La neige était sale

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  • 6/10 Dans une ville anonyme d’un pays tout aussi anonyme (probablement l’Allemagne d’après les noms de famille et la toponymie) d’après-guerre, Frank Friedmaier, même pas vingt ans, est un oisif de la pire espèce. Sa mère tient un bordel, il « consomme » certaines de ces filles, fréquente les mauvaises personnes. Il en vient à tuer « L’Eunuque », un officier auquel il vole son pistolet, se lance dans un trafic de montres et tue une autre victime : le début d’une chute qui le mènera à la mort et, qui sait, parallèlement, à une sorte de rédemption.
    Je suis un fan absolu de l’œuvre de Georges Simenon, et j’ai retrouvé ici ce dont je raffole chez l’écrivain : une écriture sèche, des personnages tourmentés, une ambiance lourde décrite avec une immense économie de mots. Frank, en raté absolu se laissant glisser vers le crime, compose un protagoniste sale, rongé par le vice, peut-être davantage victime des circonstances, de ses fréquentations et du grand laisser-aller ambiant, et qui va sombrer vers la déchéance. Cependant, si j’ai apprécié cet ouvrage, il ne fera assurément pas partie de mes préférés. En cause, un manque de concision, là où Georges Simenon brille habituellement (pas loin de 280 pages ici, dont beaucoup sont inutiles à mes yeux), et une atmosphère qui est si sombre et délétère que même moi, ça m’a gêné : il y est question de crimes faciles, comme on pèle une orange, de sexe délesté du moindre sentiment, de recherche de filles jeunes (pédophilie latente) et de préférence vierges. Je ne suis pourtant pas prude, mais ici, avec le talent de l’auteur pour accroître les ténèbres, ça en devient méchamment pesant. Il y a certes le final qui brille par cette lueur d’espoir et de réhabilitation, mais l’ensemble, étouffé, étouffant, quoiqu’indéniablement réussi, m’a en grande partie asphyxié.

    08/02/2024 à 18:49 El Marco (3219 votes, 7.2/10 de moyenne) 5

  • 7/10 Sentiments ambigus. Simenon sonde comme toujours l'âme humaine dans un de ses romans durs qui a eu le plus de succès critique. Pour une fois en suivant un jeune homme sombre et détestable en période de guerre, Frank Friedmaier. Thème et type de héros assez rares chez lui. Avec le temps, j'ai surtout retenu le final. Oeuvre qui reste en mémoire, mais pas totalement emballé.

    25/03/2020 à 05:20 Lucas 2.0 (456 votes, 7.7/10 de moyenne) 2