El Marco Modérateur

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  • Kurosagi - Livraison de cadavres tome 7

    Ôtsuka Eiji, Yamazaki Hôsui

    7/10 Parce que le travail physique a fini par user nos experts du surnaturel, ils décident de se tourner vers l’achat d’un robot/exosquelette. Dans le même temps, un cadavre disparaît du funérarium. Une intrigue sympa, mais sans plus. Une dame renversée par un camion à un passage pour piétons et des hallucinations auditives : j’ai retrouvé plus ici la « marque » de la série, avec le côté surnaturel poussé et les scènes fortes (comme la découverte de la « femme-oreilles »). Puis un tournage de film (« Détective d’outre-tombe ») où une tête tranchée prétendument fausse se révèle vraie. Au final de ces trois récits, encore un bon moment de lecture pour cette série qui continue de me ravir.

    24/08/2020 à 08:22 2

  • La Isabela

    Mateo Guerrero, Sylvain Runberg

    7/10 La Isabela est la cité-capitale sur l’île d’Hispanola. Un bastion qui résiste sans difficulté aux assauts des Omeykhims. A l’intérieur des remparts, l’Inquisition, dirigée par le cardinal Torquemada, alors qu’une épidémie de choléra pourrait bien réduire à néant la résistance de la ville. Et voilà qu’arrive un aventurier, membre des Hyppocrates. Jakob Kayne, le dernier des mange-mémoire, dont nul ne peut se souvenir du visage, également alchimiste et guérisseur. Une BD qui m’a d’abord épaté par son graphisme, fort et prenant, puis par son intrigue, tout aussi prenante et efficiente, mélangeant habilement personnages historiques revisités et grand souffle d’aventure, créatures surnaturelles (juste esquissées) et action trépidante. Un cocktail qui aurait pu tourner au pot très pourri mais qui, au final, m’a ravi et beaucoup distrait.

    24/08/2020 à 08:21 2

  • La Fin des Romanov

    Benoît Abtey, Jean-Baptiste Dusséaux, Mayalen Goust

    6/10 1917, en Russie. Alors que la guerre meurtrit le pays et que les communistes commencent à agiter les foules, Ania et Volodia s’aiment. Elle est fille du tsar, il est soldat, et ce dernier connaît déjà l’homme que l’on connaîtra mondialement plus tard sous le sobriquet de « Staline ». Une romance sur fond de conflit armé, les soubresauts de la révolution, les harangues de Lénine, bref, tous les éléments constitutifs de l’époque et des combats de l’époque, avec la toute dernière planche présentant un dilemme insoutenable. Si le graphisme m’a plutôt plu, j’ai eu du mal à me passionner pour l’intrigue qui, par-delà certains faits réels, m’a surtout paru enquiller les clichés (l’anachronisme du Café Pouchkine est-il voulu ?). Bref, rien de palpitant à mes yeux, mais ça se laisse lire.

    24/08/2020 à 08:20 2

  • Le Pays des oubliés

    Michael Farris Smith

    9/10 Jack Boucher n’en peut plus. Cabossé à l’extrême, le corps et l’âme à l’agonie, il sait que sa vie de quadragénaire touche à sa fin. Mais il peut encore accomplir un dernier acte valeureux : empêcher que la maison de Maryann, celle qui l’a recueilli quand il avait douze ans, ne soit reprise par les banques. Pour cela, il doit trouver au plus vite de l’argent, quitte à affronter Big Momma Sweet, la prêtresse des combats clandestins, et accepter un ultime affrontement.

    Michael Farris Smith, après les très réussis Une Pluie sans fin et Nulle part sur la terre, signait cette nouvelle prouesse littéraire en 2018. Un opus gorgé de noirceur dont le titre – bien plus riche que l’original, The Fighter, porte déjà en lui la promesse de ténèbres. C’est avant tout l’histoire de Jack. Un individu usé jusqu’à la corde, jusqu’à la rupture. Enfant abandonné, recueilli à l’âge de douze ans par Maryann, une lesbienne honnie de tous, et qui vivra à l’école ses premières douleurs, ses premières humiliations, et ses premiers combats. Depuis, il va (sur)vivre grâce aux combats, l’amoindrissant lentement. Désormais, il n’est plus qu’une loque humaine, alcoolique et junkie, ne pouvant tenir que grâce aux antidouleurs et au whisky, victime de terribles maux de tête, incapable de retenir les noms de ses connaissances au point de devoir écrire chaque nom sur un carnet. C’est également son histoire avec Maryann, sa mère adoptive, avec laquelle il a noué de puissants liens et pour laquelle, tel un acte de rédemption, il va accepter de descendre dans l’arène, à peine moins cruelle que l’antique fosse aux lions, pour une dernière bagarre avec Ax, un colosse. En à peine deux cents cinquante pages, Michael Farris Smith livre un véritable brûlot, saturé de noir, poisseux comme cela n’est guère permis. On y trouvera d’autres individus, féroces et maltraités, comme Big Momma, qui a pris une sacrée revanche sur l’existence en devenant la grande ordonnatrice des rixes, la jeune Annette en quête de son père biologique, ou encore ces forains. La construction narrative est en soi un écho à ce récit chaotique, avec un discours direct dégagé de deux-points et autres guillemets.

    Un remarquable opus, aussi court que brutal, qui lacère de pied en cap. Un formidable hurlement humain, qui prouve assurément, s’il en était encore besoin, que les plus désespérés sont les chants les plus beaux.

    19/08/2020 à 08:21 7

  • Sherlock Nonosse & le mystère des additions & soustractions

    John Bigwood, Jonny Marx

    8/10 Parce que les mathématiques ne constituent pas nécessairement un enchantement pour nos chères têtes blondes, deux auteurs, John Bigwood et Jonny Marx viennent de lancer un concept intéressant : proposer d’apprendre les calculs grâce à un livre-jeu. Ici, ce sont les additions et soustractions avec lesquelles les jeunes vont se familiariser et pratiquer. Un énième cahier scolaire ? Nullement ! Un ouvrage très malin, magnifiquement illustré, et proposant de résoudre des énigmes policières dont la difficulté va aller crescendo. Les bases sont expliquées, puis le lecteur devient véritablement acteur de ses apprentissages, lui enjoignant de résoudre les opérations et de trouver les résultats qui sont cryptés, mais qu’une loupe détachable permet de faire apparaître. Et les devinettes deviennent rapidement addictives : on se plaît à faire chauffer ses petites cellules grises aux côtés de Sherlock Nonosse et de Docteur Chatterton, aux prises avec leur ennemi juré en la personne du professeur MalfRat, un rongeur de la pire espèce. Traque dans les égouts, cachette à débusquer, cambriolages, passages secrets à découvrir : rien ne sera épargné à nos limiers, ou plus exactement aux jeunes lecteurs qui prendront un plaisir fou à se frotter à l’algèbre : un paradoxe qui prouve la qualité de cet ouvrage, sorti en même temps que Sherlock Nonosse et le mystère des tables de multiplication.

    19/08/2020 à 08:16 2

  • Tirez la chevillette !

    James Hadley Chase

    8/10 … ou comment Chet, travaillant pour une entreprise de dépannage de coffres-forts, en vient à voler l’un de ses clients avec l’aide de son ami, se fait prendre, va en prison et s’en évade avant de trouver un asile agréable auprès de Jenson et de son épouse, Lola, dans une station-service qui fait également restaurant. Mais il se trouve que sur place, à encore, l’appât du gain et le désir continueront de lui jouer des tours. Un ouvrage noir, dans la plus pure tradition du genre, avec son lot de personnages et de situations attendues : le pauvre type sur qui le sort semble s’acharner, les vilaines coïncidences, la femme fatale, les bonnes poires qui se font avoir, etc. Je retrouve avec plaisir le style de James Hadley Chase, simple et expéditif, ce qui ne l’empêche nullement de trouver quelques belles formules et autres réparties. L’histoire (qui commence pourtant bien mal avec ce titre, « Tirez la chevillette », sans le moindre intérêt), quoique classique, enfile avec pas mal d’entrain et de talent ce que d’aucuns qualifieraient de clichés, mais qui apparaissent ici à mes yeux comme des moments nécessaires, presque des passages obligés. L’intrigue est vraiment réussie, et je me suis laissé emporter, de la première à la dernière page, par ce livre bien ficelé, et dont le final, pour une fois chez l’auteur, pas du tout happy end et guimauve, souligne une ultime fois la réussite. Cela faisait pas mal de temps que je n’avais pas lu de romans noirs de cette époque, voilà qui me donne non seulement envie d’en relire, mais également de me reprendre d’autres bouquins de James Hadley Chase.

    18/08/2020 à 08:13 4

  • Pluto tome 3

    Naoki Urasawa

    8/10 Un dessin toujours aussi fin et léché (notamment dans les expressions des visages et, par exemple, dans ce joli détournement vestimentaire des membres du KKK). Gesicht demeure un personnage très intéressant, bien loin esthétiquement de l’univers typique des mangas. Une émotion toujours palpable (particulièrement quand l’opus met en scène la jeune Uran), le suspense limite paranoïaque (quand on évoque la chose nommée « Bora »), et l’intrigue continue de se tisser avec intelligence. Je vais poursuivre avec les tomes suivants, que j’espère tout aussi alléchants.

    18/08/2020 à 08:10 2

  • La Machine à démourir

    Bruno Gazzotti, Fabien Vehlmann

    6/10 Après la neige, le salon du jouet. De l’action au milieu des joujoux, des dessins réussis, une course-poursuite sympa entre le maître des couteaux et Terry, mais à part ça, il ne s’y passe vraiment pas grand-chose, et surtout, pas grand-chose qui fasse avancer l’intrigue. Espérions que la suite sera plus fertile en rebondissements et en réponses.

    18/08/2020 à 08:08 1

  • La Contrebasse

    Patrick Süskind

    6/10 … ou comment le narrateur, seul en scène (il s’agit d’une pièce de théâtre avec un seul acteur, donc une sorte de monologue), contrebassiste dans l’Orchestre National, en vient à évoquer face au public diverses caractéristiques de son métier, son existence et ses errements. Cela commence avec des références (jamais lourdes, ni longues ni incompréhensibles pour les béotiens) sur la musique classique, les instruments, la contrebasse, des réflexions d’ordre psychanalytique, etc. Puis l’anonyme en vient à évoquer ses angoisses, sa vie qui le musèle, déboulonne quelques compositeurs archiconnus, et son amour caché pour Sarah, soprane. Je ne connaissais ce texte que de nom, après avoir vu quelques extraits de son interprétation pour le regretté Jacques Villeret, et j’ai eu un peu de mal au départ, me demandant où Patrick Süskind voulait nous emmener : un peu longuet, vain, sans véritable consistance. Par la suite, les éléments s’enchaînent bien, l’empathie pour ce malheureux hère naît, et je n’ai jamais calé au cours de la petite centaine de page de l’ouvrage. Néanmoins, malgré son indéniable succès et sa notoriété, je n’ai pas été transporté plus que cela : quelques formules intéressantes, comme des aphorismes, mais un texte trop nombriliste, centré sur un personnage à propos duquel ma sympathie ne s’est jamais totalement concrétisée/solidifiée/affermie. Du coup, l’ensemble, au demeurant fort agréable, est resté à l’état du monologue qu’il est, structurellement parlant, sans que jamais je ne me sente convié ni même concerné.

    18/08/2020 à 08:07 2

  • Metzengerstein

    Edgar Allan Poe

    9/10 Une nouvelle fantastique typique d’Edgar Allan Poe, se déroulant à une époque indéfinie en Hongrie et mettant d’abord en scène deux familles opposées jusqu’à la haine, les Berlifitzing et les Metzengerstein. Le jeune Frédérick von Metzengerstein va rapidement être envoûté par un cheval très étrange, comme extrait d’une tapisserie, et « s’allier » à sa monture. Une écriture enchanteresse, qui panache en plus pas mal d’éléments surnaturels, sans jamais que ce cocktail ne me paraisse rebutant, jusqu’à l’apparition de cette fumée à la forme si particulière et symbolique. Un régal.

    17/08/2020 à 18:02 1

  • Le Duc de l'Omelette

    Edgar Allan Poe

    4/10 Parce qu’il vient de mourir après avoir mangé une olive, le Duc de l’Omelette se retrouve en enfer, mais sur place, tout le révulse : le comportement du Diable, le vacarme des personnes torturées et damnées, etc. Il décide alors de jouer son salut avec le Diable lui-même, non pas à l’épée, mais… aux cartes. Une nouvelle bigrement courte (sur mon portable, ça fait à peine huit pages), et sacrément difficile d’accès. Le vocabulaire, le ton sarcastique et satirique (ce duc doit être, aux yeux d’Edgar Allan Poe, le prototype des nobles bien français, imbus d’eux-mêmes et finalement si ridicules…), et cette ambiance volontairement grotesque ont desservi à mes yeux le sujet, au point d’en faire, au mieux, une gentille pochade, une aimable diatribe, et au pire, un texte assez stérile et facilement oubliable.

    17/08/2020 à 18:01

  • La Chute de la maison Usher

    Edgar Allan Poe

    9/10 … ou comment le narrateur, répondant à une supplique de son ancien camarade Roderick Usher, en vient à le rejoindre chez lui, à la Maison Usher. Sur place, d’entrée de jeu, la maison délabrée, en souffrance, provoque chez le narrateur un sentiment oppressant, et presque un présage à la suite. Car Roderick n’est plus que l’ombre de lui-même : physiquement délabré, il souffre de graves dérèglements (hypersensibilité à la lumière, à certains sons, à certaines formes) qu’il met à la fois sur le compte d’une maladie congénitale et d’une toxicité de la maison où il habite avec sa sœur jumelle, Madeline, à laquelle il est intrinsèquement lié. Elle est également spectrale, décharnée, et finit par mourir, mais Roderick décide d’attendre une quinzaine de jours avant de l’inhumer. Le reste de l’histoire ne fera que confirmer les pires craintes du narrateur. Un pur bijou littéraire, bien au-delà de toute étiquette que l’on pourra lui apposer dessus. La maestria de la plume d’Edgar Allan Poe, au sommet de son art. L’incroyable angoisse qui saisit le narrateur – et le lecteur – dès les premières lignes. La déchéance corporelle des deux Usher, faisant écho à leur décrépitude mentale. L’entremêlement de cette tare familiale et de l’empreinte malveillante et gothique sur Roderick et Madeline. La scène qui provoque instantanément le départ du narrateur, mémorable, exquise d’horreur. Et les dernières lignes, achevant le texte d’une façon remarquable et définitivement fantastique, à tous les sens du terme. Je n’ai pas fini de lire tous les écrits de Poe, mais celui-ci figurera probablement sur le podium.

    17/08/2020 à 17:59 4

  • Sanction

    Pierre Tré-Hardy

    9/10 Tout commence par un meurtre : Frederic Mayers, un homme au-dessus de tout soupçon, jette Jeremy Haskins sous les cinquante tonnes d’un métro. D’autres événements se produisent : un journaliste qui s’en va à la rencontre d’un autiste, un prix Nobel que l’on s’apprête à décerner, une expérimentation pour conquérir le centre de la Terre… Quand ce puzzle se formera finalement, il se peut que ça soit l’avenir de l’humanité qui soit en jeu.

    Lorsque naît une maison d’édition et que l’on vous propose l’un de ses romans, c’est la fébrilité qui l’emporte. Découvrir un nouvel auteur, un nouvel ouvrage, une nouvelle écurie littéraire : de potentielles belles découvertes. A réception du livre, vos yeux finissent par tomber sur la quatrième de couverture. « Un thriller haletant ». « Après Sanction, vous ne regarderez plus le monde de la même façon ». « [L’auteur] a eu la chance de vivre chez Jacques Brel […], recevant aussitôt le soutien de Jean Anouilh. » Ben voyons : vous verrez qu’un de ces quatre, Stéphane Bourgoin viendra nous dire que finalement, il n’a jamais été le voisin de Stephen King. Et puis, assez sceptique, vous entamez la lecture dudit opus. Et là, alors que vous étiez peut-être dubitatif quant à de tels dithyrambes et autres détails personnels quant à l’auteur, Pierre Tré-Hardy, la magie se met à opérer. Des chapitres courts, n’excédant que rarement trois pages. Une plume magnifique, belle, peignant adroitement sentiments, décors et pensées. Un écheveau de personnages, pour un roman presque choral, apparaissant les uns après les autres sans que l’on sache quels rapports ils nourrissent entre eux : un quidam qui en tue un autre, un policier au verbe haut et à l’intelligence supérieure, des scientifiques que l’on traque, un nabab des hautes technologies, un autiste visiblement Asperger particulièrement talentueux en mathématiques et autres sciences, un Tibétain, etc. On en vient, parfois, à se demander où Pierre Tré-Hardy veut en venir, mais peu importe : on se laisse volontiers emporter par son style si élégant et le mystère qui enveloppe ses protagonistes. Et l’énigme se prolonge encore, avec des notions – habilement vulgarisées pour n’en garder que la substantifique moelle – comme la fusion des métaux, la mécanique quantique, l’évolution des espèces, la surpopulation, les crises mondiales, la téléportation, etc. Et, graduellement, comme on grimpe les marches d’un escalier enténébré pour parvenir à l’ultime lumière, tout prend sens. L’écrivain nous offre alors une belle leçon, tant littéraire que morale, sur notre avenir et notre lourde empreinte sur un univers fragile. Dit comme ça, cela équivaut sans mal aux éloges que nous relevions précédemment, sauf que ceux-ci sont objectifs et sincères. Pierre Tré-Hardy nous a livré un ouvrage de très grande qualité, sans jamais tomber dans les poncifs hollywoodiens du genre, sans courses-poursuites stériles et autres effets faciles.

    Une triple découverte : un livre mémorable et brillant, un auteur dont on découvre les premiers pas dans le genre romanesque, et une maison d’édition que l’on espère pérenne. Un final en plusieurs temps, tous habiles et finement trouvés, pour conclure de la plus belle des manières une histoire qui échappe à toutes les étiquettes. Cela se passe dans un avenir proche mais ce n’est pas un livre fantastique. Il ressemble à un techno-thriller mais n’en est pas un. Il a les atours de la littérature blanche sans pour autant faire partie de ce genre. On y trouve des énigmes mais ce n’est pas un whodunit. Il y a du suspense et une dose d’aventure sans contenir les typicités de ces deux types de proses. Qu’est-ce que c’est, alors ? Un excellent livre, tout simplement.

    13/08/2020 à 23:17 9

  • Menaces sur le concert

    Christian Grenier

    8/10 Zed est un robot d’apparence humaine et doté d’une roue qui lui permet de se mouvoir. Une intelligence artificielle de haute volée, capable de beaucoup de prouesses cérébrales et physiques. Il doit assurer la protection de la jeune chanteuse Liz et se voit flanqué comme coéquipier de Tom, le fils de son concepteur. Mais cela ne sera pas aussi simple qu’espéré.

    Christian Grenier est un auteur pour la jeunesse que l’on n’a plus besoin de présenter. Il signe ici le premier tome d’une série consacrée à cet androïde qui se révèle particulièrement attachant, et ce livre donne déjà envie de lire les tomes suivants. La plume de l’écrivain est toujours aussi enchanteresse, proposant un large panel de personnages et de saynètes, et l’intrigue est savamment élaborée. Cette dernière donne donc à voir Zed et Tom assurer la sécurité de Liz, star en vogue de la musique, et de son oncle qui est également l’agent de l’artiste, mais tous les deux font de leur mieux pour préserver un secret qui doit le demeurer. Nos héros affronteront des hordes de fans pas toujours très amènes, une tornade, les malversations de l’envers du décor, tout en découvrant un procédé technique dont la révélation pourrait nuire à la vedette. Un opus prenant, distillant d’agréables touches d’humour, mettant l’accent sur Zed, régi par les trois lois instaurées par Isaac Asimov, et qui va, petit à petit, découvrir des sentiments typiquement humains comme l’humour, l’amitié ou l’ironie.

    Un enchantement, du début à la fin, pour ce roman qui donne tout autant envie de découvrir les futurs tomes de la série que les autres livres de Christian Grenier.

    13/08/2020 à 23:11 2

  • Des Jours et des nuits à Chartres

    Henning Mankell

    8/10 … ou le destin de la malheureuse Simone (Touseau dans la réalité), coupable d’avoir aimé pendant l’Occupation un soldat allemand (Helmut), ayant eu un enfant de lui, et que l’épuration va malmener lors de ces tristes « réjouissances » cathartiques. Une pièce de théâtre poignante, courte et emplie de tact et d’humanité, avec seulement huit personnages (Simone, son amie Marie, Edith qui a perdu son fils durant le conflit, Dominique et Raphaël qui sont deux résistants, son compagnon Helmut, et Robert Capa dans son propre rôle). L’histoire est née de la célèbre photographie « La Tondue de Chartres » qui a inspiré cette histoire à Henning Mankell et l’a traduite avec ses propres mots, puisqu’il s’y fait « l’interprète d’une image ». Une émouvante lecture, où rien n’est ni blanc ni noir, tout en nuances, refusant de jeter l’opprobre sur les uns ou les autres, même si l’on y devine sans mal à la fois les cicatrices à vif du peuple français tout autant que le désespoir de ces femmes qui ont eu le malheur d’avoir vécu une histoire d’amour avec « un » Allemand. Du vitriol tout de même jeté à la face des « héros » (comme le disait Jean Rochefort avec la classe qu’on lui connaît, « dans ces périodes troubles, les héros naissent comme les champignons après la pluie »), parfois plus revanchards ou ayant des choses à se faire pardonner que de véritables êtres salvateurs. Bref, un saisissant moment de lecture, ici accompagné de quelques textes qui permettent de mieux cerner certaines vérités historiques, le contexte, voire de creuser des thèmes propres à cette pièce.

    10/08/2020 à 23:21 4

  • L'Égorgeur

    Jacques Saussey

    6/10 Un récit très court (même pour une nouvelle) où un tueur en série s’approche d’une jeune et jolie femme blonde pour en faire sa prochaine proie, mais… Une histoire plaisante et bien menée, avec une chute intéressante, mais qui n’est, à mon goût, ni assez irrésistible, ni assez mémorable, pour clôturer de façon magistrale le texte, d’autant que, même à la relecture, je ne saurais dire trop quoi, il semble manquer une transition vers la tierce personne. Bref, sympa et idéal pour passer un (temporaire) moment de suspense, mais rien de plus.

    10/08/2020 à 23:17 3

  • Jormungand tome 1

    Keitaro Takahashi

    4/10 Parce que ses parents ont été tués par une bombe d’un type nouveau, Jonah, enfant-soldat, a intégré la clique de Koko Hekmatyar, une trafiquante d’armes. On en est là du scénario que les fusillades éclatent déjà : un vrai feu d’artifice sur l’autoroute, à coups de balles mais aussi de missiles. Le trafic se poursuit ensuite dans un pays anonyme d’Europe de l’Est, à la frontière avec la Russie. Si l’idée de l’univers des trafiquants d’armes était alléchante, j’ai trouvé ce manga en-deçà de mes espérances. En fait, malgré les scènes d’action assez réussies et les graphismes qui le sont tout autant, je n’y ai jamais cru. Aucune profondeur dans les personnages, dont la densité psychologique se rapproche de celle de l’île flottante, un suspense presque zéro, et Jonah, qui devait constituer le cœur humain de l’équipe, se contente de faire la tronche d’un bout à l’autre et de tuer quelques personnes, sans apprentissage préalable. Voilà qui ne me donne clairement pas envie de tester la suite.

    09/08/2020 à 14:28 1

  • Higanjima tome 2

    Koji Matsumoto

    5/10 Cela commence avec un peu plus de peps que le précédent (et premier opus), que j’avais trouvé longuet et mou. De la baston et une scène de cache-cache avec l’un des monstres, mais à part cette tension supplémentaire et les moments d’action voire anxiogènes, j’ai du mal à vraiment m’accrocher à ce début de série, qui n’ajoute à mes yeux rien du tout au mythe du vampire ou de la créature avide de sang. C’est certes spectaculaire dans le graphisme (notamment vers le final, avec le proche débarquement sur l’île), mais l’histoire est assez stérile à mes yeux.

    09/08/2020 à 14:27 2

  • Darwin's Game tome 2

    FLIPFLOPs

    7/10 J’avais beaucoup aimé le premier tome, et je retrouve dans ce deuxième opus le souffle et la tension que j’attendais. Notre jeune héros, Kaname, s’y retrouve rapidement pris au piège, au sens propre comme au figuré, face à une miss particulièrement douée avec une chaîne métallique. Le reste du manga est cependant un peu moins original et échevelé que le précédent, mais tout cela reste bon selon moi.

    09/08/2020 à 14:24 1

  • Petite discussion avec une momie

    Edgar Allan Poe

    9/10 Après un repas copieux et bien arrosé, le narrateur est convié par un ami, le docteur Ponnonner, de le rejoindre, lui et deux autres individus, à assister à l’ouverture du sarcophage contenant une momie. Et notre assistance décide de faire parcourir de l’électricité dans le corps de la momie, embaumée cinq mille ans auparavant, la ramenant ainsi à ce qui ressemble à la vie. Dès lors, les contemporains vont se mettre à discuter avec la momie, et notamment évoquer les différences entre leurs cultures. Un postulat certes fantastique (au sens littéraire du terme), mais estampillé d’humour et, en parallèle, de gravité, puisque la comparaison entre les époques et les civilisations va déboucher sur un final en deux temps. Le premier, vu crument, peut sembler raciste. Mais celui qui suit offre une vision bien différente, très nuancée et presque émouvante, où Edgar Allan Poe, avec une solennité presque subite, fait opter le narrateur pour un choix inattendu et humainement très fort. Une belle leçon d’humanité, sans pour autant se faire moralisatrice.

    08/08/2020 à 23:09 1