Pendant près de vingt ans, alors Agent puis Officier de Police Judiciaire dans la Gendarmerie Nationale, j’ai passé la majeure partie de mon temps à écrire, écrire, toujours écrire ! Pour les autres. J’ai rempli des dizaines de milliers de pages de leurs détresse, histoires, récits, mensonges, d’investigations, tout cela pour abreuver une justice insatiable de mots. Issus d’horizons divers, « les mots des maux » terminent tous dans des salles d’archives, trop petites pour contenir cette masse de papier. Elles renferment les formidables souvenirs de la machine judiciaire. Encagés par le secret de l’instruction, ils purgent tous des peines à perpétuités, alors que ceux dont ils racontent l’histoire s’en sortent souvent mieux. Dans ce même sillage, j’ai rappelé « les mots des maux » dans la lourdeur de cours d’assises …. Je n’avais d’autre but que de faire condamner des bêtes fauves, étape indispensable pour aider leur(s) victime(s) à trouver le difficile chemin de la reconstruction.
J’ai donc décidé de prendre mon clavier et d’en libérer certains au travers d’histoires vraies. Évidemment, elles ont été quelques peu romancées… bien que ! Le vrai policier est un anti-héros. Seul celui qui est sur le terrain peut se prévaloir de ce surnom : « flic ». Bien qu’ayant quitté le monde de l’investigation, je me permets de le raconter à présent, car je le connais. Pour coller à cette vérité, j’ai choisi d’écrire peu sur mes personnages, car ils ne sont «que» de vrais enquêteurs. Ceux qui vivent pour cette chasse à l’indice, à l’éternel recommencement du puzzle qu’est l’enquête. Ils ne doivent pas trop exister, pour rester ces anti-héros, ces flics, que tout le monde oublie.