El Marco Modérateur

3253 votes

  • Terreur à Broadway

    David Alexander

    6/10 … ou comment le rédacteur en chef du journal « Broadway Times » Bart Hardin en vient à être contacté par un tueur en série qui se surnomme « Waldo » et qui s’en prend exclusivement à des femmes du milieu artistique. Il faut dire que ce canard ne se préoccupe que des canassons de course et de music-hall, d’où cette formule : « Le « New York Times » publie toutes les nouvelles publiables ; le « Broadway Times » publie les autres ». Si le criminel annonce un futur forfait, peut-être est-ce un moyen de réaliser un scoop… ou de résoudre l’enquête en aidant la police. Partant d’un canevas assez classique (même si le livre date de 1954), je me suis laissé prendre par le récit, montrant d’abord l’envers du décor du journalisme, des bons papiers, des contacts avec l’univers artistique, etc. Par la suite, ça devient beaucoup plus routinier : l’auteur perd un peu de sa verve, le tempo s’allège, les connexions se font téléphonées, et ce n’est que sur le final que quelques rebondissements – pourtant devinables – viennent se mêler à une complexité un peu inutile de l’intrigue (étrange paradoxe, d’ailleurs). Au final, un roman noir très correct, mais qui ne s’appuie pas assez à mon goût sur son décor new-yorkais, ni sur une histoire qui se démarque des autres, pour devenir complètement satisfaisante.

    28/10/2020 à 23:20 1

  • Gift +- tome 2

    Yuka Nagate

    8/10 On vient de retrouver le corps d’une lycéenne de 15 ans, noyée, mais ses organes ont été prélevés. De la concurrence pour Tamaki Suzuhara, celle qui prélève de son côté des organes à des criminels ? Une nouvelle plongée dans l’ignoble trafic d’organes. Un graphisme impeccable, du sang et du sexe, mais par-dessus tout, une intrigue diabolique et un suspense béton. Le passé de Tamaji réapparaît en un flash, court mais intense, et un homme de main particulièrement violent et cruel est prêt à se venger après qu’il a été énucléé (pour l’anecdote, par son patron avec seulement son index). Je vais continuer cette série savoureuse et électrisante, c’est certain.

    27/10/2020 à 23:14 1

  • Révélation magnétique

    Edgar Allan Poe

    6/10 … ou le dialogue, presque le débat, entre P…, médecin expert en magnétisme, et Vankirk, personnage atteint d’une grave maladie et en bien mauvais état. Après ses « passes magnétiques », P… va plonger son patient dans une transe proche du somnambulisme, et tous deux vont discourir sur la substance, la vie humaine, la vie organique et atomique, la pensée, Dieu, etc. Des échanges parfois voisins de ceux de Socrate pour ce qui est de la maïeutique, et qui est à rapprocher, pour la forme comme pour le fond, de « La Vérité sur le cas de M. Valdermar », mais en beaucoup plus philosophique que réellement fantastique et sombre, mis à part le final dont l’ultime question laisse entrevoir un soupçon d’occulte. Un texte intéressant, certes, mais qui ne m’a pas plus passionné que ça.

    27/10/2020 à 23:13 1

  • Autre-Monde : Malronce

    Maxime Chattam

    7/10 J’ai été content de retrouver les trois ados – Ambre, Tobias et Matt après avoir apprécié le premier tome de la série. Le décor était déjà planté, mais Maxime Chattam, en plus d’insuffler un sacré rythme à son ouvrage (avec des chapitres assez courts et nerveux, cinquante-deux en tout), se paie le luxe d’ajouter des éléments à l’intrigue générale. C’est ainsi que l’on découvre, parmi les personnages, Balthazar, les Mangeombres, le général Twain, le Buveur d’Innocence, les Kloropanphylles, le Raupéroden qui réapparait, et cette énigmatique Reine qui se dévoile dans l’épilogue. Toujours beaucoup d’action et d’aventures, et impossible de s’ennuyer ni de trouver le temps long au gré de cette histoire fantasy pleine de fantaisie. Un message écologique délivré avec décence, et des questions qui trouvent des réponses, tandis que d’autres interrogations sont posées. Certes, c’est plus destiné à un public plus jeune que pour les autres ouvrages de l’auteur, mais on a tout de même droit à des membres tranchés et des enfants réduits à l’esclavage, ce n’est donc pas non plus de la littérature enfantine. Une série qui demeure donc, à mes yeux, efficace et prenante, et je tâcherai d’être au rendez-vous des opus suivants.

    26/10/2020 à 17:01 2

  • Ichi The Killer tome 6

    Hideo Yamamoto

    5/10 On renoue avec l’univers de la série, avec l’agression d’entrée de jeu d’une jeune femme à qui l’un des jumeaux coupe l’un des tétons au couteau, et ça continue très « fort » : viol collectif, violence, tortures. Là, même moi qui étais « habitué » au style de la série, c’est vraiment trop, d’autant que c’est inutile, et ça dure sur plus d’une centaine de pages, ce bavardage stérilement crade. La confrontation, ensuite, avec Aniki, apporte un peu de sel à l’histoire, au même titre que l’on apprend que ces frappadingues de jumeaux étaient à la base des triplés, mais cet opus m’a déçu par le fait que l’on n’a pas avancé dans l’intrigue globale, et trop de violence finit par en atténuer l’impact.

    25/10/2020 à 17:10 2

  • Outback

    Kenneth Cook

    7/10 Walter James Johnson tient plus du pousse-mégot que du véritable criminel, sans cœur et méthodique. Et c’est cet amateurisme qui le fait paniquer après avoir réalisé un cambriolage et le conduit à tuer, presque accidentellement, un policier. L’assassin s’enfuit alors dans l’arrière-pays australien, l’outback, avec les forces de l’ordre aux trousses. Dans le même temps, Davidson, jeune journaliste encore idéaliste voire candide de la chaîne télévisée B.J.V., voit dans cette traque l’occasion de réaliser un scoop d’anthologie. Un double cheminement qui ne pourra conduire qu’au drame.

    Kenneth Cook signait cet opus en 1962, d’abord paru en France dans la prestigieuse Série Noire de Gallimard sous le titre Téléviré, et c’est un réel plaisir de redécouvrir cet ouvrage si longtemps après. Avec une écriture assez sèche, l’auteur nous dépeint deux personnages que tout oppose : un vaurien que les circonstances ont transformé en gibier de potence, cible rêvée et si facile pour la police australienne, et un journaliste encore émoulu par l’enthousiasme de l’âge. Rapidement, Kenneth Cook met davantage l’accent sur Davidson et les autres reporters qui l’accompagnent dans sa chasse à l’exclusivité filmée, nous offrant au passage de croustillants détails quant aux techniques de l’époque – caméra, prise de son, raccords, etc. C’est également un portrait peu alléchant du journalisme qui nous est donné, notamment dans les relations de pouvoir, l’arrivisme des uns et des autres, les coups bas pour parvenir sur certains trônes professionnels, ou encore l’emprise des décideurs télévisuels, prêts à tout pour que la chaîne corresponde aux canons de leur « morale », comme ce Bloomfield décidé à censurer tout reportage sur le cancer mais partant pour que les informations évoquent avec louanges certains produits pharmaceutiques. L’intrigue policière sert de fil rouge à ce livre, même si certains passages s’en éloignent, et que d’autres ont perdu, au fil des décennies, un peu de leur impact, peut-être parce qu’ils collaient plus à l’époque. Mais l’ensemble, malgré quelques facilités scénaristiques, n’en demeure pas moins très agréable à lire et à découvrir.

    Un roman qui doit davantage son charme à la peinture au vitriol de l’arrière-cour de certains médias et à la manière dont certains individus peuvent être broyés par la machine médiatique, qu’à son scénario policier. Cependant, voilà une lecture originale et intéressante, qui tranche, par son propos comme pour sa façon de le présenter, avec ce qui se fait actuellement.

    17/10/2020 à 08:28 3

  • Sous l'aile du corbeau

    Trevor Ferguson

    8/10 Cela fait dix-sept ans que la jeune Gail Duff est morte dans des circonstances floues. Gail était la seule représentante de la gent féminine de la lignée des Duff, des êtres que l’on présente, au choix, comme de dangereux et inquiétants personnages ou comme des arriérés profonds. C’est aussi dix-sept ans plus tard que revient Morgan, frère de Gail. Mais ce retour va s’accompagner de nombreuses violences dont deux individus vont être les victimes : David Marifield, médecin, et Henry Scowcroft.

    Trevor Ferguson signe ici un roman noir. Très noir. On est saisi, dès le premier chapitre, par son style si particulier : des phrases hachées, des paragraphes longs, très peu de dialogues, et, paradoxalement, des passages particulièrement travaillés. Certains lecteurs se perdront d’ailleurs dans ce maquis narratif, peuplé de curieuses assertions, d’hallucinations vécues éveillées, et autres digressions qui déstructurent le récit. Ceci n’est bien entendu pas un défaut dans la technique d’écriture de Trevor Ferguson ou la marque d’un désordre dans son récit, mais plutôt une manière, dense et chaotique, de faire écho à une histoire complexe et douloureuse. On se familiarise avec les protagonistes assez rapidement, tout en se laissant bercer par les descriptions de l’auteur quant à la nature de cette contrée esseulée de la Colombie Britannique, sur l’île de Skincuttle. Une ode particulièrement poétique à sa faune et à sa flore, jamais gratuite ni stérile, et où flotte encore le parfum entêtant du passé. Et de la mort. Car c’est au terme de cet opus, lourd et sombre, que jaillira enfin la vérité quant à la mort de Gail. Une véritable horreur, ignominieuse, dont la révélation éclaboussera tripes et âmes des personnages comme du lecteur.

    Un ouvrage dense et troublé, qui ne se donne pas mais se mérite. Il ne ressemble à aucun autre et, en retour des efforts fournis par le lecteur, le récompensera au centuple par ce festin de maux et de tourments. Une littérature âpre et exigeante.

    15/10/2020 à 09:39 7

  • Témoins à abattre

    Olivier Gay

    8/10 Deux élèves de la 3èC, Yan et Pauline, sont avec leurs camarades en montagne afin de faire une randonnée à VTT. Ces deux adolescents finissent par lâcher le groupe et deviennent les témoins bien involontaires d’un assassinat de sang froid perpétré par une paire de gangsters. La chasse aux importuns vient de commencer.

    On connaît bien la plume d’Olivier Gay, à qui l’on doit, entre autres, Les talons hauts rapprochent les filles du ciel ou Mais je fais quoi du corps ?. Il signe ici chez Rageot, dans la collection « Flash fiction » un roman policier pour la jeunesse particulièrement prenant. Un scénario pourtant simple et qui n’est guère original, mais la forme séduit : tout y est endiablé, allant à l’essentiel de l’action, pour un suspense optimal. Il faut également signaler la particularité de cette collection : elle cible les lecteurs qui « n’aiment pas lire », avec une mise en page aérée, une police d’imprimerie facilitant la reconnaissance des lettres, un vocabulaire adapté, un contraste des couleurs étudié pour éviter la fatigue visuelle, et un texte relu par une orthophoniste afin de convenir aux « dys ». Au final, ce roman qui compte environ quatre-vingts pages se lit à la vitesse d’une nouvelle. Et c’est une bien belle réussite que de proposer un ouvrage en tenant compte d’un jeune public, de prime abord hostile à la littérature en général ou désavantagé dans son parcours scolaire par un trouble spécifique de l’apprentissage.

    Une idée très séduisante, ici servie par un récit certes attendu, mais qui portera, sans nul doute, les jeunes de la première à la dernière page. Un livre efficace qui démontre, s’il en était encore besoin, le talent d’Olivier Gay, ainsi que l’intelligence de cette collection pertinente à laquelle on souhaite une longue et belle vie.

    13/10/2020 à 18:53 3

  • Charlock et la disparition des souris

    Sébastien Perez

    8/10 Charlock est un jeune chat qui a noué de solides amitiés avec les autres animaux du voisinage : chiens, perroquets, lapins et souris. C’est justement un de ces rongeurs, Magali, qui finit par manquer à l’appel. Charlock apprend rapidement que d’autres souris ont également disparu : en voudrait-on à ces petits animaux ? Il décide de mener l’enquête avec ses camarades.

    Voilà une série qui commence fort bien, sous la plume de Sébastien Perez : un chat enquêteur, à qui l’on prête habituellement plusieurs vies – neuf est le nombre généralement retenu, et qui « atterrit dans un nouvel endroit et une tout autre époque » à chaque fois. Loin de n’être qu’un simple opus gentillet, alignant clichés et bons sentiments comme on pouvait le craindre, ce roman se montre vraiment très réussi et efficace. Il déroule une histoire serrée, emmêlant plusieurs légendes avec un grand bonheur, au gré d’une intrigue prenante et sans le moindre temps mort. Au-delà de la qualité scénaristique, il convient de souligner la très grande qualité des dessins de Benjamin Lacombe, hauts en couleur, magnifiques, constituant à chaque fois de croustillantes illustrations voire des tableaux sublimes.

    Il faut compter, pour les jeunes auxquels cet ouvrage s’adresse, une heure de lecture, particulièrement séduisante et immédiatement addictive. On se ruera donc avec d’autant plus d’enthousiasme sur l’autre livre de la série, Charlock et le trafic de croquettes, se déroulant cette fois-ci dans New York en 1917.

    12/10/2020 à 17:45 2

  • Noces de soufre

    Jean Amila

    7/10 … ou comment la jeune Annette, jeune mère de famille et épouse d’un simple employé de banque, apprend brutalement que ce dernier est mort dans un accident de voiture après avoir dérobé plus de cent millions de francs anciens. Elle en vient cependant à se demander s’il n’y a pas une autre magouille sous cette apparence si simple et commode d’accident, d’autant que la plupart des billets n’ont pas fini en cendres lors de l’incendie du véhicule. Une manipulation, peut-être ? Et si ce tour de passe-passe était en plus orchestré par la police ? De Jean Amila, j’ai déjà lu « Le Boucher des Hurlus » ainsi que « La Lune d’Omaha », qui m’avaient tous deux ravis. Ici, il s’agit d’un autre ouvrage noir, à l’ancienne, nécessairement daté (il remonte à 1964), notamment dans ses dialogues et dans le vocabulaire employé. Je me suis immédiatement laissé saisir par l’intrigue (il faut dire qu’il n’y a pas le moindre temps mort, et que l’intrigue s’amorce vraiment dès la première page). Un scénario serré, assez classique par certains aspects, avec des personnages croquignolets (notamment chez les policiers, avec un Lentraille plus complexe que de prime abord, à la fois sauvage quand il s’agit de faire succomber les dames, parfois atone) et des dialogues souvent croustillants (il y a notamment un passage où deux expressions issues directement du film « Les Tontons flingueurs », sorti l’année précédente). Pas mal de rebondissements, une manipulation qui s’avère au final presque familière et classique (même si elle n’apparaît que dans l’ultime partie de l’ouvrage), pour un opus qui laisse surtout la part belle aux peintures psychologiques des uns et des autres, avec cependant un épilogue surprenant, d’autant plus percutant qu’il intervient factuellement dans les vingt dernières lignes avant le tomber de rideau. Peut-être rien d’exceptionnel ni de définitivement mémorable, mais un bon moment de lecture, délassant et prenant, ce qui est déjà amplement suffisant.

    12/10/2020 à 17:44 3

  • Autre-Monde : L'Alliance des Trois

    Maxime Chattam

    7/10 Je ne découvre ce premier tome de la série « Autre-Monde » que bien tardivement, soit douze ans après sa parution, et j’ai bien aimé cette incursion de Maxime Chattam dans cette littérature jeunesse qui panache fantasy, aventure, magie et suspense. Ou comment le monde (centré ici sur les Etats-Unis) a basculé dans un univers post-apocalyptique après une étrange tempête parcourue d’éclairs bleutés. Les enfants/adolescents semblent être les seuls rescapés de cette mystérieuse furie, tandis que le monde se partage entre les Pans (les mômes), les Cyniks et les Gloutons. Pas mal de références directes à Stephen King et au Seigneur des Anneaux, et, à cette première marche de l’escalier, le décor me semble désormais posé pour pouvoir poursuivre les aventures, d’autant que des éléments n’ont cessé d’émerger au gré des chapitres (notamment ce Raupéroden et cette énigmatique « Reine »), alors que le livre se termine sur un cliffhanger intéressant, donnant vraiment envie de connaître la suite. Pour moi, la mayonnaise a bien pris, puisque ce cocktail a su mélanger des éléments déjà connus et vus/lus ailleurs (depuis le côté survivaliste des gamins jusqu’aux pouvoirs/altérations qu’ils ont développés, en passant par les luttes de pouvoir et l’ambiance générale avec ces animaux soit immenses, soit hybrides comme les « scorpents »). Peut-être rien de transcendant à mes yeux, mais j’ai vraiment passé un agréable moment ; ou comment l’écrivain nous murmure à l’oreille pour atteindre notre âme d’enfant. Je serai au rendez-vous de l’opus suivant.

    12/10/2020 à 17:42 4

  • The Killer Inside tome 1

    Hajime Inoryu, Shota Ito

    7/10 Un trou de mémoire de trois jours : c’est ce que découvre Eiji Urashima, un type assez banal, par pur hasard. Trois jours pendant lesquels il aurait révélé une personnalité bien différente de la sienne. L’autre hic, et c’est un journaliste qui dévoile ce fait au grand jour, c’est qu’Eiji est le fils d’un célèbre tueur en série, « LL », assassin de jeunes femmes. Et quand on découvre sur un terrain vague le cadavre d’une victime atrocement torturée, la police craint que le serial killer ne soit de retour. Eiji souffrirait-il d’un trouble dissociatif de l’identité ? Un beau graphisme avec des dégradés soignés, une habile interprétation du « Docteur Jekyll et Mister Hyde » tandis que notre protagoniste est en quelque sorte à la recherche de lui-même et de l’éventuelle influence de la génétique qu’il porte en lui. Des moments assez chauds (sexe et violence, notamment lors des séances de tortures) pour un manga qui, à défaut de révolutionner le genre, m’a fait passer un bon moment. J’essaierai de voir ce que donnent les tomes suivants.

    11/10/2020 à 18:44 1

  • Sacrificial Vote tome 1

    Edogawa Edogawa, Ryuya Kasai

    7/10 Sans que l’on sache pourquoi, une application apparaît sur les téléphones portables d’adolescents et désigne Kanna Iriyama qui « sera assassinée socialement d’ici 24H ! ». Pour éviter la sentence, la mystérieuse application doit être implorée par une série de clics. Mais ce « jeu » va rapidement s’emballer et tourner au jeu de massacre, notamment quand l’une des victimes désignées par ses « camarades » de classe va se jeter sous les roues d’un véhicule. Une histoire très prenante même si on a déjà vu ce genre d’histoires dans d’autres mangas, mais qui réussit le tour de force de se montrer diabolique sans sang ni sexe, avec juste un suspense très lourd, et de belles réflexions (souvent sous-jacentes, tacites) quant à la pseudo popularité via les likes à la gomme, la dénonciation, l’entraide et l’usage dangereux des réseaux sociaux.

    11/10/2020 à 18:43

  • Emprises

    Eric Corbeyran, Richard Guérineau

    6/10 Ça commence avec le suicide de Crombie, Secrétaire d’Etat à la Défense, à Washington, puis l’on arrive à entrapercevoir les stryges en pleine action, avant un passage par Lima. Un peu d’action (escalade et confrontation physique avec une stryge, une scène digne d’un western, une course-poursuite), et l’on finit par savoir la nature réelle de ces créatures. Toujours aussi sympa à lire, et le scénario commence à s’imposer, mais il manque toujours à mes yeux du je ne sais quoi pour rendre l’ensemble plus efficace (au choix, de l’originalité, du tonus, un graphisme différent, davantage de fantastique, ou un peu moins de déjà lu, à moins que ça ne soit les cinq à la fois).

    11/10/2020 à 18:42

  • Le Secret de l'éventail

    Serena Blasco

    5/10 … ou comment Enola Holmes, dans ce quatrième tome de ses enquêtes, en vient à rechercher une jeune femme qui a disparu, en s’intéressant tout d’abord au langage des éventails. J’avais apprécié la première bande dessinée, en me souvenant prioritairement de l’esthétique : sucrée, délicieusement girly (cela n’est pas nécessairement une critique de ma part), avec des teintes charmantes et un dessin exquis. Même si je ne suis pas spécialement fan de ce genre de graphismes, il faut reconnaître à Serena Blasco une patte très particulière et reconnaissable entre mille. En revanche, l’intrigue m’a bien plus laissé sur ma faim. Le coup du langage codé des éventails (en fonction de leur ouverture, de leur position par rapport au visage, etc.) était sacrément intéressant, mais le reste de l’histoire m’a paru bien palot. Une histoire de famille, quelques personnages savoureux, mais au niveau de l’intrigue pure, ça ne vole pas très haut et ne me laissera aucun souvenir durable. Même l’apparition (très furtive) de Sherlock Holmes n’épice guère cette fade affaire.

    11/10/2020 à 18:41

  • Portraits croisés

    Odile Guilheméry

    6/10 Mathieu Desaulty, désormais au chômage, est revenu de Paris pour habiter à Berck chez ses parents. Alors qu’il se balade, un octogénaire l’interpelle et lui demande de l’aider à remettre son épouse dans le lit d’où elle est tombée. Mathieu semble comprendre que Paul et Monica Slama sont en situation irrégulière, mais un portrait dans leur appartement va attirer son attention. Il n’en faudra pas moins pour le faire basculer vers le passé et déclencher une série de réactions en chaîne…

    Habituellement, aux éditions du Chat Moiré, c’est Patrick S. Vast qui nous régale de ses ouvrages à suspense, forts d’un engrenage scénaristique de premier ordre, parmi lesquels Potions amères, Passé double, Duo fatal et Nuits grises. Ici, il a transmis le flambeau à Odile Guilheméry le temps d’un roman. On se rend vite compte que cette écrivaine, douée de ses propres personnalité et style, est allée à bonne école : une plume intéressante, une prose très agréable, des éléments du passé qui émergent lentement, et une histoire qui ne perd guère de temps pour se mettre en place. La suite de l’opus est particulièrement bien charpentée, et l’on n’ose imaginer le travail de préparation de l’auteure, avec cette multitude de rebondissements, d’interactions, d’anecdotes et autres éléments qui s’emboîtent parfaitement, du début à la fin du livre. Rarement un livre à suspense n’aura été si riche en jonctions entre les personnages, interférences entre les divers protagonistes, le tout étayé par force dates et détails, et c’est paradoxalement là que le bât blesse, parfois à en écorcher le malheureux lecteur. Car dès le deuxième chapitre, on comprend qu’Odile Guilheméry ne suivra pas exactement les traces de Patrick S. Vast, avec ses romans racés, simples et terriblement efficaces : on y trouve pléthore de personnages, de références au passé des personnages, avec des identités multiples et des contre-coups incessants. Et ce n’est pas fini, car les pages qui suivent réservent encore énormément d’informations. C’est bien simple : le début de ce Portraits croisés, c’est un peu vouloir se faire expliquer les dix premières saisons de Plus belle la vie par un ami dans un ascenseur entre deux étages. La formule est un peu exagérée, mais si vous tentez l’expérience – ce que l’on vous recommande chaudement, parce que cet opus est en soi une expérience littéraire, vous vous rendrez compte que la vérité n’est guère si éloignée. Des arbres généalogiques à faire passer celui des Atrides pour un végétal rachitique, et des chapelets de détails à coller une céphalée à Agatha Christie herself.

    Pour son premier roman, Odile Guilheméry frappe fort, très fort, voire trop. Certains lecteurs risqueront, à leur façon, de trancher ce nœud gordien par un abandon pur et simple de ces pages si complexes, pour ne pas dire excessivement complexifiées. Mais si vous êtes prêts à vous lancer dans une histoire dédaléenne recélant une multiplicité d’intrigues, vous serez aux anges.

    05/10/2020 à 07:05 1

  • All You Need Is Kill tome 1

    Takeshi Obata, Hiroshi Sakurazaka, Ryosuke Takeuchi

    7/10 Kiriya Keiji doit participer à une bataille au sein de la 17ème compagnie contre des extraterrestres, les Imitateurs, mais déjà un étrange phénomène l’inquiète : il a eu un rêve prémonitoire (rien de bien méchant, juste du gainage). Rita Vrataski, jeune soldate d’apparence inoffensive, se présente, et c’est une légende au combat. Lors de l’engagement, Keiji meurt… et se réveille dans son lit, comme le matin précédent. Un mauvais cauchemar ? Lorsque cette expérience se reproduit, le doute n’est plus permis : il est condamné à revivre la même journée… et doit donc devenir suffisamment fort pour vaincre l’adversaire et ainsi survivre. Un manga à l’esthétique typée et un scénario original (proche tout de même de « Un Jour sans fin ») avec des éléments bien trouvés (le numéro qu’il s’écrit sur le dos de la main pour signifier le nombre des boucles temporelles déjà vécues). C’est prenant et efficace, et même si j’en avais vu l’adaptation cinématographique avec Tom Cruise, je me suis laissé prendre par le fil de cet opus fort efficace. C’est certain, je serai au rendez-vous du tome suivant (qui est également le dernier, puisque c’est un diptyque).

    04/10/2020 à 08:13 1

  • L'Embuscade

    Chris Bradford

    9/10 Une nouvelle mission attend Connor Reeves, âgé de quinze ans et garde du corps : accompagner les époux Barbier – l’homme étant un diplomate – et leurs deux enfants, Ambre et Henri, au Burundi. Mais sur place, tout tourne au fiasco, entre règlements de comptes, révoltes, appât pour les ressources naturelles et autres luttes pour le pouvoir. Il se pourrait même que cette mission soit la plus épouvante pour Connor.

    Ce troisième tome de la série Bodyguard se montre particulièrement cohérent avec les opus précédents comme avec les suivants. Chris Bradford y déploie tout ce qu’est susceptible de demander son lectorat – a priori adolescent : de l’action. A l’instar de Robert Muchamore et sa célébrissime série CHERUB, l’auteur démarre son histoire sur les chapeaux de roues, garde le pied au plancher, et jamais ne s’arrête jusqu’à l’épilogue. Des passages particulièrement mouvementés, depuis les classiques mais réussies courses-poursuites jusqu’aux pièges tendus par l’adversaire en pleine savane tabassée par la chaleur, en passant par les trahisons et autres rebondissements. Ce qui retient davantage l’attention dans cet opus, c’est à la fois le décor et la faune, car il y a peut-être bien plus dangereux que les humains en ces terres burundaises. Crocodiles, lions, hippopotames, guépards, buffles, serpents : un véritable bestiaire de créatures sauvages et létales, que Chris Bradford met en scène avec beaucoup de talent. Parfois, le trait est un peu forcé, et l’on en vient à perdre le compte du nombre de fois où notre émérite et jeune garde du corps parvient à se sortir de situations périlleuses, mais il s’agit là de l’une des caractéristiques de ce genre de littérature : offrir suffisamment d’émotions fortes à ses lecteurs, comme on préfère que son invité sorte de table repu plutôt que léger.

    Un opus très réussi, survolté et rythmé, qui évite le côté aseptisé, avec certaines scènes de violence guère fardées. Un roman particulièrement distractif, mais qui n’oublie pas d’évoquer de honteuses réalités, comme le trafic de diamants, la corruption des élites politiques ou les enfants soldats.

    01/10/2020 à 21:16 2

  • Rivière Maudite

    Lincoln Child, Douglas Preston

    7/10 Des dizaines et des dizaines de pieds amputés commencent à s’échouer sur l’île de Captiva, en Floride. Qui sont les victimes et qui est responsable de ces horreurs ? L’affaire revient rapidement à Pendergast, agent du FBI, aussitôt flanqué de l’inspecteur Coldmoon qui l’avait aidé dans l’opus précédent, Offrande funèbre. Mais pour ces deux hommes, aidés de la ténébreuse Constance, il va falloir agir vite, car les monstres à l’origine de ces abominations n’ont pas l’intention de s’arrêter…

    Ce dix-neuvième tome de la série consacrée à Pendergast séduit dès les premières pages, avec ce postulat sacrément alléchant et atypique. Les mystères vont alors s’accumuler : d’où proviennent ces membres ? Qui est l’auteur de ces mutilations ? Pourquoi ? Dès lors, les auteurs Lincoln Child et Douglas Preston vont mener habilement la barque de l’intrigue, avec de nombreuses incursions scientifiques dans des domaines aussi variés que l’océanographie et les courants marins, l’industrie de la chaussure, les diverses strates des forces de police, etc. Ce rendez-vous annuel avec cette saga régalera sans mal les aficionados, nous permettant de renouer avec Pendergast bien évidemment, mais aussi Coldmoon qui s’impose comme un personnage désormais majeur, et Constance, cette femme au charme magnétique néanmoins capable de déchaînements de pure violence. Si l’intrigue manque un peu de peps ou d’action au début, elle permet néanmoins quelques voyages intéressants, en Chine et au Guatemala, et également de se frotter à l’intrigue d’une étrange maison abandonnée (dont la résolution est malheureusement tardive et sans grand intérêt). Nos limiers auront ici affaire à un complot ignoble, avec des expérimentations atroces et marquantes, au gré d’une histoire qui se soldera par quelques actions de commandos hollywoodiennes prenantes et échevelées.

    Un opus peut-être un cran inférieur aux précédents, mais qui prodigue néanmoins son lot d’émotions fortes, de suspense et de puissance de percussion visuelle pour cette série qui demeure l’une des plus palpitantes qui soient. Et le final conduit déjà nos protagonistes vers un étrange événement qui a eu récemment lieu à Savannah, probablement pour un vingtième épisode à propos duquel on trépigne déjà.

    30/09/2020 à 07:46 6

  • My Home Hero tome 5

    Masashi Asaki, Naoki Yamakawa

    7/10 Un opus à la hauteur de la série : sobre, efficace, terriblement crédible, et finalement assez complexe. Pas mal de suspense d’entrée de jeu avec la recherche d’un butin, et quand on croit le tenir, les billets dans le sac sont en réalité… les os de Nobuto Matori. Mais il faut absolument garder en tête la structure de la série ainsi que les événements des précédents opus pour conserver le sel de ce tome. Le suspense reste d’ailleurs entier à la fin de ce livre, avec une confrontation physique dont on ne sait pas comment elle va se terminer.

    28/09/2020 à 18:38 2