John et Laura Payne, ainsi que leur jeune fille Molly, emménagent dans une magnifique demeure dont les travaux viennent de s’achever. Ils comptent ainsi vivre non loin du village de Milton et à côté d’un sublime loch. C’est sans compter sur la présence d’un voisin étrange, Luther Grove. Un individu singulier avec lequel les relations vont vite se tendre.
Avec ce roman noir, Barry Gornell frappe fort. Très fort. De la première à la dernière ligne de l’ouvrage, le lecteur est complètement happé. D’entrée de jeu, le ton est donné : avec cet incipit où Luther chasse des lapins avant de les dépecer, on se doute que la suite du récit sera aussi nerveuse qu’inquiétante. Cet écrivain, dont il s’agit là du premier livre traduit en français, bénéficie d’une plume absolument admirable. Tous les personnages qu’il créé sont doués d’une épaisseur et d’une authenticité comme il est rarement permis de le lire. Chacun de ces êtres, pourtant fictifs, sont croqués d’une manière savoureuse, avec une langue si belle que l’on prend plaisir à relire certains passages pour leur simple beauté littéraire. Laura, femme forte et mère attentive, portant encore le poids d’un péché de chair. John, mari et père qui ne se distingue pas toujours par sa finesse et sa tempérance. Frank, le frère de ce dernier, a priori gai luron et fêtard invétéré lorsqu’il ne se trouve plus sur une plateforme pétrolière, et qui dissimule néanmoins des trésors de nocivité. Luther, bien évidemment, en apparence homme rustre et quasiment retourné à l’état sauvage, mais doté d’une personnalité bien plus riche et complexe, et qui a un lourd passé en rapport avec le loch. Et même Molly bénéficie de cette incroyable densité humaine : à chaque fois qu’elle apparaît, balbutie ou s’anime, Barry Gornell transforme ces petits instants en moments de grâce et d’émotion. Ces protagonistes semblent si réels que l’on s’attendrait à sentir battre leur pouls à travers les pages.
Et il y a l’intrigue, rêche et amère. Si les relations de voisinage se compliquent à partir de faits anodins (des troncs d’arbres au milieu de la chaussée, une piqûre d’abeille, un geste déplacé de John envers sa fille, etc.), elles vont vite prendre une tournure ténébreuse. L’écrivain demeure cependant bien loin des clichés : il ne narre pas des frictions grandissantes aboutissant à un drame ou une tragédie. L’histoire est bien plus subtile et retorse, puisque l’arrivée des citadins va faire renaître dans l’esprit meurtri de Luther des souvenirs féroces et douloureux. Ce qui sera pour certains une descente aux enfers tandis que lui y gagnera quelques arpents de rédemption, en souvenir d’Ishbel et Tarragh.
Indéniablement, un livre sombre et extraordinaire, alternant le glacé et le volcanique. Une magnifique étude de mœurs et de psychologies, à travers une intrigue remarquable de finesse, et aux rouages parfaitement huilés. On tremble, on s’éprend, on s’émeut, on s’inquiète, on se passionne, on abhorre : tant de sentiments en un seul roman, voilà une palette terriblement marquante.
John et Laura Payne, ainsi que leur jeune fille Molly, emménagent dans une magnifique demeure dont les travaux viennent de s’achever. Ils comptent ainsi vivre non loin du village de Milton et à côté d’un sublime loch. C’est sans compter sur la présence d’un voisin étrange, Luther Grove. Un individu singulier avec lequel les relations vont vite se tendre.
Avec ce roman noir, Barry Gornell frappe fort. Très fort. De la première à la dernière ligne de l’ouvrage, le lecteur est complètement happé. D’entrée de jeu, le ton est donné : avec cet incipit où Luther chasse des lapins avant de les dépecer, on se doute que la suite du récit sera aussi nerveuse qu’inquiétante. Cet écrivain, dont il s’agit là du premier livre traduit en français, bénéficie d’une plume absolument admirable. Tous les personnages qu’il créé sont doués d’une épaisseur et d’une authenticité comme il est rarement permis de le lire. Chacun de ces êtres, pourtant fictifs, sont croqués d’une manière savoureuse, avec une langue si belle que l’on prend plaisir à relire certains passages pour leur simple beauté littéraire. Laura, femme forte et mère attentive, portant encore le poids d’un péché de chair. John, mari et père qui ne se distingue pas toujours par sa finesse et sa tempérance. Frank, le frère de ce dernier, a priori gai luron et fêtard invétéré lorsqu’il ne se trouve plus sur une plateforme pétrolière, et qui dissimule néanmoins des trésors de nocivité. Luther, bien évidemment, en apparence homme rustre et quasiment retourné à l’état sauvage, mais doté d’une personnalité bien plus riche et complexe, et qui a un lourd passé en rapport avec le loch. Et même Molly bénéficie de cette incroyable densité humaine : à chaque fois qu’elle apparaît, balbutie ou s’anime, Barry Gornell transforme ces petits instants en moments de grâce et d’émotion. Ces protagonistes semblent si réels que l’on s’attendrait à sentir battre leur pouls à travers les pages.
Et il y a l’intrigue, rêche et amère. Si les relations de voisinage se compliquent à partir de faits anodins (des troncs d’arbres au milieu de la chaussée, une piqûre d’abeille, un geste déplacé de John envers sa fille, etc.), elles vont vite prendre une tournure ténébreuse. L’écrivain demeure cependant bien loin des clichés : il ne narre pas des frictions grandissantes aboutissant à un drame ou une tragédie. L’histoire est bien plus subtile et retorse, puisque l’arrivée des citadins va faire renaître dans l’esprit meurtri de Luther des souvenirs féroces et douloureux. Ce qui sera pour certains une descente aux enfers tandis que lui y gagnera quelques arpents de rédemption, en souvenir d’Ishbel et Tarragh.
Indéniablement, un livre sombre et extraordinaire, alternant le glacé et le volcanique. Une magnifique étude de mœurs et de psychologies, à travers une intrigue remarquable de finesse, et aux rouages parfaitement huilés. On tremble, on s’éprend, on s’émeut, on s’inquiète, on se passionne, on abhorre : tant de sentiments en un seul roman, voilà une palette terriblement marquante.