L'ultime défi de Sherlock Holmes

(The Last Sherlock Holmes Story)

  1. Sombres confessions

    Le docteur Watson, se sachant prêt pour le grand voyage, se décide à écrire ses mémoires. Selon sa volonté, cinquante ans après son décès, il est enfin possible d’accéder à ses écrits. Il revient en priorité sur la traque que son ami, Sherlock Holmes, mena à l’encontre de Jack l’Eventreur…

    Avec cet ouvrage, Michael Dibdin frappe fort. Très fort. Cette rencontre a déjà été imaginée dans divers arts, du cinéma à la littérature (Ellery Queen ou Bob Garcia par exemple) en passant par les jeux vidéo. Lorsque l’on invoque le célébrissime limier du 221B Baker Street, il est nécessaire de faire preuve d’une grande intelligence, de subtilité, et d’originalité. Et l’auteur ne manque d’aucune de ces qualités cardinales. Le récit rend hommage à la langue de l’époque, usant d’une syntaxe et d’un vocabulaire délicieusement surannés, et replongeant le lecteur dans l’ambiance du Londres terrifié de 1888. Les faits liés à la traque du terrible Jack l’Eventreur sont authentiques, intelligemment restitués, et c’est sans mal, malgré les connaissances que l’on peut avoir de cette affaire, que l’on se surprend à frissonner de nouveau.
    Michael Dibdin tire son épingle du jeu grâce à une idée maîtresse, qu’il serait bien évidemment impardonnable de révéler. Mais ce rebondissement, intervenant à la fin du troisième chapitre, est tout bonnement stupéfiant d’ingéniosité et de culot. Le reste de roman maintient de nombreuses zones d’ombres, l’intrigue part en spirales opaques, le lecteur en vient à douter des propres observations de Watson, jusqu’à la chute – dans tous les sens du terme – au Reichenbach. Un véritable tour de force que de mystifier ainsi le lecteur sur une centaine de pages, de manière incessante, sans le moindre ressort malvenu ou facilité, jusqu’à la révélation, téméraire et réussie parce que portée par les multiples talents de Michael Dibdin.

    Voilà un livre qui malmène nombre de tabous littéraires. Iconoclaste ? Hérétique ? Peu importe. Michael Dibdin a fait preuve de beaucoup d’esprit, de discernement et d’audace. Les amateurs de l’univers holmesien se régaleront de croiser les divers personnages imaginés par Arthur Conan Doyle et de trouver des références à des enquêtes de l’immortel détective privé. Un ouvrage assurément hardi et brillant, dont on se souvient longtemps après la dernière page tournée.

    /5