La Mort de Clara

  1. Chronique d’un homicide bien ordinaire

    Thierry Mellec mène une vie somme toute banale. Scénariste, il vivote en attendant un contrat singulier, comme d’autres espèrent la vague mythique. Divorcé, il ne voit plus sa fille que par intermittence. Quant à son caractère, il est on ne peut guère plus pusillanime. Pourtant, c’est lui qui croise le chemin de l’homme qui vient d’assassiner Clara, sa voisine. Hors de question pour un homme tel que lui de jouer le héros : il va plutôt jouer la fuite, quitte à aller se cacher dans la jupe d’Hélène Billard, la belle inspectrice.

    De Thierry Bourcy, on connaît principalement sa série consacrée à Célestin Louise, aussi est-ce avec beaucoup de curiosité que l’on approche cet ouvrage. Le ton y est résolument espiègle et farceur. Thierry Mellec est un personnage hautement sympathique, complètement débordé par l’ampleur de ce qui lui arrive, et qui n’a, en aucune manière, envie de jouer le surhomme. Durant tout le livre, il va fuir ce mystérieux meurtrier tout en cherchant, à sa façon, de comprendre ses motivations. Il est très amusant de le voir constituer un piège sonore avec quelques chaises empilées au cas où on viendrait l’agresser chez lui, lancer sur un adversaire une lampe avant que celle-ci ne retombe lamentablement au sol car retenue par le fil électrique. A mille lieues de ce que l’on peut lire, Thierry Bourcy compose un protagoniste auprès duquel on se sent bien et qui fait sourire. Parallèlement, l’intrigue n’est vraiment pas étonnante ni très solide. Les digressions affluent et les dernières pages, révélant la teneur réelle du crime, ne resteront probablement pas dans les annales.

    Thierry Bourcy ne révolutionnera pas le genre ni ne remuera les tripes des lecteurs avec ce roman. Il a voulu signer une œuvre différente, qui peut même – suprême paradoxe – surprendre par son absence d’envie de surprendre. Et c’est au milieu de cette histoire plane et plaisante que se dresse cet attachant Mellec, parfois si empoté que l’on a envie de le baffer, et qui renvoie le liseur à sa condition d’être fragile et faillible avec d’autant plus de force.

    /5