Tout ce qui meurt

(Every Dead Thing)

  1. Tout ce qui meurt, ou l'envol littéraire de Bird et John Connolly

    Charlie Parker est flic. Il a une femme, une fille, et des problèmes avec l'alcool. Un soir, il quitte la maison après une énième dispute et va noyer ses soucis au troquet du coin. Lorsqu'il rentre fin soûl quelques heures plus tard, c'est pour retrouver l'enfer dans sa cuisine : Susan et la petite Jennifer ont été assassinées de manière on ne peut plus atroce. Aucun indice, pas de mobile apparent, retrouver le meurtrier ne va pas être chose aisée.
    Des mois plus tard, « Bird » – qui a entre temps quitté la police pour commencer une carrière de détective privé – est amené à enquêter sur un tueur dont le modus operandi lui rappelle ses pires cauchemars. Pour lui, pas de doute, il a retrouvé la piste de celui qui a brisé sa vie. Il va tout faire pour mettre la main sur celui qu'on a surnommé le « Voyageur ».

    Publié initialement en 1999, Tout ce qui meurt est le premier roman de l'Irlandais John Connolly. C'est aussi la première apparition de Charlie « Bird » Parker, qui sera amené à devenir le personnage récurrent de l'auteur. Mais ceci est une autre histoire...
    On entre d'emblée dans le vif du sujet puisque le texte s'ouvre sur le terrible drame qui s'abattit un soir sur « Bird » : l'assassinat ignoble et gratuit des deux femmes de sa vie. John Connolly n'épargne pas ses personnages, et ses lecteurs non plus – les descriptions des scènes de crimes sont assez exhaustives et pourront mettre mal à l'aise certains lecteurs. Cette noirceur assez extrême par moments est compensée par un humour salvateur et grinçant bien présent, aussi bien dans les dialogues que dans les descriptions.
    De manière plus générale, l'auteur sait prendre son temps pour décrire ses personnages ou les décors des États-Unis, des rues de New York aux marais de Louisianne. Le personnage de Charlie Parker apparaît rapidement attachant, ses doutes et ses failles le rendent très humain et l'empathie s'installe. Les personnages secondaires, nombreux, ne sont pas délaissés, et certains resteront en mémoire – Angel et Louis notamment, un couple d'amis de Charlie, gangsters, gays, et toujours prêts à rendre service.
    Bien que le roman soit assez imposant – plus de 550 pages en format poche – on ne s'ennuie pas à sa lecture et l'on s'étonne presque d'être arrivé si vite à la fin. John Connolly maîtrise bien la gestion du suspense et parvient habilement par de nombreux rebondissements et autres fausses pistes à maintenir le lecteur captivé jusqu'aux toutes dernières pages, lesquelles ne sont pas avares en révélations. L'action est également très présente : on arrête vite de compter les morts et ça défouraille sévère par moment.

    Pour toutes ces raisons, Tout ce qui meurt est un premier opus captivant, qui plaira aux fans de thriller comme aux amateurs de roman noir. John Connolly a l'imagination fertile et possède un talent certain pour raconter ses histoires, aussi, on comprend aisément qu'il soit parvenu à fidéliser son lectorat avec la suite des enquêtes de Charlie Parker, dans Laissez toute espérance en premier lieu.

    /5