30/01/1941
Doctorat de physique obtenu en 1967, travaux sur la fusion thermonucléaire contrôlée, recherche en physique des plasmas et en astrophysique, incontestablement Gregory Benford possède plus que le bagage scientifique nécessaire pour écrire de la hard science !
Mais l'originalité profonde de cet auteur — qui considère son activité d'écrivain comme un hobby face à sa profession d'enseignant à l'université d'Irvine en Californie — est d'avoir su mêler intimement la science-fiction au sens strict (la littérature sur la science et ses retombées sur notre civilisation) à des préoccupations psychologiques (ses personnages sont toujours très fouillés), sociologiques (le cadre décrit tient parfaitement debout) et littéraires très « mainstream ». « Pour comprendre le monde, dit-il dans une interview parue dans Fiction (n° 333, octobre 1982), il faut utiliser toute son artillerie ; toutes les sciences, tous les procédés littéraires, toutes les découvertes que l'on peut faire sur les êtres humains et leurs rapports ». Un paysage du temps (Présence du Futur, Timescape, 1980) est caractéristique de cette démarche. 1998 : le XXème siècle s'achève sur une catastrophe écologique mondiale due à la prolifération des hydrocarbures chlorulés. Utilisant les tachyons, ces particules qui semblent remonter le temps, des savants tentent de prévenir leurs collègues du passé en « parasitant » l'expérience de résonance magnétique nucléaire sur laquelle travaille Gordon Bernstein en 1963 à l'université de La Jolla. Nebula 1981, le roman a eu un tel succès qu'il a donné son nom à une nouvelle collection SF.
Autre réussite, Dans l'océan de la nuit (Présence du Futur, In the ocean of night, 1977) suivi de A travers la mer des soleils (Présence du Futur, Accross the sea of suns, 1982) qui insère adroitement un thème classique à la Clarke (tentative de contact avec une entité extra-terrestre ) dans un contexte réaliste (le début du XXIe siècle comme si vous y étiez : pollution, sectes religieuses, décadence, etc. ) traversé de mythes lovecraftiens (la Terre a été visitée il y a des millénaires).
Ecrit en collaboration avec Gordon Eklund, Les étoiles, si elles sont divines (CLA, If the stars are gods, 1977) est un étrange space opera crépusculaire, volontiers élégiaque : l'histoire d'un vieux fou d'astronome à la recherche de la Vie dans l'espace, des bactéries microscopiques de Mars aux « baleines » sphériques de Jupiter, quête intérieure de la vérité pour combler le vide et l'esseulement de sa propre existence. « Ce qu'il voulait, c'était l'essence, le noyau, la chose qui se dissimulait derrière les symboles ». Mais l'univers glisse comme du sable entre les doigts du vieil homme...
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