes de chasseur, en participant à cette histoire : « On verrait s’il s’était trompé, s’il n’était qu’une vieille bête qui avait mérité sa retraite ou s’il était encore capable de quelque chose ». De jolis moments, poignants également, lorsqu’il rentre au bercail, accueilli par ses anciens lieutenants comme Lucas ou Torrence, qui l’appellent toujours « patron » et à qui, en retour, il leur donne du « mes enfants », et au cours desquels il retrouve – même si la plume de l’auteur est bien plus dans l’implicite que dans l’explicite – des frissons et la fièvre du limier. Si, je l’ai dit, l’histoire est assez attendue, elle n’en demeure pas moins bien charpentée, entremêlant sombres histoires de famille, chantage, dettes, héritage et autres sordidités que se plait toujours à décrire l’auteur. Encore un très bon Maigret, encore un très bon Simenon, et déjà deux pléonasmes.
17/11/2019 à 18:43 El Marco (3422 votes, 7.2/10 de moyenne) 3