Née de parents martiniquais ayant emménagé à Épinay-sur-Seine, Elizabeth Colomba a toujours rêvé de devenir peintre. À l’adolescence, elle tomba sur un livre qui allait bouleverser sa vie : L’Image du Noir dans l’art occidental, de Hugh Honour. Jusqu’à cette lecture, elle n’avait jamais vu une personne noire représentée dans un tableau classique. Ce fut pour elle une révélation, qui lui inspira la création d’un portrait dans l’esprit de l’œuvre de Whistler (Arrangement en gris et noir n° 1).
Elle étudia sans relâche les tableaux exposés au Louvre, en particulier ceux des maîtres flamands, et obtint bientôt son diplôme supérieur d’arts appliqués à l’École Estienne. À vingt ans, une rencontre à Los Angeles avec Leonardo DiCaprio changea le cours de sa carrière. Frappé par son talent, l’acteur l’encouragea à devenir story-boardeuse. Au cours de la décennie qui suivit, Elizabeth collabora avec des réalisateurs comme Baz Luhrmann, Andrew Dominik, Tom Ford, Liev Schreiber et avec son amie Julie Delpy.
En 2011, elle emménagea à New York pour se consacrer à la peinture. Elle participa à une exposition collective au Museum of Contemporary African Diasporan Arts, à Brooklyn. Au même moment, son travail retint l’attention de Deborah Willis, personnalité afro-américaine phare aux multiples talents qui aida Colomba à se faire un nom dans le monde de l’art newyorkais. Sa première exposition en solo, The Moon is My Only Luxury, à Harlem, fut un succès immédiat. Les œuvres d’Elizabeth Colomba rejoignirent celles de Kehinde Wiley, Amy Sherald (tous deux portraitistes du président Obama) et Barkley Hendricks dans la collection permanente du Studio Museum in Harlem, et furent aussi acquises par l’Université de Princeton et le musée des beaux-arts de Philadelphie. Le New Yorker salua ses « opulents portraits de femmes noires qui remettent en perspective l’effacement des femmes de couleur dans l’histoire de l’art du XIXe siècle… »
En 2018, l’œuvre d’Elizabeth Colomba intitulée Laure (Portrait of a Negress) apparut dans une exposition révolutionnaire, Posing Modernity: The Black Model from Manet and Matisse to Today, à la Wallach Art Gallery. La même année, le Metropolitan Opera lui passa commande d’un court métrage pour l’opéra Cendrillon. Elle est la première femme noire à avoir été sollicitée pour ce projet. Son tableau Haven, qui représente un couple noir à Weeksville, fut présenté en 2019 à Gracie Mansion, la résidence officielle du maire de New York. « Lorsqu’on met les femmes aux commandes, elles aident réellement à faire bouger les choses, car nous nous concentrons sur des sujets qui touchent plus de gens – les femmes, les enfants, les familles – que n’auraient tendance à le faire les hommes », conclut Chirlane McCray, l’épouse du maire Bill de Blasio. Pour sa dernière exposition à Gracie Mansion célébrant « le pouvoir de l’art de susciter le changement et d’inciter au progrès », qui se tiendra jusqu’à la fin de l’année 2021, Chirlane McCray a intégré une autre œuvre d’Elizabeth Colomba : The Cup.
En 2018, le magazine Vogue a dédié cinq pages de son numéro de septembre au travail d’Elizabeth Colomba et, en 2019, le magazine In Style l’a classée parmi « les cinquante femmes qui comptent le plus en Amérique », aux côtés de Michelle Obama, Ariana Grande et Angela Davis.