04/01/1889 — 11/03/1936
Son père, Shigemaru Sugiyama était un personnage controversé : agitateur politique, écrivain, directeur de journal, exportateur de charbon… Alors que Yumeno avait deux ans, sa mère fut répudiée par ses grands-parents paternels. Ce fut alors son grand-père, Saburobei Sugiyama, qui se chargea de son éducation (il lui fit entre autres étudier le nô). Yumeno se révéla être un enfant surdoué mais d'une santé très faible. À l'adolescence, il se passionna pour la littérature policière anglo-saxone, qu'il lisait directement en anglais. Il entreprit des études de littérature à Tōkyō, mais dut les interrompre car son père, qui s'était entre-temps remarié, le rappela à Fukuoka. En fait, sa belle-mère avait monté une intrigue afin de le déposséder de son héritage. Il s'agissait de le faire passer pour fou. Afin d'échapper à l'asile, il dut d'abord repartir pour Tōkyō et travailler comme ouvrier et finalement se faire moine itinérant. Un jour, il apprit le décès du demi-frère qui devait hériter de la fortune familiale à sa place et décida de revenir à Fukuoka. Peu de temps après, il se maria. Il travailla dans l'exploitation agricole familiale et comme journaliste dans un journal qui appartenait à son père. À cette époque (la fin des années 1910), parurent également ses premiers textes (un essai sur le nô, des nouvelles, un roman-feuilleton…). En 1926, il obtint le deuxième prix ex æquo du concours de la revue de littérature policière Shinseinen avec le Tambour d'Ayakashi (あやかしの鼓). C'est à partir de là qu'il utilisa le pseudonyme de Kyūsaku Yumeno, ce qui signifie rêveur en patois de Kyūshū. Il collabora alors régulièrement avec Shinseinen. En tout, il écrivit en une dizaine d'années une cinquantaine de nouvelles, une dizaine de romans et le fameux Dogra Magra (ドグラ・マグラ Dogura magura), qu'il mit plus de dix ans à écrire. Ce roman fut finalement publié en 1935, année qui fut également pour l'auteur celle de la mort de son père. Yumeno mourut moins d'un an plus tard, atteint d'une hémorragie cérébrale alors qu'il était à Tōkyō pour régler les affaires de son père. Dogra Magra fut redécouvert en 1962 par le philosophe Shunsuke Tsurumi, qui compara son auteur à Kafka et à Poe. Ce roman a été transposé à l'écran.