Riz-Deux-ZzZ

467 votes

  • Du Bruit dans la nuit

    Linwood Barclay

    8/10 En bref, un thriller efficace à l'ambiance qui frôle le surnaturel... Linwood Barclay se surpasse dans cette intrigue aux révélations multiples !

    Je n'ai pas forcément de très bons souvenirs avec mes lectures de l'auteur : certaines ont été bonnes, sans plus, ce genre de thrillers qu'on lit vit et que l'on oublie tout aussi rapidement... J'ai donc été agréablement surprise par ce titre dans lequel il s'est surpassé ! Un vrai page-turner avec des ingrédients captivants.

    L'auteur crée, dès le départ, une ambiance assez oppressante avec le stress post-traumatique de son héros et des événements qui vont petit à petit nous faire sombrer dans un univers un peu paranormal. Et c'est là que tient tout le mystère : qui est derrière ces bruits dans la nuit ? Les fantômes peuvent-ils vraiment resurgir du passé ?

    Paul, le personnage principal, est tellement perturbé qu'il en devient attachant : sa descente aux enfers est bien retranscrite, on ressent réellement son mal-être grandissant, sa paranoïa qui se développe et cette détresse qu'il n'arrive pas à exprimer à son entourage.

    Le brio de cette histoire tient cependant essentiellement sur la dernière partie, où les révélations fracassantes s'enchaînent et où le lecteur est balancé dans une vague d'action et d'aveux surprenants ! J'ai été scotché par ce dénouement épatant auquel je ne m'attendais absolument pas. Une réelle bonne surprise qui me donne envie de creuser un peu plus dans la bibliographie de Linwood Barclay pour trouver ces petites pépites que je ne connais pas encore.

    13/03/2023 à 10:54 2

  • La Faussaire

    Patricia Delahaie

    7/10 En bref, un premier roman plutôt bien maîtrisé, inspiré de faits réels. Cependant, les personnages me sont restés antipathiques et quelques questions sont en suspens...

    J'aime beaucoup les romans inspirés de faits divers, cela permet de découvrir des affaires, sous un prisme différent de celui de la presse. Ici, Patricia Delahaie aborde les relations de manipulation, le caractère de pervers narcissique. Le parti-pris le plus surprenant étant de mettre en position de force la femme, en positon de victime l'homme. Certes, les chiffres des violences conjugales (physiques comme psychologiques) sont accablants pour le sexe masculin, mais il est aussi important de rappeler que certaines femmes peuvent être coupables.

    Néanmoins, certains détails n'ont pas réussi à me convaincre. Tout d'abord, je n'ai malheureusement pas pu m'attacher aux personnages décrits, que ce soit à Paul, malgré sa personnalité, ni à Camille ou même à Céleste, sa fille. Il est compliqué de juger une relation d'emprise lorsqu'on n'y est pas soi-même confronté, mais le comportement du médecin exemplaire qui va aussi loin pour une femme qu'il a croisé sur le bord de la route me laisse perplexe...

    Malgré tout, Patricia Delahaie contrôle le rythme de l'histoire grâce à des transitions temporelles multiples, ainsi qu'à de nombreux points de vue sur les rapports du couple adultère. J'aurai apprécié que l'auteure exploite à fond son sujet, notamment concernant le personnage de Céleste, qui paraît déconnecté de la réalité tout au long du roman sans que l'on ait réellement d'explications. Certains aspects psychologiques sont mis de côté, me laissant sur ma faim.

    13/03/2023 à 10:42 3

  • Sur un arbre perché

    Gérard Saryan

    6/10 En bref, un thriller lancé sur les chapeaux de roue... Quite à subir quelques surenchères et perdre en crédibilité. Cependant, Gérard Saryan aborde des thèmes très intéressants sur les relations familiales.

    J'ai beaucoup aimé les premiers chapitres, sur la disparition du petit Dimitri et, surtout, sur la culpabilité et la pression mises sur les épaules d'Alice, la belle-mère. C'est assez rare que les intrigues sur les kidnappings soient portées par un beau-parent : c'est un point de vue pourtant très intéressant, notamment lorsqu'on aborde la place de la personne dans le noyau de la famille, avec des responsabilités de parent à part entière, tout en gardant ce sentiment de "pièce rapportée" qui ne s'intègre jamais vraiment...

    Malheureusement, Gérard Saryan a choisi d'écrire un thriller d'action, qui va à mille à l'heure : un point qui n'aura pas réussi à me convaincre, d'autant plus quand le personnage qui mène l'enquête n'a aucune compétence ni aucune autorité judiciaire, mais arrive tout de même à trouver des indices et à entrer dans des univers inaccessibles a priori. C'est ce qui m'a fait décroché de l'intrigue, le manque de crédibilité a totalement détruit le sentiment d'empathie que j'avais commencé à nouer envers Alice.

    D'autant plus que l'auteur multiplie les lieux et les points de vue, mêlant plusieurs enquêtes avec kidnappeur en série qui me plaisait beaucoup, mais qui n'a pas été exploité à son maximum... Je pense qu'il aurait fallu se concentrer sur une intrigue à la fois, ou alors créer un "vrai" polar avec une enquête mise en avant et traitée en totalité.
    Cette première rencontre avec Gérard Saryan n'est pas forcément aussi plaisante que je l'attendais, j'espère pouvoir me faire un deuxième avis dans le futur.

    13/03/2023 à 10:35 1

  • Le Bureau des affaires occultes

    Eric Fouassier

    5/10 En bref, un polar historique étayé, laissant malheureusement les intrigues de côté... Ce premier tome n'est qu'une introduction aux promesses du résumé.

    Le lecteur plonge dans une enquête ancrée dans un contexte historique lourd (la monarchie de Juillet) avec un travail de recherche maîtrisé et très appréciable. J'ai d'ailleurs été agréablement surprise par les nombreuses références de l'auteur, notamment au niveau scientifique, avec les recherches de Joseph Pelletier ou encore celles de Mesmer.
    Malheureusement, j'ai assez vite déchanté en voyant que ce contexte historique prenait beaucoup plus de place que l'enquête et les intrigues du départ. J'aime les polars historiques, mais surtout les polars donc je cherche quand même de l'investigation.

    Les deux petites histoires qui se mêlent dont celle qui permet d'en apprendre plus sur le personnage principal récurrent, Valentin Verne, ne sont finalement que peu exploitées, car le lecteur doit attendre le dernier quart du roman pour enfin avoir des réponses et entrapercevoir le potentiel promis. Et c'est seulement à ce moment-là que le titre prend son sens, que l'histoire démarre réellement. Une première partie qui pose les bases, mais qui ne suffit pas à apprécier sa lecture car le sentiment d'inachevé est vraiment trop fort.

    Si vous voulez tenter cette lecture : ayez les deux tomes en votre possession, car certaines révélations finales de ce premier opus vous donneront envie d'en savoir plus rapidement. C'est d'ailleurs le paradoxe : ai-je vraiment envie de lire la suite alors que je me suis ennuyée sur les 3/4 de celui-ci ?!

    05/02/2023 à 11:12 4

  • À vif

    René Manzor

    9/10 En bref, un thriller à l'intrigue plutôt classique dans son déroulement, mais René Manzor mise tout sur ses personnages et les faux-semblants... J'en ressors bouche bée !

    Je découvre l'auteur avec ce titre et ce ne sera certainement pas le dernier tellement j'ai été emportée dans cette histoire ! René Manzor a une plume très fluide et rythmée, c'est souvent le cas des auteurs qui sont également réalisateurs à l'écran et cela se ressent immédiatement.

    Pour les lecteurs qui ont l'habitude des thrillers avec tueur en série et/ou avec disparition d'enfants, l'intrigue paraîtra sans doute basique dans son déroulement... Selon moi, cette histoire est vraiment portée par les deux personnages principaux, notamment par Novak, à la personnalité atypique. Le cliché du mec brisé par son métier n'est pas évité, mais ce n'est que le point de départ d'un développement psychologique très intéressant et qui va être déterminant dans le dénouement.

    L'auteur s'amuse avec le lecteur, n'hésitant pas à le perdre dans les fausses pistes et dans les faux-semblants de chacun, jusqu'au final qui m'a totalement bluffé ! Certains indices peuvent mettre la puce à l'oreille, mais vous n'êtes sûrement pas prêts à découvrir ce que René Manzor vous prépare.

    05/02/2023 à 11:08 7

  • Les Fêlures

    Barbara Abel

    7/10 En bref, un roman noir aux multiples facettes, où l'énigme de départ n'est que la conséquence de vies gâchées... Des thèmes forts, du suspense jusqu'à la moitié du récit, mais une fin qui traîne un peu en longueur.

    Barbara Abel s'attaque à des sujets difficiles dans ce roman : suicide, relations toxiques, familles dysfonctionnelles... Il est également question de culpabilité, de remords et d'amour filial et passionnel, un savant mélange psychologique que l'auteure manie avec brio. Un roman que tout le monde n'appréhendera pas de la même façon selon son propre vécue, mais qui s'avère être une énigme prenante, à la limite du crime parfait, où la patience du lecteur est mise à rude épreuve.

    Entre les différents points de vue et les nombreux flash-back, les révélations sont nombreuses et toujours surprenantes. L'auteure nous fait bien comprendre que les apparences sont trompeuses, et qu'elle n'a pas fini de nous mener en bateau jusqu'à la révélation finale.
    Là où le bât blesse, c'est que j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages, ce qui leur a porté préjudice tout au long de ma lecture puisque l'empathie manquait réellement... Mis à part peut-être Martin à certains moments, aucun n'a réussi à m'émouvoir.

    La première moitié du roman m'a vraiment happé, puis j'ai ressenti quelques longueurs, une impression de tourner en rond dans la partie du présent. Heureusement que les retours dans le passé apportent le rythme et alimente notre curiosité tout au long du récit. Néanmoins, je reste sceptique sur le dernier chapitre, loin d'être indispensable selon moi.

    05/02/2023 à 11:05 3

  • Un Pied au paradis

    Michele Foletti

    7/10 En bref, un roman graphique à l'intrigue typique des romans américains où l'ambiance est bien retranscrite malgré des dessins parfois rudimentaires...

    Le roman graphique n'est pas mon genre de prédilection, je suis assez novice dans les termes spécifiques du genre... Je ne vais donc pas trop m'attarder là-dessus, seulement pour parler des traits du dessinateur qui ne m'ont pas forcément plu plus que ça, je les ai trouvé un peu grossiers, notamment pour les personnages. Cependant, on ressent tout de même l'ambiance générale du Midwest dans les années 50 : la vie rurale, la précarité des fermiers, les croyances et la religion. Les couleurs sont très vives, dans les tons verts et jaunes pour la journée et violets pour les scènes obscures, ce qui permet de bien se situer.

    Je n'ai pas lu l'œuvre originale de Ron Rash donc je ne pourrai pas comparer, mais j'ai beaucoup apprécié cette version, avec une construction qui tient vraiment du roman, différentes parties correspondant aux points de vue des personnages, des phrases de narration intercalées entre les bandes pour étoffer l'histoire et apporter un développement supplémentaire aux protagonistes.

    L'intrigue en elle-même m'a beaucoup plu également, mêlant une histoire de mœurs banale et des faits historiques tels que l'essor des compagnies d'électricité et l'expropriation de centaines d'habitants. D'autres thèmes sont également abordés, de façons un peu moins précises comme la guerre de Corée ou encore les liens familiaux et l'exode rural.
    Je suis seulement un peu frustrée du final, qui laisse quelques questions en suspens... Volonté de Michele Foletti ou de Ron Rash dans son roman ?

    05/02/2023 à 10:58

  • Un oeil bleu pâle

    Louis Bayard

    5/10 En bref, un polar historique intéressant, à l'ambiance particulière, mais les longueurs et les digressions de l'auteur plombent la lecture...

    Le récit est dominé par le personnage principal, Gus Landor, inspecteur à la retraite, et entrecoupé de quelques échanges épistolaires avec un élève officier qu'il va découvrir lors de son enquête : Edgar Allan Poe.
    A de nombreuses reprises, le narrateur s'adresse directement au lecteur, je sais que ça ne plaît pas à tout le monde et ça m'a moi-même dérangé au départ.

    L'intrigue se passe en huis clos, dans le camp militaire de West Point, aux Etats-Unis, ce qui est assez rare pour l'époque victorienne. Cependant, on ressent tout de même une atmosphère sombre, presque gothique avec ses scènes nocturnes et des allusions aux satanisme à cause du procédé du meurtrier.

    Si l'on découvre très rapidement la première victime, le récit m'a tout de même semblé très long à certains passages, notamment à cause de digressions sans grand rapport avec l'enquête et qui n'intéresseront pas forcément le lecteur... D'autant plus qu'ensuite, l'élève Poe arrive et nous abreuve de ses discours poétiques et de ses envolées lyriques.
    J'ai trouvé que le rythme de la lecture s'en ressentait vraiment et qu'il était parfois compliqué de retrouver le fil des indices à travers le bla-bla des deux personnages.

    Néanmoins, les 100 dernières pages se concentrent réellement sur l'histoire de base et l'intérêt revient immédiatement. J'ai été assez surprise par ce dénouement et certaines révélations, cependant, je pense que l'effet aurait été décuplé si l'auteur était allé droit au but, avec peut-être 200 pages de moins...

    05/02/2023 à 10:54 1

  • La Saignée

    Cédric Sire

    5/10 En bref, une petite déception pour ce nouveau roman d'un des grands-maîtres du thriller français... Une intrigue qui ne m'enchantait pas de base, des personnages antipathiques et un dénouement que j'avais deviné ; seule la plume addictive m'a fait tenir bon !

    J'ai adoré les thrillers de l'auteur que j'ai pu lire et je partais donc assez confiante dans celui-ci malgré une thématique qui ne m'intéresse pas particulièrement : le darknet. Néanmoins, je sais que l'écriture ainsi que la construction des romans de Cédric Sire m'emportent systématiquement.
    C'est d'ailleurs le seul point fort pour moi dans cette lecture, ce petit détail qui fait que mon appréciation n'est pas aussi mauvaise que ce qu'elle aurait pu être : la facilité à tourner les pages.

    Parce que, à part ça, rien n'a su me convaincre... Ni les personnages imbuvables à souhait et aux mœurs plus que douteuses, ni l'enquête en elle-même que j'ai trouvé beaucoup trop évidente, sans parler de la violence gratuite qu'elle soit physique ou psychologique.
    En effet, dans les 100 premières pages, des suppositions tournaient déjà dans ma tête. J'ai eu beau espérer tout le long que ce ne soit finalement pas ça et croiser les doigts pour que l'auteur arrive à me surprendre en beauté, j'avais quasiment tout deviné, la dernière révélation choc ne remonte pas vraiment le niveau.

    Si je dois retirer quelque chose de cette lecture, c'est bien la conclusion qu'il ne faut jamais donner une confiance aveugle à un auteur.

    05/02/2023 à 10:51 2

  • Pour rien au monde

    Ken Follett

    8/10 En bref, une intrigue de politique très facile à lire ! Ken Follett vulgarise avec brio des relations internationales qui me semblaient, au départ, très floues et nous montre ce que la quête de pouvoir peut engendrer : effrayant.

    Je suis agréablement surprise par cette lecture. Les romans politiques et d'espionnage ne sont pas vraiment ma tasse de thé, mais Ken Follett a réussi à rendre son roman (de quasi 800 pages quand même !) assez fluide et très accessible : pas besoin d'être un expert en relations géopolitiques pour comprendre ce qu'il se passe, la vulgarisation des échanges entre USA et Asie est très claire.

    J'ai beaucoup aimé les personnages, très humains malgré leurs hautes fonctions, avec des vies de famille et des problèmes personnels, comme tout le monde. Mention spéciale pour avoir inséré énormément de personnages féminins dans un milieu et dans un genre littéraire qui restent très masculins en temps normal. Les différentes petites "amourettes" ne m'ont pas dérangé non plus, cela permet vraiment de rendre l'ensemble crédible et toujours plus populaire, dans le sens où l'on ne se cantonne pas à une intrigue purement technique.

    Pour le dénouement, je suis assez satisfaite : c'est une fin ouverte et assez pessimiste, mais je pense que le but de l'auteur était surtout de montrer l'escalade des différents pays et comment une guerre d'ego se transforme en guerre nucléaire, laissant la version post-apo aux auteurs de SF.

    05/02/2023 à 10:45 1

  • Qui meurt à Noël ?

    Angelina Delcroix

    5/10 En bref, un thriller en huis clos qui ne m'a pas totalement convaincue... Tout est là pour créer une ambiance, mais des défauts gâchent un peu l'ensemble.

    Je crois bien que c'est mon premier thriller de Noël : l'auteure nous immerge dans une librairie un 17 décembre et va nous plonger petit à petit dans l'horreur jusqu'au jour J.

    Angelina Delcroix a tous les codes du thriller, cependant, certains détails dans cette histoire ruinent sa crédibilité. En effet, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages, même si certains sont tout de même sympathiques ou atypiques.
    La famille de l'héroïne, Alice, crée immédiatement un malaise, que ce soit dans leurs relations ou même dans leurs personnalités propres. Entre la sœur borderline et la mère culpabilisatrice au possible, il est difficile de s'y faire une place.

    Je pense qu'il y a, avant tout, un gros problème de développement dans ce roman. Beaucoup de thèmes sont abordés dans ces 300 pages, mais elles ne suffisent pas à approfondir ce qui est intéressant : la maladie psychiatrique par exemple, sans parler des difficultés à gérer cela pour les "aidants", qui doivent tenir à bout de bras un être humain à la dérive. C'est dommage, car la psychologie d'Alice est survolée, elle devient agaçante et pleurnicharde alors qu'en réalité, elle souffre autant voire plus que sa sœur de cette situation.

    Concernant l'intrigue, encore une fois, il y a du potentiel avec plusieurs scènes angoissantes, mais qui n'aboutissent pas totalement. Idem pour le dénouement qui est beaucoup trop rapide et posé là sans aucun indice antérieur pour que le lecteur se sente inclus. Quant au final, je serais ravie d'en parler avec celleux qui ont lu le roman !

    26/01/2023 à 15:48 2

  • Samedi 14 novembre

    Vincent Villeminot

    10/10 En bref, un roman classé jeunesse, mais qui peut se lire à tout âge. Le thème des attentats est dur mais particulièrement bien exploité dans si peu de pages.

    J'aime beaucoup le travail de Vincent Villeminot et j'ai tendance à lui faire confiance les yeux fermés. Ici, il sort de sa "zone de confort" du fantastique jeunesse pour nous livrer sa vision d'un drame humain qui restera dans toutes les mémoires : les attentats du 13 novembre 2015, à Paris.

    J'ai particulièrement apprécié le parti pris de l'auteur de ne pas parler des attentats mais de l'après, les heures et les jours qui ont suivi ce massacre, ce moment de flottement où l'on espère que ce n'est qu'un cauchemar, que ça ne peut pas nous arriver à nous.
    Avec différents points de vue, on découvre alors la douleur des victimes "collatérales" : les blessés, les familles endeuillés, les voisins des lieux des fusillades, des soignants qui ont dû gérer un plan blanc sans précédent, mais aussi celui d'un des terroristes.

    Ce court roman de moins de 250 pages est avant tout une leçon de vie et d'humanité face à une situation si violente. On y parle de tristesse, de deuil, de vengeance, mais aussi d'incompréhension, de doutes et d'amour. C'est vraiment une de mes lectures les plus marquantes de l'année par la profondeur du récit et la multitude d'émotions que l'on traverse à travers ces lignes.

    26/01/2023 à 15:44 1

  • L'ogre

    Jean Dardi

    7/10 En bref, un polar intéressant. Le commissaire Dell'Orso ne plaira pas à tout le monde, le ton de l'auteur non plus, mais l'intrigue est bien menée et captivante.

    Je découvre Dell'Orso, personnage récurrent de l'auteur, avec ce titre. Ce n'est pas très judicieux de commencer une saga en plein milieu, mais c'était l'intrigue qui me donnait le plus envie parmi celles republiées en poche aux éditions Inceptio, à l'occasion de la sortie du dernier tome "Gio". J'ai donc débarqué dans la vie assez chaotique d'un flic brisé par ses précédentes enquêtes et malmené par sa bipolarité : ce tome-ci me semble finalement assez soft par rapport à ce que l'auteur laisse entendre, Dell'Orso s'est isolé pour remonter la pente, il est conscient du gouffre dans lequel il est tombé.

    Si le ton cynique et désabusé de la narration peut laisser perplexe au départ, j'ai tout de suite accroché aux descriptions du décor planté par Jean Dardi. La vallée de l'Ubaye, au pied des Alpes, ses petits villages où tout le monde se connaît, mais où les petits secrets de chacun sont bien gardés... Une ambiance que j'adore, qui ajoute une dimension particulière avec tous ces non-dits et ces inimitiés centenaires. L'auteur met même en avant des légendes régionales, frôlant à plusieurs reprises le paranormal, pour épaissir le mystère de ces disparitions d'enfants.

    L'enquête est lente mais vraiment captivante, les indices sont distillés au compte-goutte et tout peut être remis en cause à tout moment tandis que l'évolution du héros le rend attachant même sans connaître en détail son passé. Les révélations sont maîtrisées malgré une intrigue qui s'avèrera plutôt classique pour les connaisseurs. J'ai cependant passé un agréable moment de lecture .

    26/01/2023 à 15:40 1

  • Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle

    Stuart Turton

    7/10 En bref, c'est une bonne lecture ! Exigeante, mais très intéressante et bien menée. Le talent de l'auteur, pour la narration et les intrigues à tiroirs est indéniable, mais il faut être bien concentré pour se lancer dans son roman.

    Le pari de Stuart Turton était risqué : tenir une intrigue sur presque 600 pages, avec une boucle temporelle, de nombreux personnages et un mystère à élucider... Et bien, bravo à lui, car c'est maîtrisé avec brio.
    Comprendre les 100 premières pages et réussir à assimiler la multitude d'informations que l'on nous déverse au fur et à mesure n'est pas simple mais ce roman vaut le coup d'être lu et apprécié à sa juste valeur. Il y a un travail considérable, que ce soit sur la diversité des personnages ou sur la cohérence de l'intrigue. D'ailleurs, j'ai sans doute laissé passer certains détails, des indices qui auraient pu mettre la puce à l'oreille au plus assidu des lecteurs, mais en refermant le roman, pour moi, ça fonctionne et c'est le principal.

    Il y a cependant un petit bémol, ce qui fait que ce n'est pas un coup de cœur. C'est peut-être dû au grand nombre de personnages que l'on rencontre, ou bien tout simplement au déroulé de l'histoire, mais il y a très peu de moments où l'on peut s'attacher aux protagonistes : le chassé-croisé dans les couloirs du manoir ainsi que la méfiance du héros envers tout le monde laisse le lecteur en guise de spectateur, sans l'inclure totalement.
    Je ne nie pas le développement psychologique, ni les réflexions sur les faux-semblants de chacun, néanmoins il manque une certaine dose d'émotion pour arriver à s'identifier à l'un ou l'autre.

    26/01/2023 à 15:29 2

  • La mort est parfois préférable

    Sacha Erbel

    8/10 En bref, un polar qui sort des sentiers battus en abordant des thèmes très intéressants.

    D'emblée, on sent que l'auteure sait de quoi elle parle... Que ce soit au niveau de l'enquête policière, des procédures judiciaires et de la hiérarchie ou encore au niveau plus personnel, avec cette maladie dévastatrice et envahissante. En effet, elle nous avoue en notes de fin qu'elle connaît les deux sujets sur le bout des doigts et cela nous permet de nous rendre compte la place qu'un handicap invisible peut avoir dans une vie, les conséquences mentales, physiques et relationnelles qu'il implique. Certains passages sont très durs émotionnellement, tellement la souffrance de l'héroïne est palpable.

    L'intrigue en elle-même est vraiment bien menée même si elle reste classique dans son déroulement. Encore une fois, Sacha Erbel choisit de partir sur des thématiques rarement abordées, et avec un bagage théorique qui assoit une vraie crédibilité dans le récit.

    Concernant les personnages, notamment le trio de tête Yan/Brath/Granulé, ils sont très attachants. J'ai parfois eu l'impression que j'arrivais en cours de saga tellement leur relation est déjà forte, on ressent un passif entre eux qui soude une amitié et une équipe de travail.

    Je suis ravie d'avoir découvert l'auteure, et je suis curieuse de la suivre dans ses prochaines aventures, et de peut-être retrouver Yan.

    11/01/2023 à 10:24

  • Si ça saigne

    Stephen King

    7/10 En bref, un recueil de nouvelles digne du King, on retrouve son talent de conteur et ses personnages si attachants.

    Ce recueil de nouvelles regroupe 4 nouvelles : "Le téléphone de Mr Harrigan" (adapté sur Netflix), "La vie de Chuck", "Si ça saigne" (⚠️ spoiler sur la trilogie "Mr Mercedes" et "L'outsider") et "Rat".

    Même si je me suis fait spoiler une fin de saga et un titre que je n'ai pas encore lu, ma nouvelle préférée est "Si ça saigne", notamment, car j'ai retrouvé des personnages que j'avais déjà beaucoup appréciés et qu'elle m'a donné envie de découvrir un autre roman. L'intrigue est bien menée et se suffit à elle-même malgré de nombreuses allusions à "L'outsider".
    J'ai également apprécié "Le téléphone de Mr Harrigan", car j'ai vraiment retrouvé ce que j'aime chez l'auteur : des personnages attachants, une vision cynique de la société (ici, sur la technologie) et un petit côté fantastique qui apporte le suspense.

    "Rat" et "La vie de Chuck" sont également de bonnes lectures, mais elles m'ont moins marquée. Les thèmes de prédilection de King sont quand même présents, comme l'écriture, la famille, etc.

    Je ne peux pas trop en dire pour ne pas tout vous raconter, mais si vous aimez l'auteur, n'hésitez pas. Si vous voulez le découvrir, je trouve que ses recueils de nouvelles sont assez significatifs de son œuvre globale, sans forcément devoir se lancer dans de gros romans.

    11/01/2023 à 10:15

  • Darling

    Jean Teulé

    9/10 En bref, l'histoire percutante d'une femme qui n'a jamais connu le bonheur... De sa naissance à aujourd'hui, Jean Teulé nous livre les épreuves qui ont construit et détruit "Darling".

    Entre récit et ébauches d'interview, Jean Teulé garde tout de même son style si particulier dans ce roman. La plume est crue, et particulièrement violente dans certains passages, à l'image de ce que la femme que l'on rencontre a vécu. Rien ne nous est épargné : violences, suicides, viols... Attention aux âmes sensibles !

    Je ne sais pas si Darling, Catherine de son vrai prénom, est réelle ou une pure invention de l'auteur mais on ne peut pas rester indifférent à cette histoire de vie si difficile. Des conditions de vie précaires dans une famille de fermiers à la violence des hommes qui vont jalonner sa vie, l'enfant puis la jeune femme va connaître le pire du genre humain.

    C'est compliqué de dire que j'ai aimé cette lecture, mais c'est, sans aucun doute, un roman qui me marquera un long moment et que je n'oublierai pas de sitôt. Jean Teulé confirme son talent de narrateur, malgré un style qui ne plaît pas à tout le monde. Dommage qu'il nous est quitté si rapidement...

    05/12/2022 à 10:37 2

  • Le brasier de justice

    Andrea H. Japp

    7/10 En bref, un premier tome intéressant, riche et à l'intrigue déjà complexe. Une plongée dans le Moyen-âge aux côtés de l'homme le plus craint de la société !

    Je découvre la plume de l'auteure avec ce titre et je suis agréablement surprise. Malgré le contexte historique, elle arrive à nous immerger totalement dans son histoire grâce à un récit fluide et de nombreuses notes de bas de page afin d'expliquer les termes les plus compliqués ou éloignés de notre quotidien contemporain. Ayant lu Maurice Druon, il y a peu de temps, la même époque est relatée de façon bien différente grâce à un choix narratif plus accessible ici.

    Le personnage principal, récurrent sur la trilogie, est très intéressant. Sa fonction de bourreau lui donne un statut très particulier dans la société moyenâgeuse et, si j'avais déjà pu découvrir cette fonction dans la saga de Patricia Le Sausse (Honnis, soient-ils ! - Éditions Elixyria), c'est un métier très complexe régi par des codes et des lois bien particulières. Andrea H. Japp aborde ainsi la dualité des sentiments, entre la Justice et la moralité, cette sensation de faire le bien tout en faisant le mal...

    L'intrigue y fait d'ailleurs allusion tout au long de ce premier tome puisque tout va commencer à cause de l'exécution d'une femme innocente qui va ensuite hanter les pensées du Bourreau. Cette quête de vérité va prendre une importance capitale pour l'homme et petit à petit, changer la vision de son métier et l'amener dans une enquête qui le dépasse. Le lecteur côtoie ainsi toutes les classes sociales de l'époque, allant du métayer au trône de France.

    03/12/2022 à 09:59 1

  • Après

    Stephen King

    6/10 En bref, un King court, peut-être trop court pour apprécier pleinement cette plume si particulière... Un goût d'inachevé pour cette histoire de fantômes, clairement pas la meilleure de l'auteur.

    Le résumé vous fera certainement penser à un célèbre film... Mais Stephen King nous montre ici la noirceur de l'être humain et son besoin cruel de toujours se servir des autres pour son propre profit. En effet, le jeune garçon, héros du roman, a un don surnaturel qui va permettre à son entourage proche d'arriver à leurs fins, plus ou moins honnêtes.

    Malgré l'intrigue assez bien menée, la rapidité du récit laisse en suspens de nombreuses questions, et une plume caractéristique que j'apprécie toujours. Je garde un sentiment de trop-peu, comme si l'auteur nous livrait un condensé d'une histoire qui mériterait beaucoup plus, une ébauche de quelque chose de plus grand. Les différentes parties du roman sont rapidement expédiées, les ellipses temporelles sont nombreuses et ne permettent pas vraiment de s'attacher aux personnages secondaires, de comprendre réellement les enjeux de chacun.

    Et quand on se résigne à terminer ce court roman d'à peine 350 pages, Stephen King nous lâche une bombe, une révélation inattendue, sur un détail mentionné ici et là, mais qui ne retient pas forcément l'attention du lecteur... Une bombe qui assomme, mais qui sonne malheureusement faux pour moi, un soufflé qui retombe à cause d'une explication bancale et encore une fois, bâclée en quelques lignes.

    03/12/2022 à 09:39 2

  • Il était une fois la guerre

    Estelle Tharreau

    7/10 En bref, un récit de guerre(s) qui prend aux tripes. Estelle Tharreau nous présente un héros brisé par ses missions militaires, abandonné par l'Etat, désavoué par son peuple... Le triste revers de la médaille.

    Depuis "La peine du bourreau" en 2020, Estelle Tharreau semble avoir pris un tournant dans ses romans : de thrillers de fiction purs et durs, ses récits deviennent des romans noirs, avec pour thème des sujets forts et percutants.
    Ici, elle nous parle de la guerre, celle que l'on ne voit pas, celle que l'on n'imagine même pas en étant un simple citoyen français : les sacrifices, les blessures physiques et psychologiques des soldats qui partent en mission sur d'autres continents, souvent pour des enjeux politiques ou économiques qui les dépassent totalement.

    Je ne suis pas forcément fan des récits de guerre d'habitude, car toutes les parties tactiques et politiques. Mais l'auteure nous parle du côté humain de la guerre, de ce qu'il se passe pour ces hommes qui choisissent de défendre les intérêts de leur pays. On retrouve de nombreuses fois la dichotomie entre le départ glorieux des troupes vers les missions et le retour avec ces reproches, cette violence et ces clichés balancés à la figure des soldats, mais aussi des familles.

    J'ai été extrêmement touchée par la vie du soldat Braqui, malgré quelques passages où la chronologie est un peu floue, mêlant les différents départs en mission, les retours et les moments de vie en famille. Cependant, la dérive, lente et insidieuse, est bel et bien là, accentuée par l'abandon total de l'État et de la hiérarchie militaire pour la réinsertion des anciens soldats dans une vie qui leur semble vide et futile après tant d'horreurs endurées.
    Ce thème avait déjà été abordé dans ma lecture du roman de Jean-Christophe Rufin, "Le collier rouge" : un siècle a passé et rien n'a malheureusement changé.

    Un seul petit bémol me laisse un goût d'inachevé... Le final est un peu trop rapide pour moi, pour qu'on puisse prendre toute la dimension de l'impact psychologique sur le héros.

    03/12/2022 à 09:33