Eric Gabriel

1963

Né le 18 messidor 1963 c’était un jeudi je m’en souviens bien je n’avais pas école. J’étais coincé entre Charlotte et Arsène, une patate et un voleur…
J’espérais déjà ne devenir ni l’un ni l’autre. Et pourtant, je volais très tôt des mots dans le petit Robert. Mais là, ni sanction, ni reproche. Je jouais avec eux comme avec des petits soldats de plomb. Les croisais, les enfermais dans des grilles, les cachais derrière des définitions, les amputais de syllabes, les travestissais et pire encore : les oubliais. Un mot que vous oubliez ne le vous pardonne jamais. Il ressurgit des années plus tard, cité par un insolent qui vous le jette à la face, et vous penaud, faites semblant de vous en souvenir, comme d’une vieille maîtresse ressurgie d’un passé lointain. Bref, les mots sont comme des rubis, certains ont plus d’éclats que d’autres. Bien accompagnés ils brillent de leur seule force, trop lourds et trop nombreux, ils enferment votre pensée, comme une corde autour du cou. Sachons les respecter et les manier avec parcimonie.
Bonne lecture.

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