El Marco Modérateur

3257 votes

  • Son dernier souhait

    Blake Pierce

    6/10 Un GMB, pour glioblastome multiforme : voilà que ce la jeune agente du FBI Rachel Gift a de logé dans le cerveau. Le verdict du médecin est sans appel : il ne lui reste qu’un an à vivre. Mariée et mère d’une délicieuse fille, elle voit donc sa vie s’écrouler et, tandis que le désespoir s’est installé, elle se voit confier une affaire : des femmes poignardées au niveau du ventre et qui suivaient un protocole de lutte contre l’infertilité afin de tomber enceintes. Avec son collègue Jack Rivers, la voilà donc lancée aux basques d’un tueur en série.
    On retrouve ici la plume de Blake Pierce, avec ses indéniables qualités comme ses défauts récurrents. Une plume simple et alerte, une histoire qui plutôt concise qui permet de passer quelques agréables heures de lecture, un scénario classique mais efficace, et la découverte d’une nouvelle héroïne. Du côté des écueils, on perçoit de nouveau une protagoniste qui officie seule, sans véritable utilité de son partenaire, une fin un peu téléphonée et un serial killer qu’elle s’en va rencontrer en prison afin d’essayer d’obtenir des infos, un truc qui vient comme un cheveu sur la soupe et éculé comme ça n’est guère permis depuis « Le Silence des agneaux ». Néanmoins, le niveau d’écriture est ici un peu plus soutenu et travaillé qu’à l’habitude, avec notamment quelques beaux passages sur les tourments de Rachel quant à sa maladie incurable et si elle doit ou non en parler à ses proches, et le livre procure son lot congru de tensions et de plaisir, répondant donc au cahier des charges qui s’était ici imposé. Rien de bien transcendant ni de mémorable, donc, mais un roman satisfaisant et plutôt efficace, s’achevant de manière classique mais prenante avec une demande émanant de Lynch, ce tueur en série emprisonné.

    14/02/2024 à 18:43 3

  • Pumpkin Night tome 2

    Masaya Hokazono, Taniguchi Seima

    7/10 Ce manga slasher reprend de plus belle avec une infirmière poignardée dans l’œil par la créature tueuse à la tête de citrouille avant que cette dernière ne poursuive le massacre en utilisant les outils trouvés dans le bloc opératoire. Naoko Kirino continue donc sa croisière meurtrière dans cet opus sans réel éclat scénaristique et qui joue à fond les codes du genre, et c’est aussi pour ça que le lectorat l’appréciera. Rien dans la violence trash et décomplexée ne nous est épargnée – au point que ça en devient presque parodique – et même si ce type de manga n’est que moyennement ma tasse de thé, il a au moins un mérite : divertir et offrir franchement ce qui était annoncé, sans tromperie sur cette marchandise littéraire.

    12/02/2024 à 20:04 2

  • Versailles Of The Dead tome 5

    Kumiko Suekane

    1/10 A part cette histoire d’avant-bras mal ressoudé à son emplacement originel [sic], un début mollasson et bavard pour ce cinquième et ultime opus de cette série qui j’ai bue avec l’entrain d’un môme absorbant de l’huile de foie de morue. Une vision pathétique et réductrice de la Révolution française (des deux côtés de la barrière, d’ailleurs) digne d’un cancre niveau maternelle, des émeutiers qui ne sont jamais plus d’une dizaine et qui se transforment brutalement en zombies, les gardes suisses qui les voient lançant instantanément « Des morts-vivants ! » (normal, c’est vachement courant d’en voir à l’époque), des pierres précieuses tombant du cou de Marie-Antoinette décapitée, sans parler d’un épilogue, de nos jours, tellement attendu et pitoyable que ça a au moins eu le mérite de me faire éclater de rire. Pour conclure, une série aussi ratée que débile, qui mélange tout et n’importe quoi, marquée du sceau d’un mauvais goût vertigineux et dont le ridicule est d’autant plus total que l’auteur ne semble même pas avoir eu conscience d’avoir signé un naufrage scénaristique mémorable.

    11/02/2024 à 18:57 2

  • Parasite Reversi tome 5

    Ohta Moare

    7/10 J’avais un peu perdu les tenants et aboutissants de l’intrigue vu que cela fait déjà plus d’un an que je n’ai pas remis mon nez dans cette série, mais je retrouve au moins l’intelligence du graphisme (apparemment calme et atone, mais singulièrement soigné et réussi) tandis que Tatsuki affronte à l’aide d’un arc et de flèches le terrible Ebisawa. Le rythme se poursuit tranquillement, sans coup de sang ni réelle fièvre, et l’on suit avec intérêt cette paisible invasion de ces nuisibles tandis que les humains cherchent les moyens d’y mettre un terme.

    10/02/2024 à 18:29 2

  • La neige était sale

    Georges Simenon

    6/10 Dans une ville anonyme d’un pays tout aussi anonyme (probablement l’Allemagne d’après les noms de famille et la toponymie) d’après-guerre, Frank Friedmaier, même pas vingt ans, est un oisif de la pire espèce. Sa mère tient un bordel, il « consomme » certaines de ces filles, fréquente les mauvaises personnes. Il en vient à tuer « L’Eunuque », un officier auquel il vole son pistolet, se lance dans un trafic de montres et tue une autre victime : le début d’une chute qui le mènera à la mort et, qui sait, parallèlement, à une sorte de rédemption.
    Je suis un fan absolu de l’œuvre de Georges Simenon, et j’ai retrouvé ici ce dont je raffole chez l’écrivain : une écriture sèche, des personnages tourmentés, une ambiance lourde décrite avec une immense économie de mots. Frank, en raté absolu se laissant glisser vers le crime, compose un protagoniste sale, rongé par le vice, peut-être davantage victime des circonstances, de ses fréquentations et du grand laisser-aller ambiant, et qui va sombrer vers la déchéance. Cependant, si j’ai apprécié cet ouvrage, il ne fera assurément pas partie de mes préférés. En cause, un manque de concision, là où Georges Simenon brille habituellement (pas loin de 280 pages ici, dont beaucoup sont inutiles à mes yeux), et une atmosphère qui est si sombre et délétère que même moi, ça m’a gêné : il y est question de crimes faciles, comme on pèle une orange, de sexe délesté du moindre sentiment, de recherche de filles jeunes (pédophilie latente) et de préférence vierges. Je ne suis pourtant pas prude, mais ici, avec le talent de l’auteur pour accroître les ténèbres, ça en devient méchamment pesant. Il y a certes le final qui brille par cette lueur d’espoir et de réhabilitation, mais l’ensemble, étouffé, étouffant, quoiqu’indéniablement réussi, m’a en grande partie asphyxié.

    08/02/2024 à 18:49 5

  • Harry Potter à l'école des sorciers

    J. K. Rowling

    7/10 Je n’ai découvert la lecture concrète de cette série célébrissime qu’il y a quelque temps, et, même si je n’en suis pas fan, je dois bien reconnaître que ce fut plaisant. Comme il est écrit dans le premier chapitre à propos de Harry Potter : « On écrira des livres sur lui. Tous les enfants de notre monde connaîtront son nom ! ». Le début m’a paru un peu longuet et j’ai ressenti des pertes de vitesse, des coups de mou dans l’histoire. Qu’importe : ce premier tome de la saga permet de planter les personnages, le contexte, le style et l’ambiance, et les quelque trois-cents pages ont été rapidement avalées. De la littérature accessible – s’adressant autant aux jeunes qu’aux moins jeunes – et qui m’a offert une sympathique digression dans mes lectures de polars. Cela étant, je ne suis pas spécialement fan de magie et de ce type d’histoires en général, mais il n’est pas dit que je n’y revienne pas plus tard.

    07/02/2024 à 19:59 4

  • Myth

    Sylvain Cordurié, Giovanni Lorusso

    7/10 Myth, un gobelin sacrément doué pour voler et s’échapper des griffes de ses poursuivants, fanfaron, blagueur, souvent grossier quand il s’exprime : un antihéros de rêve, contraint par un guerrier de dérober un bijou (on ne refuse rien à un individu qui tranche des têtes aussi facilement). Une BD d’aventure réussie, haute en couleur, et avec un bel humour salvateur, où l’action, la violence, les créatures inquiétantes et le dynamisme ne manquent pas. Ce Myth est sacrément amusant, une sorte de Hellboy version fantasy.

    07/02/2024 à 17:44 2

  • Esteban

    Cécile Jugla, Franck Thilliez

    8/10 Encore sous le coup de la révélation qui a eu lieu à la fin de Nicolas, Esteban se réveille auprès de parents… qui ne sont pas les siens. Le mystère s’amplifie avec un étrange cirque, Le Mysticus, puis d’autres improbables apparitions qui surviennent. Esteban serait-il prisonnier d’un nouveau cauchemar ? Ou est-il définitivement devenu fou ?

    Ce troisième tome de la Brigade des cauchemars est aussi réussi que les premiers. Novelisé par Cécile Jugla qui a pris le relais d’Agnès Laroche décédée en février 2023, ce roman ne pourra que plaire aux lecteurs ayant apprécié jusqu’à présent cette série. On y retrouve un scénario fort riche et détonnant, qui plonge d’entrée de jeu notre jeune héros dans une situation hautement improbable. Et la suite des événements est également singulière : une biche présentant la même tache de naissance en forme de demi-lune que lui, un cirque énigmatique, un bestiaire tout droit sorti de la mythologie, un passage à bord du Titanic au moment du naufrage, etc. Encore une fois adapté des bandes dessinées conçues par Franck Thilliez, cet ouvrage bénéficie en outre des illustrations très réussies de Yomgui Dumont qui en viennent à remplacer certains dialogues pour une narration dynamique. De nombreuses questions naissent, et certaines ne viendront probablement que par la suite, et l’on se réjouit déjà de la sortie en janvier 2024 du quatrième tome, Mélissandre.

    Une nouvelle réussite pour ce troisième opus d’une série qui est probablement l’une des plus originales et prenantes qui soient.

    06/02/2024 à 06:57 3

  • Le Déluge

    Yohan Barbay, Eric Corbeyran

    6/10 Howard vient de faire un cauchemar au cours duquel Sally était emportée par les eaux. Persuadé que c’est prémonitoire, il décide de quitter l’étrange bâtiment où il se trouve pour voler à son secours.
    Une atmosphère très curieuse, entre steampunk et SF, où il est question d’un ancien déluge qui aurait tout balayé sur son passage. Une esthétique réussie, une histoire plutôt agréable mais encombrée par des termes issus de « l’argot carabin » expliqués en fin d’ouvrage. Rien de sensationnel selon moi à ce stade du triptyque mais ça reste plutôt plaisant.

    05/02/2024 à 18:03 2

  • Une Femme de ménage

    Jérémy Bouquin

    8/10 Si vous demandez à Sandra quel est son métier, elle vous répondra « femme de ménage ». Sauf qu’elle s’est spécialisée dans une branche très particulière de l’hygiène : les scènes de crime. Un cadavre à faire disparaître ? Une pièce à nettoyer de son sang ? Pas de problème : contre plusieurs milliers d’euros, elle peut s’en charger. Mais dernièrement, plus rien ne va : un mafieux qui apparaît, un tueur en série adepte du vampirisme et de l’art, un amant dont l’épouse devient hargneuse…

    Jérémy Bouquin livre ici un roman à suspense qui démarre sur les chapeaux de roues. On est immédiatement séduit par l’écriture et le style : plume sèche, phrases hachées, et les pages défilent à toute allure. Sandra, en agent d’entretien post-carnage, s’illustre également. Jeune et plutôt jolie, elle tente de vivre son idylle avec Roman, boulanger, tandis qu’elle continue de dessiner, dans la ferme qu’elle occupe, des croquis représentant des monstres impossibles qu’elle destine à la littérature jeunesse mais dont aucun éditeur ne veut. Elle travaille comme un forçat, engrange de l’argent, et son binôme avec Greg, un avocat qui lui dégote des contrats juteux – et sanglants – continue de prospérer. Mais les nuages s’amoncellent, avec ce serial killer adepte du bondage, des mises en scène baroques et des prélèvements sanguins à forte dose, sans même parler de ces inconnus qui se mettent à la suivre ou de ces roses qu’elle découvre chez elle. Les quelque deux-cents pages sont tout bonnement avalées et, même si le dernier tiers a un peu tendance à s’effilocher entre les diverses histoires, il faut garder à l’esprit que Jérémy Bouquin dresse avant tout le portrait d’une femme nettoyeuse et côtoyant la pègre et les prédateurs de la pire espèce avant de… non, nous vous laissons le découvrir.

    Un très bon ouvrage, concis et percutant, qui inaugure la série Les Errants de la plus belle des manières : avec talent et efficacité.

    05/02/2024 à 07:01 2

  • Xue Dan

    Marco Dominici, Thomas Mosdi

    7/10 Macao, 10 avril 1706 : à peine débarquée, on attente à la vie d’une jeune femme. Un scénario prenant et efficace de bout en bout, à l’esthétique très réussie. Les combats avec des épées sont efficaces, et le sexe n’y est que suggéré et non explicite, ce qui est bien mieux selon moi.

    04/02/2024 à 14:56 2

  • Death Penalty

    Jean-Claude Bartoll, Munch

    4/10 Dépaysement garanti entre le Texas et la Libye, avec Najah recluse dans un pénitencier (et tous les stéréotypes du genre : je crois que les auteurs n’ont oublié d’en cocher aucune case) et le lever du drapeau noir de l’islamisme. Les clichés abondent, et je crois que l’on a déjà vu toutes ces scènes ailleurs, dans d’autres livres ou films. Le propos n’est pas non plus totalement inintéressant mais il a engendré chez moi bâillements et sourcils dressés par le détachement, d’autant que je n’ai pas particulièrement apprécié le graphisme, ici confié à Munch.

    04/02/2024 à 07:50 2

  • Igai tome 2

    Tsukasa Saimura

    5/10 Toujours rien de très transcendant dans ce deuxième opus, si ce n’est l’un des personnages qui a établi une fiche où l’on voit les intervalles durant lesquels les créatures retournent à leur état de zombies et ceux où les survivants peuvent être tranquilles, ou encore l’incendie du gymnase. Le graphisme est sympathique et réussi mais le propos est beaucoup trop convenu. C’est plutôt distrayant mais ça n’égale nullement tout ce que l’on a déjà lu sur le sujet. A réserver aux fans du genre.

    04/02/2024 à 07:48 2

  • Une Bonne Raison de mourir

    Arthur Caché

    8/10 Beryl Schaeffer, policière à la Crim’, n’a pas eu la possibilité de prendre l’appel téléphonique de Pavel Novak, un ancien géologue. Quand la policière se rend au domicile de ce dernier, il a déjà disparu. Cet ancien ami du père de Beryl, assassiné en raison de son ardent militantisme écologique, souhaitait la contacter à propos d’une information de la plus haute importance. Un secret incroyable et pour lequel on n’hésite pas à tuer, qui va mener la jeune femme en Turquie.

    Après Le Cercle des hellébores noirs, Arthur Caché nous revient avec ce thriller très inspiré et efficace. On est séduit d’entrée de jeu par le rythme du récit : les chapitres – très courts – s’enchaînent à merveille, les découvertes et les rebondissements aussi, et le style à la fois épuré et limpide de l’auteur s’impose en venant parachever cette fluidité narrative. Les personnages des enquêteurs séduisent également, de Beryl, policière solide et rigoureuse, encore hantée par l’assassinat de son père et meurtrie par d’étranges brûlures sur le corps, à Rudy Ferey, son adjoint, solide boxeur prêt à toutes les bravoures pour s’acquitter d’une ancienne dette morale, en passant par Ara Cenzig, ancien flic turc à l’allure de « cowboy aux yeux bleus ». Le sinistre complot est très réussi, à la fois original et crédible, et même les lecteurs les plus chevronnés voire blasés ne pourront que reconnaître sa singularité. Certes, les derniers chapitres cèdent parfois à quelques facilités, mais on ne peut être qu’enchanté par une telle maîtrise scénaristique.

    Une histoire atypique, une écriture survitaminée, un livre concis et sans le moindre temps mort : il n’en fallait pas plus pour qu’Arthur Caché s’invite avec aisance dans le club pourtant fermé des jeunes auteurs dont il nous tarde déjà d’avoir de leurs nouvelles.

    02/02/2024 à 06:57 4

  • Proies

    Andrée A. Michaud

    8/10 Tout laissait augurer un bel événement. Judith, Abigail et Alexandre sont partis en forêt pour y camper. Le long de la rivière Brûlée, la saison est agréable, les amis s’entendent à merveille et leur paquetage est complet. Mais un drame survient : un inconnu armé d’un fusil calibre .308 se manifeste, prend presque comme un jeu d’effaroucher les adolescents, jusqu’à ce que la plaisanterie prenne une tournure sanglante : un mort, un survivant et un disparu. A Rivière-Brûlée, le village adjacent, l’ambiance était festive pour la fête agricole annuelle, et rien ne pouvait laisser penser que l’excursion de ces trois jeunes gens aboutirait à la confusion, la peur, le sang et la mort. Et il ne faut désormais que peu de choses pour que la petite communauté n’implose.

    Andrée A. Michaud nous avait déjà régalés avec Lazy Bird, Rivière tremblante ou Bondrée, et elle nous revient avec ce roman noir d’une excellente tenue. Son style étonne et séduit très rapidement : les québécismes abondent tandis que le discours indirect libre est exploité à foison. Dans le même temps, l’écrivaine plonge le lecteur dans le drame dès les premières pages. Néanmoins, à la lecture du résumé de l’éditeur, on pourrait penser à une variation sur le thème développé dans le livre Délivrance de James Dickey, ce qui serait faux : il s’agit moins de la survie d’individus plongés dans une Nature hostile – même si cet élément fait partie du récit – que d’une analyse simple et hautement crédible des secousses qui agitent la communauté humaine dont ils sont issus. Avec des mots élémentaires quoique ciselés, Andrée A. Michaud nous montre à voir les réactions chez les habitants, des membres de la famille endeuillée aux proches de l’ado qui a disparu, sans oublier deux personnages ayant pris part à la tragédie, à savoir Gerry Nantel et Shooter Gobeil. Les sentiments humains sont parfaitement rendus, des attitudes poignantes aux émotions contradictoires, et l’auteure, avec une belle économie de moyens qui n’affaiblit nullement ce large panel de désarrois, nous narre finalement la désagrégation d’une microsociété et le poids effrayant de la culpabilité individuelle. C’est à la fois étourdissant et évident, simple et savamment construit, effarant et somme toute si rationnel.

    Un roman noir vraiment très bon, gorgé des errements, des fragilités et des bassesses des hommes ici dépeints. Une fresque – jamais caricaturale – de ce que nous sommes, sans artifice ni mystification.

    01/02/2024 à 06:57 7

  • I am a Hero tome 5

    Kengo Hanazawa

    7/10 Hideo Suzuki et Hiromi Hayakari ont vécu en direct le speech du ministère de la santé, et elles ne sont vraiment pas rassurantes. Malgré leurs prières, la violence revient à la charge, notamment avec des bébés très voraces. Les planches représentant la foule sont vraiment très bien faites, au même titre que celles de l’attaque de la voiture par le nourrisson. Alors que j’en suis donc au cinquième tome de la série, je me suis vraiment bien fait à ses ambiances autant qu’à son manque d’action, le mangaka ayant privilégié les tensions et la lente déchéance du Japon pris par cette épidémie de morts-vivants.

    31/01/2024 à 19:57 2

  • Le Silence des repentis

    Kimi Cunningham Grant

    8/10 Cooper et sa fille de huit ans – bientôt neuf – vivent désormais dans une cabane blottie dans les Appalaches, à l’écart du monde. Reclus volontaires, ils sont parvenus à survivre en puisant dans les ressources des bois environnants, faisant de leur mieux pour revenir vers la société le moins possible. Si l’on ignore dans un premier temps les raisons de cet isolement, ils peuvent au moins compter sur l’apport annuel de vivres grâce à Jake. Sauf qu’à la date traditionnelle, Jake ne vient pas. Il se pourrait alors que le passé finisse par retrouver la trace du père et de son enfant, et la destinée leur jouer un tour bien étrange.

    Voilà le premier ouvrage traduit en français de Kimi Cunningham Grant, et c’est un doux euphémisme que de dire que ce roman est puissant. La plume de l’écrivaine est redoutable d’efficacité, belle et poignante, et il est impossible d’être surpris en apprenant qu’elle a obtenu deux fois le prix Dorothy Sargent Memorial Prize pour sa poésie. On apprend à connaître Cooper et Finch, dont on découvre assez vite qu’il s’agit là de faux prénoms destinés à brouiller les pistes, ce mensonge et leur confinement destinés à les préserver du passé. Mais ils ne sont pas tout à fait seuls dans leur désert végétal, puisque Scotland, un ermite mystérieux et plus enclin à la sociabilité qu’il n’y paraît, va rapidement découvrir leur présence et se lier d’affection pour eux. Kimi Cunningham Grant maîtrise parfaitement la narration, ménageant d’habiles moments de suspense et de tension, où chaque incursion dans le monde dit civilisé est une expédition autant qu’un risque qu’on leur remette le grappin dessus, sans même parler d’une affaire de disparition qui va percuter de plein fouet nos deux héros. Ces derniers sont d’ailleurs criants de vérité : denses, crédibles, aux attitudes brillamment dépeintes, avec une inclination particulière pour Finch, gamine sacrément dégourdie, aux répliques souvent sidérantes de maturité, et dont la personnalité a en partie fusionné avec la forêt. L’histoire est à la fois simple et malicieuse, faisant briller de mille feux la nature adjacente autant que les psychologies des personnages. Le final, inattendu, est en soi un pur régal : il fait délicieusement écho à l’humanité qui palpite dans les veines et artères de ce récit prenant et déchirant, portant un éclairage assez particulier sur le sens du mot sacrifice.

    Un roman brillant et touchant, tout en sobriété et en générosité, s’intercalant entre la littérature blanche et la noire. Des nuances aussi troublantes, on ne peut qu’en redemander.

    31/01/2024 à 07:00 3

  • La dame de Dubaï

    Dominique Bertail, Thierry Smolderen

    5/10 Falloujah, Istanbul : un homme d’Al-Qaïda tombe aux mains de mercenaires de Caesar’s Hand et continue d’être torturé pour qu’il avoue l’emplacement d’un trésor. On suit ensuite la milliardaire Chamza mener la grande vie aux côtés d’une autre jeune femme, Lindsey, avant qu’elles ne soient rattrapées par la violence.
    Esthétiquement, c’est très réussi, mais scénaristiquement, le bon côtoie le beaucoup moins bon. Des passages très longuets et bavards, des fils de l’intrigue qui peinent à s’entrelacer, et un sentiment global de superficialité et d’un certain gâchis.

    30/01/2024 à 19:37 2

  • Au-delà

    Antoine Ozanam, Sébastien Vastra

    7/10 Norman, un homme qui fut autrefois condamné à la peine capitale pour meurtre, écrit à sa fille, Mika. Bien des années plus tard, cette dernière apprend que son père n’est en réalité pas mort et que son cerveau a été utilisé pour être intégré à un robot, le sergent AZZ232.
    Une esthétique réussie et un scénario plutôt prenant qui mêle extraterrestres, combats façon gladiateurs, créatures dignes de la fantasy, espace et exploration souterraine. Ça n’est pas follement original mais ça n’en demeure pas moins efficace.

    29/01/2024 à 18:56 2

  • Survivor's club tome 3

    Anajiro, Aoisei

    8/10 … ou comment un simple vol à l’étalage peut prendre d’énormes propensions, autant le début d’un harcèlement scolaire pour celui qui l’a commis qu’une amitié durable avec sa dénonciatrice. Une entame intelligente et maîtrisée pour ce troisième et dernier tome de la série. Un opus dont la – relative – violence fait intelligemment écho aux drames voire aux tragédies vécues par les proies des intimidateurs qui « s’amusent » à pressurer et brutaliser les faibles ainsi que les individus différents. Les réponses sont toutes présentes, l’aspect policier n’est pas négligé, et quelques ressorts scénaristiques sont habilement trouvés. Globalement, un très bon tome autant qu’une très bonne série.

    28/01/2024 à 17:58 2