El Marco Modérateur

3225 votes

  • Détective Conan Tome 81

    Gosho Aoyama

    7/10 La suite et fin de l’intrigue inachevée du tome précédent, simple et pertinente. Puis un homme mort dans un bar, qui a surtout retenu mon attention avec la manière dont le criminel s’est débrouillé pour tuer sa victime, de façon très adroite. Puis un crime dans une salle de bain qui rebondit sur une mort dans des toilettes avec une simple mais astucieuse démonstration de physique à la clef. En bref, rien de révolutionnaire ni d’inoubliable, mais amplement de quoi passer un bon moment de lecture et de sollicitation de nos cellules grises.

    28/07/2020 à 08:24 1

  • Baptism - Tome 04

    Kazuo Umezu

    8/10 Quatrième et dernier tome d’une série que j’ai adoré. Il débute par la confrontation entre Sakura et ce journaliste, et la « fausse » gamine n’a pas dit son dernier mot. Pas mal de rebondissements, entre accidents provoqués ratés et retour du docteur Murakami, crises de démence et hallucinations, sans compter ce redoutable twist final, encore une fois très en avance sur son temps (cet opus date de 1976), et qui aurait pu inspirer de bien nombreux films comme romans. Bref, une conclusion forte (même si certains lecteurs pourront être déroutés par ce choix de Kazuo Umezu), pour une série qui l’est tout autant.

    28/07/2020 à 08:23

  • Avant la chute

    Noah Hawley

    7/10 Onze personnes embarquent à bord d’un jet privé depuis l’île de Vineyard. Principalement deux familles avec leurs enfants, plus l’équipage, un garde du corps et un invité de dernière minute, Scott Burroughs, un artiste sur le retour. Seize minutes plus tard, l’avion s’écrase en mer. Seuls le peintre et JJ Bateman, âgé de quatre ans et héritant ainsi d’une véritable fortune, survivent miraculeusement. Mais quel aura été la part de l’accident, de la machination ou du hasard dans ce crash ?

    Dépeint comme un thriller dès la première de couverture de la version poche, ce roman de Noah Hawley saisit l’attention dès les premières pages. L’écriture est très agréable, le style également, et l’on se passionne vite pour le décor planté par l’auteur, celui des minutes et circonstances précédent le décollage. Par la suite, l’ouvrage étonne : son aspect policier semble s’éloigner au profit de l’étude psychologique des divers protagonistes. Certains retiennent nettement l’attention, comme Scott, peintre raté ayant décidé d’abandonner ses vieux démons pour essayer de croquer un peu de gloire, Bill Cunningham, journaliste sans scrupule de la chaîne d’information ALC et prêt à toutes les bassesses, ou encore Gil Baruch, le garde du corps. De belles tranches de vie, assurément, que Noah Hawley rend d’autant plus poignantes qu’elles se sont unies, au dernier moment, dans une même tragédie. Mais, malgré ces qualités indéniables, le temps est un peu long pour l’amateur de thrillers. Et puis, arrive la trois-cent-quatre-vingt-douzième page, qui rebat les cartes de l’intrigue en injectant une dose salvatrice et dynamisante dans le récit, mais qui n’est que de courte durée. La suite du livre, encore une fois très bien écrite, demeure dans la droite ligne de son entame : un drame, vif et mordant, rendu très humain par cette description chorale des événements, mais qui n’atterrit jamais sur le tarmac tant attendu du thriller.

    Noah Hawley livre un opus soigné et réussi, mais dont l’étiquette « thriller » paraît usurpée. Une frustration comparable au fait de prendre un avion qui, malgré d’excellentes conditions de vol, ne vous emmène pas à la destination prévue.

    20/07/2020 à 10:35 1

  • Portés disparus

    Jack Heath

    8/10 Sans le moindre avertissement, un avion vient s’écraser au beau milieu de la ville de Kelton, sur la maison occupée par Doug et sa famille. Jarli Durras, le génial inventeur de cette application pour téléphone portable capable de repérer les mensonges dans la voix d’un humain, est sur place lors du crash. Détail étonnant : si la maison est vide (ce qui est tant mieux), l’avion l’est également. Dans ce cas, qu’est-ce qui a provoqué cet accident ? D’ailleurs, est-ce que c’en est vraiment un ?

    Après le très réussi L’Appli vérité, Jack Heath, à qui l’on doit aussi le remarquable Mange tes morts, nous revient avec ce deuxième opus des « Chroniques de Kelton ». Le tempo y est remarquable, alerte et sans le moindre temps mort, et le lecteur est d’entrée de jeu pris par la cadence imposée par l’écrivain. Les rebondissements s’enchaînent alors rapidement, et nos deux protagonistes – Jarli et Bess – vont avoir la surprise de découvrir que leur camarade Doug n’est peut-être pas celui qu’il prétend, et que le terrible Viper – le sordide personnage auquel ils ont été confrontés dans l’opus précédent – pourrait à nouveau être derrière toute cette histoire. Les moments de suspense et de tension ne manquent pas, et ce deuxième ouvrage de la série semble même encore plus vif que L’Appli vérité, probablement parce que le décor et les personnages ont déjà été plantés. On retiendra ici que l’intrigue est assez riche et fertile en surprises, avec de nombreux passages mémorables, comme l’altercation avec les deux individus surnommés « Détecteur » et « Ramasseur », l’affrontement dans l’usine de la ville, ou encore dans le container.

    Jack Heath continue de nous régaler avec cet ouvrage dynamique et fécond en retournements de situation. De quoi donner envie de se ruer sur le troisième opus, prévu fin août chez nous.

    20/07/2020 à 10:30 4

  • Une nouvelle amie

    Ruth Rendell

    5/10 … ou comment Christine et David, mariés chacun de leur côté, en viennent à nouer une idylle adultérine, avant que David ne se résolve à avouer à sa nouvelle compagne une inclination singulière : se grimer (avec talent) en femme. Une nouvelle curieuse, assez agréable à lire et fort courte, où plane une curieuse ambiance, presque badine et insouciante, et à la chute, étrange paradoxe, à la fois téléphonée par un geste précédent de la jeune femme, et en même temps inattendue. En fait, ce qui m’a dérangé au final, c’est que cette chute m’a semblé arriver comme un cheveu sur la soupe, voire comme une grosse perruque au beau milieu du potage. Et c’est ce choix scénaristique de feue Ruth Rendell, à la fois brusque et très saugrenu du point de vue psychologique (malgré une ébauche de justification au début du texte) qui m’a profondément déçu.

    17/07/2020 à 22:59

  • Hell Blade tome 1

    Je-Tae Yoo

    7/10 Un tueur en série, que la police surnomme « Jack l’Eventreur », sévit à Londres et multiplie les crimes sanglants. Pour couvrir le meurtre de sa mère par son épouse Susan, le policier Roy décide de faire passer cet homicide pour celui du monstre. Sauf que Susan va encore tuer, et que le « véritable » tueur en série ne compte pas la laisser ainsi faire. Un manga surprenant par son pitch (prenant comme postulat que Jack l’Eventreur n’a pas précédemment existé, puisque l’action se déroule de nos jours), tandis que son identité bascule très rapidement vers le fantastique. Pas mal d’action avec des combats chouettement chorégraphiés et du sang, pour une relecture surnaturelle et contemporaine du célèbre assassin de Whitechapel.

    17/07/2020 à 22:58 1

  • Kurosagi - Livraison de cadavres tome 6

    Ôtsuka Eiji, Yamazaki Hôsui

    7/10 Une entreprise concurrente (Corpopost) vient défier nos héros sur leur terrain de prédilection, à savoir cette espèce de curieux commerces autour des cadavres, mais cette concurrence pourrait bien se retourner contre leurs rivaux. Puis un cadavre tombé du plafond donnant lieu à une rencontre pour le moins brûlante, et des meurtres de prostituées près d’une immense tour. Des intrigues un peu plus classiques que dans les opus précédents, mais ça n’en demeure pas moins très réussi et efficace, d’autant que ce découpage en courtes histoires sert à mon avis à merveille le tempo.

    17/07/2020 à 22:57 1

  • Le Démon de la perversité

    Edgar Allan Poe

    9/10 Une nouvelle terriblement marquante, qui commence par l’analyse du narrateur méditant le cas de ce qu’il appelle « le démon de la perversité », à savoir cette puissante et implacable inclination de l’être humain à aller vers l’anomal, l’illégal, voire l’autodestruction. Il passe en revue des notions riches comme la religion, le suicide, la phrénologie, et ce n’est que vers la fin que l’on apprend que le narrateur est également concerné par les penchants criminels, qu’il y a cédé par avarice, et qu’il va à son tour tomber sous l’emprise de cette pulsion. C’est un récit très riche et dense (à ne s’y forer un passage qu’au coupe-coupe au beau milieu de cette jungle de notions), exigeant, et dont la fin (où il est question d’une certaine forme de « liberté ») appelle nécessairement le lecteur à la réflexion.

    17/07/2020 à 22:56

  • Ombre

    Edgar Allan Poe

    7/10 Le récit à la première personne d’un homme, Oinos, qui a vu le monde s’effondrer en raison de la peste. Reclus dans une maison avec des amis, tentant de jouer les bravaches pour contrer leur peur, ces individus vont voir se profiler une ombre dont les paroles vont les glacer. Une chute insolite et fameuse, et c’est principalement elle qui aura retenu mon attention (ainsi que l’écriture, un véritable festin littéraire), car les contextes géographique (la Grèce) et historique (l’année 794) m’ont un peu déboussolé, ne faisant référence à aucun élément connu de ma part, ni rien apporté à la nouvelle.

    17/07/2020 à 22:54

  • Le Locataire

    Georges Simenon

    7/10 … ou comment Elie Nagéar, trentenaire professionnellement raté et au physique médiocre, en vient à se cacher dans la pension tenue par la mère de sa compagne, à Charleroi, après avoir tué un commerçant et volé son pécule. On retrouve la plume si particulière du génialissime auteur belge, Georges Simenon, avec tout ce qu’elle véhicule : rongée jusqu’à l’os, et ne conservant que cette substantifique moelle qui caractérise son style épuré. Ici, c’est Elie qui retient l’attention : esthétiquement passable, toujours couvert de sueur, capable d’être démonté par un simple torticolis et en proie à des crises de déprime au point de geindre comme un enfant, il a manqué un contrat juteux ayant trait à des tapis, et a été pris d’une folie meurtrière en massacrant avec pas loin d’une vingtaine de coups avec une clef anglaise sa proie. Une série de paradoxes émotionnels et psychologiques, comme quoi l’écrivain est doué pour dépeindre avec simplicité des âmes et situations que ne le sont pas. L’ambiance est toujours aussi pesante et lourde de suspicions, notamment dans la pension, avec quelques trahisons à la clef, jusqu’à l’épilogue, intéressant. Néanmoins, après avoir lu pas mal d’ouvrages du grand monsieur, j’ai trouvé celui-ci un peu moins prenant, symbolique, mémorable : il manque un je ne sais quoi dans l’histoire ou la peinture morale des autres protagonistes pour rester définitivement gravé dans mon esprit. Une bonne lecture néanmoins, pour cet écrivain qui demeure l’un de mes préférés.

    17/07/2020 à 08:29

  • Ulysse

    Hélène Montardre

    8/10 … ou l’incroyable épopée d’Ulysse, retranscrite ici par Hélène Montardre. Tous les grands événements de son existence y sont narrés : sa rencontre avec Pénélope, lorsqu’il singe la folie, le Cheval de Troie, les Lotophages, Polyphème, l’outre des vents, Calypso, les chants des sirènes, Charybde et Scylla, le retour en Ithaque, quand son chien puis sa nourrice le reconnaissent malgré les oripeaux d’un vieillard sans le sou, l’épreuve de l’arc et la reconquête de son identité, de son trône et du cœur de son épouse. Encore une fois avec les livres de cette collection, j’ai passé un très bon moment de lecture, où les épisodes foisonnent, mettant en relief l’intelligence et l’imagination des auteurs de l’Odyssée. Hélène Montardre colle parfaitement au texte originel et à l’immense légende née de ce récit, la concision ne faisant que mettre en relief la densité humaine, littéraire et aventureuse de cette destinée hors du commun, ainsi que les protagonistes incroyables et inoubliables de ces péripéties. Un grand moment de littérature, rendant hommage avec réflexion et efficacité à un pan mémorable de la mythologie grecque. En outre, le langage s’adapte à la cognition des jeunes lecteurs auxquels se destine en priorité cet ouvrage, mais les adultes peuvent bien évidemment embarquer avec l’astucieux et roublard Ulysse, au gré des mers et des influences des dieux.

    17/07/2020 à 08:29

  • Ligeia

    Edgar Allan Poe

    8/10 … ou la très étrange destinée du narrateur qui tombe follement amoureux de Ligeia. Une beauté surnaturelle, brune à s’en damner, à la voix profonde et ensorcelante, et dont l’instruction dépasse l’entendement humain. Mais elle finit par mourir. Le veuf se réfugie dans une abbaye, s’adonne à l’opium, se lamente de la perte de l’être aimé, et finit par épouser lady Rowena Trevanion de Tremaine, « à la blonde chevelure et aux yeux bleus ». Sauf qu’elle finit à son tour par tomber gravement malade…
    Une nouvelle fantastique envoûtante, à mi-chemin entre la littérature blanche et le fantastique, où la plume d’Edgar Allan Poe excelle, notamment dans les descriptions physiques – parfois un peu longues à mon goût, néanmoins, - et les tourments de narrateur endeuillé. Le côté surnaturel surgit véritablement lors de la maladie de sa seconde épouse, et dans les dernières scènes décrivant les ultimes moments de la jeune femme dans ce monde – mais est-ce réellement le cas ? Les toutes dernières lignes, à force de côtoyer l’univers de l’écrivain, ne sont pas particulièrement surprenantes, mais elles ont tout de même un fort effet, panachant l’émotion et l’inexplicable. Un autre versant du deuil et de l’affliction que ceux proposés dans « Eléonora », « Bérénice » et « Morella », sachant que ces quatre nouvelles forment à mes yeux un tétraptyque (à ce stade de mes lectures d’Edgar Allan Poe, mais il y en a peut-être d’autres ?).

    17/07/2020 à 08:28

  • Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume

    Edgar Allan Poe

    9/10 Alors en déplacement dans le sud de la France, le narrateur décide de visiter un hôpital psychiatrique dont il avait entendu parler. Introduit sur place par le directeur, M. Maillard, ce dernier lui explique son « système de la douceur », à savoir le refus de toute violence sur les aliénés et un principe de liberté pour eux, désormais révolu. Mais l’hospice réserve encore de sacrées surprises…
    J’avais lu cet opus quand j’étais collégien, et je me souvenais vaguement de la fin, et uniquement de celle-ci. Malgré tout, à cette relecture ; le charme a de nouveau opéré. Je me suis laissé embarquer par ce récit gentiment bouffon, et, aux côtés du narrateur, j’ai été hameçonné par l’histoire, son excentricité, le comportement pour le moins biscornue des convives, et la plume, à la fois inquiétante et posant une ambiance singulière et décalée d’Edgar Allan Poe. Et puis il y a ce final, certes un peu téléphoné, mais qui est toujours aussi saisissant et détonant. Il n’y a pas à douter de deux points : c’est une histoire très forte et qui n’a certainement pas perdu de sa puissance d’impact malgré les ans. Et je suis également persuadé qu’il a dû inspirer des auteurs et des scénaristes du cinéma, car c’est un véritable festin d’imagination et d’impertinence.

    17/07/2020 à 08:27

  • Starving Anonymous tome 5

    Kazu Inabe, Yuu Kuraishi

    8/10 Encore des graphismes sacrément trash, dès les premières planches, avec notamment cette scène de cannibalisme collectif. Nos protagonistes finissent par se diriger vers le directeur du centre, Shintaro, et ce dernier va prendre une décision très importante, lié à son enfance que l’on revoit en flash-back. Un graphisme toujours aussi précis et travaillé, et une intrigue qui creuse habilement le passé de ce centre, notamment avec l’évasion de la jeune femme, le sacrifice de trois cents employés, ou le magnifique sacrifice de M. Hanajima. De la tripaille à tous les étages, et un plan pour que ces sales bestioles disparaissent d’elles-mêmes, mais il se pourrait que la dernière scène rebatte les cartes. Toujours aussi jouissif et hautement non recommandable en raison de sa violence.

    17/07/2020 à 08:25

  • Oxymort

    Franck Bouysse

    7/10 Du jour au lendemain, Louis Forell, professeur de SVT, se retrouve enfermé dans une cave anonyme, enchaîné. Il ignore où il se trouve, qui l’a enlevé puis séquestré, et surtout pour quelles raisons est-ce qu’il est ainsi traité. Alors il va fouiller dans sa mémoire et essayer de comprendre pourquoi on lui en veut de la sorte.

    De Franck Bouysse, on connaît déjà Grossir le ciel, Glaise, Plateau, ou le plus récent Né d’aucune femme. En 2013, il signait ce court roman qui emprunte un pitch assez classique : la claustration d’un individu pour des motifs inconnus de lui. Dès lors, Louis va s’attacher à saisir les motivations de son bourreau tout en essayant de survivre. La langue de l’écrivain est un pur régal : des mots chatoyants, des tournures de phrases délicieuses, des formules exquises. Indéniablement, il maîtrise son sujet et sa passion des beaux mots en devient aussitôt communicative. On suit donc la détention de notre enseignant tandis que des flashbacks, présentés dans un ordre antichronologique, nous permettent de découvrir sa compagne, la belle Lilly, qu’il a rencontrée à un café. On y découvre également d’autres personnages, comme une professeure et collègue de Louis, Suzanne, une quinquagénaire vieille fille, un assureur prénommé Hubert, ou encore un disquaire, dont les existences pourraient être liées à ce qui arrive à notre malheureux prisonnier. En à peine plus de deux cents pages, Franck Bouysse dépeint avec talent l’âme humaine, les tourments de l’amour, les passions éconduites, les jalousies portées à blanc et les petites misères de vies ordinaires. L’intrigue est prenante mais il lui manque peut-être une étincelle pour enflammer l’ensemble de son récit. Un petit je ne sais quoi de folie, matérialisé sous la forme d’un rebondissement inattendu, d’une frayeur supplémentaire, ou d’une originalité scénaristique pour hisser ce livre – fort réussi au demeurant – au-dessus de la mêlée littéraire.

    Un suspense jouissif et parfaitement crédible, porté par les belles lettres de son auteur, et dont les dernières pages inviteront nécessairement le lecteur à se questionner sur le sort réservé à certains des protagonistes.

    06/07/2020 à 17:30 6

  • Oxygène

    M. J. Arlidge

    8/10 Dans une boîte spécialisée dans le bondage, on vient de retrouver le cadavre de Jake, un dominateur. Ce dernier est mort étouffé par du ruban adhésif, ce que les amateurs appellent un « fétichisme d’enfermement total ». La policière Helen Grace connaissait bien la victime : elle avait déjà eu affaire à ses services par le passé. Cependant, elle ne peut se résoudre à révéler ce « détail ». Mais quand un autre corps, étouffé de la même manière, est découvert, Helen doit réaliser l’évidence : elle est totalement impliquée.

    Ce cinquième volet de la série consacrée à Helen Grace est de nouveau une réussite. M. J. Arldige imprime à son récit une cadence effrénée, notamment grâce à un style lapidaire, une plume énergique et des chapitres particulièrement courts (cent vingt-neuf au total pour environ quatre-cents pages). On retrouve avec plaisir notre enquêtrice, ici compromise dans les assassinats successifs de plusieurs personnalités adeptes de pratiques sadomasochistes, et c’est tout un pan de son âme qui apparaît : énergique, pugnace et sagace en tant que policière, elle n’en demeure pas moins tourmentée par ses démons qu’elle tient à tout prix à préserver secrets. C’est aussi l’occasion de recroiser la route de protagonistes secondaires, tous très intéressants, depuis ses subordonnées Charlie et Sanderson à son chef Gardam, en passant par Emilia Garanita, la journaliste retorse de l’Evening News qui a juré sa perte. L’intrigue est très bien bâtie, avec de multiples rebondissements, et jamais cette incursion dans les milieux BDSM ne tourne au voyeurisme dégoûtant ni à la carte postale simpliste et édulcorée. Et ce n’est que dans les ultimes pages de cet ouvrage embrasé que l’on obtiendra la résolution de l’intrigue, même s’il est préférable d’avoir déjà pris connaissance des précédents opus de la série pour en saisir toute la saveur.

    M. J. Arldige nous gratifie d’un roman une nouvelle fois efficace et très distractif, qui mène directement à l’ouvrage suivant, A cache-cache, où notre enquêtrice se retrouve en prison. Une lecture que nous ne manquerons pas.

    06/07/2020 à 17:24 5

  • Wallman tome 2

    Boichi

    7/10 ... et l’on retrouve nos deux tueurs à gages expérimentés mais un peu usés (Jirô et Kubota), ainsi que Nami, leur fille adoptive du point de vue professionnel. Cela débute par un entraînement collectif en forêt, et partent ensuite sur les traces d’un sale type qui détournent les fonds pour Fukushima et en profite pour faire du trafic de drogue, avant une virée au Canada du côté des chutes du Niagara. Toujours beaucoup d’action et d’acrobaties pour un manga qui, esthétiquement, lorgne également du côté des comics, alors qu’apparaissent d’autres tueurs à gages (d’autres « Wallmen »). Le scénario n’a peut-être rien de très exotique, mais les chapitres finaux, avec notamment la confrontation avec le Airgis Khan, l’armoire à glace, sont bien survoltés.

    05/07/2020 à 19:43 1

  • Sous la pluie

    Antonio Lanzetta

    7/10 Matteo n’est plus. Il repose à la morgue, le visage presque entièrement soufflé par le tir d’une arme à feu, et son frère, Nicola, policier, ne peut que pleurer l’absence. Matteo était un être assez fragile, homosexuel, au physique à la limite du féminin, et l’écrivain qu’il était paraissait avoir du mal à écrire son deuxième opus après le succès du premier. Qui l’a tué ? Et pourquoi ? La piste d’un petit malfrat, peut-être son ancien amant, semble être la bonne, mais Nicola, menant l’enquête en parallèle des carabiniers officiellement mandatés pour le faire, n’est pas au bout de ses surprises.
    Je découvre Antonio Lanzetta avec cette nouvelle que je trouve réussie. La concision du récit sert l’entame de l’intrigue, où les découvertes et rebondissements se multiplient. La langue de l’auteur est à la fois belle, sombre, tout en se ruant à l’essentiel. Nicola va ensuite découvrir l’envers du décor, en plongeant notamment dans le passé de son défunt frère, depuis ses failles existentielles jusqu’à son appétit d’écriture, en passant par certaines informations insoupçonnées. Le cœur de l’intrigue ne révolutionne clairement pas le genre – il en vient même à cumuler plusieurs éléments dont aucun n’est clairement novateur tant ils ont été exploités au cinéma, à la télévision et en littérature, mais la puissance de percussion et la plume d’Antonio Lanzetta m’ont néanmoins séduit. Une agréable nouvelle, noire au possible, et qui se distingue selon moi plus par sa forme que par son fond, ne trouvant l’explication du titre que dans les toutes dernières lignes.

    05/07/2020 à 19:43 2

  • Trac dans le train

    Pronto

    6/10 Un livre-jeu pour la jeunesse très joliment conçu, en plus d’être un bel « objet », avec trois enquêtes : une intoxication au camembert périmé, des petits fours bourrés de poil à gratter, et une coupure du courant électrique dans une gare. Des énigmes suffisamment coriaces pour résister longtemps aux jeunes auxquels s’adresse cet opus, mêlant observation, français, mathématiques, logique et surtout un peu de patience. Mais (parce qu’il y a un grand « mais » en ce qui me concerne) je reste particulièrement dubitatif quant aux énigmes proposées, dans la mesure où elles ne relèvent que rarement du domaine policier. Il s’agit d’éliminer, les uns après les autres, les suspects en réalité innocents, pour ne plus avoir qu’un seul individu, à savoir le criminel. Par exemple, le neuvième indice de la première enquête nécessite de reconstituer le nom d’un homme à éliminer des suspects en reconstituant son nom à partir de lettres présentes sur des boîtes de camemberts : on est donc très loin du limier qui analyse les indices, les preuves, les éléments d’informations, pour faire chauffer ses petites cellules grises. En outre, rien du tout sur les mobiles des coupables ! Bref, c’est vraiment sympa pour cogiter et passer du temps sur ces arcanes, mais le côté purement policier est clairement évidé au niveau de la teneur des devinettes.

    05/07/2020 à 19:42 1

  • Monju tome 1

    Hiroki Miyashita

    6/10 Junpei Yamagishi et Monju forment un étrange duo de policiers : le premier est gentiment fripon et obnubilé par la perte de ses cheveux, tandis que le second est… un robot. Relégués au fin fond de la campagne, ils s’ennuient ferme. Monju a des qualités presque chevaleresques, mais Junpei se montre si attiré par le sexe opposé qu’on en vient à penser qu’il s’agit d’un voyeur qui agit dans les parages. Pas mal d’humour et de décontraction dans ce premier opus d’une série que je découvre à peine, avec Junpei qui n’est que le faire-valoir du robot, délicieusement en décalage avec le poste où on l’a affecté, lui qui est si efficace, voire capable de justices particulièrement expéditives. C’est assez sympathique à lire, mais en l’absence de véritable intrigue qui servirait de colonne vertébrale, ni même d’une succession de petites intrigues éparses (à part peut-être la faiblarde histoire de prise d’otages sur la fin) façon Détective Conan, j’ai encore du mal à compléter accrocher à la série, et je verrai bien avec les tomes suivants.

    05/07/2020 à 19:41 1