Cantique des gisants

  1. Un récit choral original, froid et brutal

    Marne-La-Vallée, à quelques semaines des élections municipales. Pendant 48 heures, une dizaine de personnes différentes — du maire de la ville au petit voyou de quartier en passant par les flics du coin — se croisent, se parlent, se séduisent, se tuent...
    En découpant son récit en autant de chapitres que de personnages, Laurent Martin opte pour le "récit choral". A chaque chapitre correspond un point de vue et une destinée différents. L'exercice est délicat, et dans les premières pages, le lecteur a du mal à comprendre où l'auteur souhaite le conduire. Et puis, assez rapidement, en découvrant de nouveaux points de vue, en revivant une même scène sous un angle différent, en assistant au même dialogue au travers des yeux des deux protagonistes face à face, on commence à comprendre ce qui lie les personnages, et surtout ce qui les oppose. Ainsi, ces tranches de vie se répondent, se complètent, s'assemblent comme les pièces d'un puzzle qui, une fois terminé, permet de comprendre tous les tenants et aboutissants de cette intrigue sur fond de magouilles politiques. Une construction recherchée et ingénieuse qui rend l'histoire passionnante.
    Tout au plus pourra-t-on regretter l'omniprésence des dialogues. Le procédé dérange dans un premier temps, mais cadre au final plutôt bien avec le récit froid, sombre et brutal de ces événements qui vont marquer, de manière bien différente, la vie de tous les personnages...

    /5