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8/10 Une très intéressante histoire de séquestration. Un détective privé vieillissant et rondelet se retrouve enlevé par un inconnu dans un chalet dans les montagnes enneigées, lié à une longue chaîne de métal vissée à sa cheville, et survivre pendant treize semaines, ce que lui annonce son geôlier. Qui est cet inconnu ? Pourquoi ? Et à quoi correspondent ces mystérieuses treize semaines ? Un exercice de style sacrément casse-gueule que celui du personnage en solo, puisque le lecteur risque de s’ennuyer assez rapidement si l’intrigue, le style ou la situation patine. Ici, il n’en est rien. C’est très joliment écrit, bien travaillé, et j’ai suivi avec un plaisir coupable la réclusion du protagoniste, ses doutes, ses stratégies de survie par rapport au froid, la nourriture et l’oisiveté. Sans rien spoiler, il finit par s’en sortir, rejoint la civilisation, et se lance aux basques de son mystérieux cerbère absent. Des mots adroitement choisis par Bill Pronzini, pas mal de vitriol dans les dialogues et les situations (cf. sa rencontre avec le type de l’immeuble et sa compagne, ou le gestionnaire de l’entreprise s’occupant des chauffe-eaux). Mais aussi un personnage de détective privé différent des autres, marqué par son enfance avec un père violent et poivrot, et dont il finit par s’affranchir grâce à son attitude quand il retrouve son kidnappeur, en adoptant une attitude à mille lieues de ce qu’aurait fait son paternel. Alors, certes, il n’y a pas grand-chose dans ce roman noir de très original (les motivations du bourreau, à cet égard, n’ont rien de tonitruant), mais tout est si bien rédigé et mené que l’on se laisse embarquer. Un peu comme ces airs de blues dont on voit venir les mesures mais que l’on ne peut s’empêcher de savourer tant elles résonnent avec intelligence et humanité.
12/09/2017 à 19:00 El Marco (3422 votes, 7.2/10 de moyenne) 3