Le roman policier allemand - ou Krimi - était prolifique sous le Troisième Reich. Longtemps dédaigné par les autorités, il recueillit des auteurs indociles et prit en charge la critique que la "haute" culture n'assumait plus. Mais la censure se faisant de plus en plus pressante, et le régime cherchant à imposer le "bon roman policier allemand", les auteurs durent s'acclimater de diverses manières aux injonctions officielles. Inédite en Allemagne même, cette anthologie se fait l'écho des disparités d'une littérature sous contrainte. Si quelques écrivains vantent la police du Reich ou se conforment à l'idéologie nazie, d'autres trompent la censure en situant leurs intrigues hors des frontières nationales, ou en imaginant des confessions ironiques du criminel : car au fond, qu'est-ce que le crime et la justice dans une dictature ? Littérature populaire, le Krimi fait ainsi entendre une autre voix de l'Allemagne. Et s'il reflète le pouvoir policier au quotidien, il esquisse aussi un portrait du petit peuple et de la pègre - réelle ou fantasmée. Mais surtout, il se révèle en actes un champ de bataille idéologique investi par des écrivains juifs, tel Michael Zwick, ou des résistants comme Adam Kuckhoff et John Sieg, qui payèrent leur engagement de leur vie.
Trophée 813 Maurice-Renault (2015)
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Soumis le 09/01/2015 par TaiGooBe