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8/10 … ou comment la mort presque anodine d’un homme, tombé d’un grenier alors qu’il était dans une crise d’épilepsie (surnommée « le haut mal ») plonge dans une série de rebondissements dramatiques des familles et toute une communauté. Comme toujours chez Georges Simenon, une écriture où la concision le dispute à une insondable acidité, avec ces nombreux seaux de vitriol balancés à la face d’une société figée et bienpensante. Tout le monde en prend pour son grade : la famille du défunt, avec un père détruit par le deuil, soucieux de récupérer l’exploitation agricole à tout prix, prompt à étaler son argent tout autant que de se saouler. Mais c’est surtout la famille Pontreau, la belle-famille (d’ailleurs tout sauf « belle »), qui est maltraitée par les descriptions acerbes de l’auteur. La mère est un véritable suzerain régnant sur sa progéniture avec une main de fer, dans un système matriarcal sans la moindre faille, tandis que ses filles sont reléguées au rang de pâles sujettes. De cet accident, des drames surviendront, comme la mort d’un enfant écrasé, une jeune femme qui finira par briser le carcan familial et voler de ses propres ailes malgré les pressions, et toute une communauté sclérosée être secouée par les rumeurs, la vindicte publique et autres bêlements de la foule. On retiendra de nombreux passages pittoresques, comme le marché que fait la mère Pontreau, ou encore la scène du cortège funèbre et des funérailles. Et l’aspect policier réapparaît au beau milieu du livre (page 101 dans l’édition que j’ai eue entre les mains), avec un rebondissement intéressant entraînant toute une série de chantages, tensions et autres germes de catastrophes à venir. Le roman se clôt sur une scène très sobre, plusieurs années après le cœur de l’intrigue, et envoie, en quelques paragraphes, en quelques phrases, une vision désespérée du monde tel que le voit Georges Simenon, où se disloque la structure familiale. A mi-chemin entre le roman policier noir et la littérature blanche quoique sacrément noire tout court, une nouvelle pépite, moins connue que les autres peut-être, à extraire de la bibliographie abondante de cet immense écrivain.
16/12/2018 à 18:26 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 4