El Marco Modérateur

3283 votes

  • Echange mortel

    Stuart Woods

    3/10 Un roman à suspense qui commence très bien mais qui devient vite lassant, prévisible et sans intérêt. Selon moi, un immense gâchis !

    04/11/2008 à 19:06

  • Le Grand Sommeil

    Raymond Chandler

    10/10 Le vieux général Sternwood engage le détective privé Philip Marlowe pour enquêter sur une tentative d’extorsion de fonds. Le problème est que Sternwood est affligé de deux filles dont il dit lui-même : « J’ai l’impression qu’elles vont à leur perte, séparément, par des routes légèrement divergentes. Vivian est gâtée, exigeante, intelligente et parfaitement impitoyable. Carmen est une enfant qui aime arracher les ailes aux mouches. Ni l’une ni l’autre n’ont plus de sens moral qu’une chatte ». Quand Marlowe commence son travail, il va rapidement être confronté à des gangsters sans scrupule, aux motivations très variées, jusqu’à ce que le premier meurtre éclate. Ce ne sera que le début d’une enquête au cours de laquelle Marlowe va affronter ce qu’il y a de plus vil chez l’être humain, y compris chez les proches du vieux général.

    Ecrit en 1939, Le Grand Sommeil est à n’en pas douter l’une des pierres angulaires du roman noir. Raymond Chandler a imaginé une intrigue sombre et réaliste, prenante jusqu’à la dernière page, hantée d’individus peu recommandables et de femmes fatales. Les deux atouts majeurs de ce livre, en plus de l’énigme qui n’a pas le moins du monde vieilli, sont la langue de Raymond Chandler, à la fois drôle dans les dialogues et savoureuse dans ses descriptions et psychologies, et le personnage de Philip Marlowe, délicieusement sarcastique et tenace, interprété au cinéma par de grands acteurs tel Humphrey Bogart et Robert Mitchum.

    Le grand sommeil constitue donc une inestimable pépite, un roman d’une rare intensité que l’on ne se lassera jamais de lire et relire, et qui aura inspiré des générations d’écrivains.

    30/10/2008 à 17:55 3

  • Le Complot Sweetman

    Graham Masterton

    8/10 A Los Angeles, un tueur en série surnommé « Le dingue de l’autoroute » élimine des automobilistes qui ne semblent avoir aucun lien entre eux. Alors que John Cullen, modeste homme à tout faire pour vieilles dames, va chercher à l’aéroport son père, ce dernier se fait abattre sur le chemin du retour. Persuadé qu’il s’agit de l’œuvre du serial killer qui en est déjà à sa douzième victime, John, aidé par sa compagne et un camarade, va mener sa propre enquête. Au même moment, Carl X. Chapman, sénateur républicain très lié à des lobbys pétroliers, est obnubilé par sa candidature au poste de Président des Etats-Unis. Quel est le rapport entre ces deux affaires ? John Cullen l’apprendra à ses dépens, et bien chèrement.

    Roman écrit par l’un des auteurs majeurs de l’horreur et du fantastique, Graham Masterton, Le complot Sweetman est un franc succès. L’intrigue est bien élaborée, exploitant une idée à la fois brillante et angoissante de réalisme, celle selon laquelle le politique peut faire assassiner sans le moindre remords, avec la réussite personnelle comme seul objectif. L’auteur a peint une belle galerie de personnages, tantôt attachants, tantôt révoltants, dont les actes et pensées alternent avec ingéniosité au gré des chapitres. L’ensemble se lit avec une très grande facilité tant la plume de l’écrivain est percutante et efficace, même si on peut lui reprocher une surenchère dans les scènes de sexe et une fin un peu abrupte.

    26/10/2008 à 10:41

  • Crim' Sur la Prom'

    Bernard Deloupy

    8/10 Alors qu’il sort de l’un des plus beaux hôtels de Nice, le milliardaire russe Mickhaïl Andropov est abattu. Il était alors pris en filature par le détective privé Garri Gasiglia qui avait été engagé par l’épouse de l’oligarque. Le crime est vite revendiqué par un groupe inconnu d’écologistes tandis qu’autour de la Promenade des Anglais, de nombreux personnages interlopes s’agitent suite à cet assassinat. Garri va alors mener son enquête et découvrir une vaste escroquerie internationale que des mafieux souhaiteraient taire.

    Si Crim’ sur la Prom’ a tous les aspects du polar purement régionaliste, sa lecture défait ce préjugé. Tenant sur à peine plus de 170 pages, ce roman est un régal : les personnages sont nombreux et hauts en couleurs, les descriptions des paysages magnifiques, et la plume alerte et poétique de Bernard Deloupy est un véritable enchantement. Garri Gasiglia est un détective savoureux, grand amateur de nourriture et de femmes, et que l’on aura d’ailleurs plaisir à retrouver dans sa deuxième enquête, Crim’ sous le tram’. L’humour est omniprésent dans ce livre, tant dans les joutes verbales que dans les réflexions et portraits, et le lecteur aura bien souvent l’occasion d’éclater de rire. L’intrigue n’a pas pour autant été bâclée et s’appuie sur une documentation solide, offrant une succession d’épisodes à la fois dynamiques et nerveux, de la course-poursuite à la prise d’otage en passant par l’analyse pertinente des enjeux de la défense de l’environnement.

    C’est donc un roman policier de premier ordre qu’offre Bernard Deloupy à tous ses lecteurs : drôle, enlevé, atypique, décalé, ce personnage de Garri Gasiglia dispose décidément de bien des atouts pour faire parler de lui dans le monde littéraire.

    16/10/2008 à 19:01

  • Seul le silence

    R. J. Ellory

    8/10 A la moitié du vingtième siècle, le jeune Joseph Vaughan et la petite bourgade de Géorgie où il demeure sont les témoins d’une série de meurtres ignobles : des fillettes sont retrouvées assassinées après avoir subies la fureur de leur bourreau. Les autorités ne parviendront pas à arrêter le coupable et ce ne sera que bien plus tard, quand Joseph sera devenu écrivain à New York, alors que la série de massacres le touchera de façon encore plus personnelle, que la vérité, sordide, éclatera.

    Premier roman de R.J. Ellory, Seul le silence est indéniablement un opus qui fera date. Une écriture très soignée qui privilégie la psychologie et prend le temps de planter une ambiance angoissante. Des personnages variés et très vivants, en proie à leurs démons les plus intimes. L’auteur a un réel don de conteur et mobilise toute l’attention du lecteur jusqu’aux dernières pages dans lesquelles sera dévoilée l’identité du coupable. Même si certains passages peuvent paraître un peu longs et manquer de panache, R.J. Ellory devient, en un seul roman, un auteur à suivre de très près et dont on attendra avec impatience les prochains livres.

    14/10/2008 à 06:48 3

  • Le Chandelier d'or

    David Gibbins

    6/10 Après avoir réussi à localiser l’Atlantide dans Atlantis, l’équipe de Jack Howard va dans cette nouvelle aventure se lancer à la poursuite de la fameuse Menora, le chandelier d’or originel qui est un des symboles les plus anciens de l’identité juive. De la Turquie aux glaces du Groenland, Howard va rencontrer une série d’embûches mortelles car la Menora est également recherchée par un groupuscule prêt à tout pour s’approprier ce trésor que tout le monde croyait perdu.

    David Gibbins signe ici un nouvel opus intéressant. En faisant parcourir le globe, il invite le lecteur à des aventures échevelées, et qui ira puiser dans les cultures romaine, viking, maya, sans compter le nazisme. Il est d’ailleurs à noter que l’auteur privilégie l’aspect intellectuel puisque de nombreux rebondissements viendront au travers de découvertes et de recoupements historiques plutôt qu’avec des péripéties spectaculaires. En effet, David Gibbins a particulièrement soigné la documentation pour étayer ses thèses, et même si certains aspects paraissent un peu tirés par les cheveux, il faut reconnaître que le roman est intéressant et original. Cependant, à trop vouloir privilégier la thèse historique, l’auteur oublie de distiller des scènes d’action, finalement peu nombreuses. Par ailleurs, certains personnages ne sont pas assez fouillés et l’intrigue multiplie les stéréotypes.

    Au final, Le chandelier d’or est un ouvrage prenant mais qui fait trop souvent l’impasse sur la nervosité pour embarquer de bout-en-bout le lecteur.

    28/09/2008 à 22:49

  • Miserere

    Jean-Christophe Grangé

    9/10 Un thriller haletant, original et efficace, qui porte une fois de plus la "patte Grangé". Malgré un petit bémol pour la fin trop rapide à mon goût et un ou deux effets un peu "gros", la cuvée 2008 de l'auteur est une sacrée réussite !

    22/09/2008 à 18:01

  • La Disparue de Las Vegas

    Max Allan Collins

    8/10 On retrouve avec plaisir tous les personnages, toujours ce sens de l'humour décalé, et des dialogues qui font mouche. Le suspense est bien maintenu, les protagonistes utilisent toujours leurs techniques scientifiques pour confondre les coupables. Toujours ce principe des deux affaires menées en parallèle, mais ici, cela ne gène pas du tout la lecture. Et contrairement à certaines novellisations, l'auteur a vraiment bien écrit, ne se contentant pas de décrire platement les scènes : il y a du sentiment, des belles descriptions, et également de jolies formules. Bref, du tout bon, même s'il faut avant tout le conseiller aux fans de la série.

    20/09/2008 à 17:50

  • La Morsure du lézard

    Kirk Mitchell

    8/10 Emmett Parker, officiant pour le Bureau des Affaires Indiennes, et l’agent du FBI Anna Turnipseed sont chargés d’élucider l’assassinat d’un policier tribal et de sa femme. Détail troublant : la fenêtre de la voiture dans laquelle on a retrouvé les corps calcinés était ouverte, permettant à l’âme des victimes de s’échapper, selon les rites indiens. Les deux enquêteurs vont devoir s’aventurer sur un terrain extrêmement dangereux, entre narcotrafiquants et autres homicides sur lesquels plane l’ombre malsaine d’un être qui semble se prendre pour un lézard perlé, un animal à forte symbolique dans la mythologie des Navajos.

    Kirk Mitchell signe avec La Morsure du lézard un excellent thriller, bien noir et complexe. L’intrigue est suffisamment tortueuse pour multiplier les fausses pistes et développer une savoureuse galerie de portraits tantôt attachants, tantôt inquiétants. Les deux protagonistes de cet opus sont marquants, et l’auteur sait avec un talent certain décrire les pensées et traumatismes de ses personnages. Même s’il y a quelques longueurs, notamment en raison de cette volonté de rendre chaque état d’âme de Parker et de Turnipseed avec réalisme, Kirk Mitchell sait indéniablement mener son récit, avec la présence de scènes d’action prenantes, et surtout cette peinture si vivante des Indiens auprès de qui l’auteur a travaillé par le passé en tant qu’agent fédéral.

    La Morsure du lézard est donc un thriller brillant, prenant le temps de décrire les us et coutumes des Indiens d’Amérique avec talent, et qui offre une lecture originale qui ravira les fans du film « Cœur de Tonnerre".

    15/09/2008 à 13:52

  • Comptine en plomb

    Philippe Bouin

    8/10 En 1965, une série de crimes étranges secoue le Pas-de-Calais : c’est d’abord un éleveur de coqs retrouvé poignardé par une lame hors de prix. Le meurtrier a laissé comme signature une figurine de plomb représentant un soldat de 14-18. Le commissaire Achille Gallois, Pied-noir encore traumatisé et colérique suite à l’abandon de l’Algérie par la France, est mis sur l’enquête. Pour lui, pas l’ombre d’un doute : le tueur ne peut être qu’un notable, sa thèse étant accréditée par le coût de l’arme du crime. Gallois va profiter de cette affaire pour régler ses comptes avec cet Hexagone qu’il exècre et ses bourgeois pour lesquels il voue un très fort ressentiment. Mais l’assassin n’en reste pas là : laissant toujours dans son sillage un soldat de plomb, il poursuit son petit jeu de massacre, sans mobile apparent…

    Après son très bon roman La Gaga des traboules, Philippe Bouin signe un nouvel opus de grande qualité. Il offre au lecteur une galerie de personnages savoureux et grinçants dans une atmosphère du Nord d’après-guerre parfaitement rendue, reposant également sur une documentation solide. Le commissaire Gallois est un protagoniste atypique, rusé, calculateur et en même temps crispé par ses hantises intimes, qui n’a de cesse de bousculer les personnalités importantes au mépris des pressions de sa hiérarchie. L’intrigue est aussi très habile, jouant subtilement sur les non-dits et les faux-semblants, ne déclinant l’identité et les motivations du tueur que dans les dernières pages, au fil d’un récit qui aura ménagé nombre de renversements de situation, et ne lâchant qu’avec parcimonie les indices.

    Au final, Comptine en plomb est un thriller très adroit, concis et marquant, où l’intrigue est aussi exquise que l’ambiance décrite par Philippe Bouin, qui est décidément un auteur à suivre de très près.

    10/09/2008 à 17:52 5

  • Le Tueur des tornades

    Alice Blanchard

    6/10 En Oklahoma, une tempête s’est abattue sur la ville gérée par le shérif Charlie Grover, et c’est toute la famille Pepper qui est retrouvée morte sous les décombres de leur maison. Cependant, Grover s’aperçoit que les corps ont été transpercés par des débris bien trop aiguisés pour que ce soit purement accidentel. Par ailleurs, il découvre dans la bouche des victimes qu’une dent a à chaque fois été arrachée pour être remplacée par une autre, issue d'on ne sait quel corps. Pour le shérif, ce sera le premier jalon de la traque d’un tueur en série sans scrupule.

    Alice Blanchard signe ici un roman divertissant, exploitant intelligemment l’univers des tornades et des scientifiques qui les étudient, reprenant de nombreux éléments du film Twister. Et si cette trame de base – un assassin agissant au beau milieu des cyclones – est inédite, le reste du livre l’est beaucoup moins. Les personnages manquent de relief – mis à part Charlie Grover et son père – et sont souvent alourdis par des poncifs. Par ailleurs, les relations sentimentales de Grover et, parallèlement, de sa fille Sophie, passent parfois au premier plan, reléguant l’intrigue policière à une simple toile de fond. Cependant, le récit ménage suffisamment de rebondissements pour maintenir l’attention du lecteur, et les révélations finales sur les motivations de l’assassin sont les bienvenues.

    Le tueur des tornades est donc un opus bénéficiant d’une histoire se démarquant de celles des autres thrillers, mais manquant d’un peu de nerf et d’originalité dans la narration.

    06/09/2008 à 10:03

  • Moisson rouge

    Dashiell Hammett

    10/10 Quelque part pendant les années 1920, le narrateur, détective privé pour le compte de l’agence Continental de San Francisco, est engagé par un client qui lui demande de venir le rejoindre à Personville, mais à peine est-il arrivé que son commanditaire est assassiné. La ville est sous la coupe d’une horde de gangsters qui y avait jadis pris position pour mater une grève massive mais n’avait pas quitté la ville depuis. L’enquêteur se voit alors confier une nouvelle mission par le père du défunt : libérer la cité du joug des truands. Pour ce faire, le détective va employer une méthode ingénieuse : monter les malfrats les uns contre les autres. Ce sera le début d’une véritable « moisson rouge » jusqu’à la purification totale.

    Ecrit en 1929 par Dashiell Hammett, La moisson rouge est un délicieux roman noir qui réunit tous les ingrédients du genre : des criminels en grande quantité et toujours prêts à faire parler la poudre, de belles femmes causant bien du désagrément aux hommes qui les côtoient et une ambiance crépusculaire. Le récit y est viril à souhait, avec son lot de scènes d’actions et d’affrontements, avec un langage qui manie la concision et l’argot. Les descriptions des protagonistes sont savoureuses, le personnage de détective privé est un brillant calculateur, et c’est avec joie que l’on plonge dans cette intrigue dense et aux nombreuses ramifications. L’ensemble tient du whisky millésimé dont on savoure chaque gorgée et dont on s’étonne presque naïvement qu’il ait pu conserver un tel arôme malgré les années.

    31/08/2008 à 17:06 2

  • Le Diable de Glasgow

    Gilles Bornais

    8/10 Un roman que j'ai trouvé vraiment très sympa. Une intrigue originale, des personnages suffisamment consistants et une grande originalité de l'énigme, avec une résolution qui côtoie un peu le fantastique...mais je n'en dirai pas plus ! Le vocabulaire est parfois un peu léger, façon titi parisien en vadrouille en Ecosse, mais ce n'est pas du tout rebutant. Je le conseille vivement.

    31/08/2008 à 15:33

  • L'Homme aux yeux de napalm

    Serge Brussolo

    8/10 Encore une fois, Serge Brussolo fait preuve d’une imagination débordante dans ce récit fantastique. Pêle-mêle, on y découvre des jouets mutants, des dimensions parallèles où rêve et réalité se superposent, une secte dont les adeptes jouissent quand ils sont éviscérés, des entités extraterrestres aux desseins bien étranges, et les codes habituels des fêtes de Noël travestis en rites insolites. On retrouve cette patte si caractéristique de l’auteur, avec une langue très travaillée et des univers complètement fous, et un récit déroutant pour le lecteur qui n’a jamais arpenté les sentiers tracés par Serge Brussolo. L’homme aux yeux de napalm ressemble à bien des égards à Dreamcatcher de Stephen King et à quelques-unes de ses autres histoires ayant trait à l’enfance (Ca notamment) ainsi qu’à d’autres œuvres de Brussolo comme La nuit du Bombardier.
    Probablement pas son écrit le plus facile pour quiconque s’essaiera à cet auteur, mais pour les habitués, une fois qu’ils seront rentrés dans le récit, ce sera une nouvelle démonstration du talent halluciné de cet auteur-phare.

    25/08/2008 à 19:05 1

  • Nevermore

    William Hjortsberg

    8/10 A New York, dans les années 1920, un double crime alerte les autorités publiques et la police en vient à penser que le tueur a agi en essayant de reproduire l’une des nouvelles d’Edgar Allan Poe. Au même moment, les vieux amis Harry Houdini et Arthur Conan Doyle se retrouvent ; le magicien continue de brocarder les médiums en démystifiant leurs exploits tandis que l’écrivain est quant à lui le chantre des spirites. Et un autre crime est commis, toujours en rapport avec les écrits de Poe. Qui est le tueur ? Les deux amis, quoique très opposés sur les sujets occultes, vont mener ensemble leur enquête pour découvrir l’identité de l’assassin.

    L’idée de William Hjortsberg de faire intervenir dans un même roman deux personnages réels, à savoir l’illusionniste Houdini et Arthur Conan Doyle, le père du détective Sherlock Holmes, est une idée fameuse et exploitée de façon intéressante. L’auteur a également mis l’accent sur les lieux et l’époque, rendant de façon magistrale l’atmosphère du New York du début du vingtième siècle. L’ensemble est bien imaginé et construit, avec une écriture très agréable.
    Cependant, Nevermore n’est pas à proprement parler un pur roman policier puisque l’intrigue passe souvent au second plan, William Hjortsberg privilégiant le travail sur la psychologie de ses personnages, leurs doutes et leurs errances. A cet égard, de nombreux lecteurs risqueront de se sentir floués par une enquête policière abordée assez tardivement dans le livre et qui est finalement simpliste. Mais pour les amateurs de romans d’ambiances, passionnés d’histoire, férus d’Arthur Conan Doyle et d’Edgar Allan Poe, et souhaitant se lancer dans un livre atypique dans son fond comme dans sa forme, Nevermore reste assurément un choix judicieux, avec en prime une belle immersion dans l’univers de l’illusion et du spiritisme.

    24/08/2008 à 19:20 2

  • Tarot

    William Bayer

    9/10 Dan Caponigro – surnommé Cap – est un ancien agent du FBI dont la fille ainsi que la baby-sitter ont été massacrées dans des conditions monstrueuses. Après avoir démissionné, il s’est reconverti dans la traque de sectes et autres mouvements sataniques. A la suite d’une de ses conférences, il apprend qu’un pasteur a été retrouvé assassiné dans son église, le cadavre suspendu par un pied à la croix, avec un pentacle dessiné au sol à l’aide du sang de la victime. Persuadé que ce crime a été signé de la main des meurtriers de sa fille, Cap va alors se joindre à l’enquête, alors qu’un autre assassinat tout aussi sordide et mettant en scène le corps dans une position rappelant l’univers trouble du tarot va attirer l’attention de Jodie Targ, journaliste d’un tabloïd de Miami.

    Auteur du très réussi Pèlerin, William Bayer renoue avec le succès. L’intrigue est très originale, jouant avec maestria la carte de l’occulte. Les personnages sont toujours aussi bien campés, avec une mention spéciale pour Cap, homme à la fois ravagé par la mort de son enfant, redoutable prédateur et spécialiste des questions sataniques. La succession de chapitres écrits en fonction des points de vue des divers personnages rend le récit plus vif, et le lecteur suit avec intérêt leur plongée dans ce monde étrange et ésotérique. Si les scènes d’action sont rares, l’auteur maintient néanmoins la tension grâce à une intrigue bien élaborée et à des psychologies parfaitement maîtrisées, jusqu’à l’affrontement final, très marquant.

    Pour conclure, Tarot est l’archétype même du thriller savamment orchestré et à l’intrigue très originale, asseyant définitivement William Bayer parmi les très grands auteurs du genre.

    18/08/2008 à 19:30 1

  • La Proie du Remord

    Jonathan King

    6/10 Anéanti par une bavure qui a coûté la vie à un adolescent, Max Freeman quitte la police et tente de refaire sa vie en Floride, dans le décor impitoyable du par des Everglades. Quand il découvre le cadavre d’un enfant, il comprend qu’il va devoir retrouver ses méthodes de flic, d’autant que le tueur est bien décidé à lui en faire endosser la responsabilité.

    Avec La Proie du remords, Jonathan King a conçu un thriller classique mais réussi. Le personnage de Max Freeman est intéressant, à la fois exilé volontaire et policier désabusé miné par son passé. L’écriture est très fluide, parfois même poétique quant il s’agit de décrire les paysages si typiques du bayou. Le récit est court et rythmé, passionnant à lire, mais son principal défaut réside finalement dans une intrigue assez conventionnelle qui n’offre que peu de rebondissements ; de même, les motivations du tueur n’ont en soi rien d’exceptionnel et décevront probablement le lecteur qui s’attendait à un dénouement plus original.

    15/08/2008 à 19:27

  • Une Etude en rouge

    Arthur Conan Doyle

    8/10 Dans la dernière partie du dix-neuvième siècle, à peine revenu d’Afghanistan où il a été sévèrement blessé, le docteur Watson devient le colocataire de Sherlock Holmes, détective œuvrant à compte privé et doué d’une immense capacité d’analyse et de déduction. Ce dernier est alors sollicité par Scotland Yard pour résoudre l’énigme du meurtre d’Enoch Drebber. Il faudra à Sherlock Holmes tout son talent pour démêler cette affaire dont les racines plongent bien des années auparavant en Utah, auprès de tueurs affiliés à une église mormone.

    Une étude en rouge constitue la première affaire résolue par Sherlock Holmes, le célèbre personnage littéraire ayant fait la renommée d’Arthur Conan Doyle, et c’est toujours avec grand plaisir que l’on peut lire voire relire ce roman. Les personnages sont attachants et singuliers, particulièrement Sherlock Holmes et son fidèle compagnon le docteur Watson. L’écriture, quoique ancienne de plus d’un siècle, est très agréable, sachant tout aussi bien décrire les détails des lieux où ont été perpétrés des crimes, la psychologie des personnages que les paysages sauvages d’Amérique. L’intrigue, même si elle n’est pas l’une des meilleures du cycle, n’en est pas moins bonne et intelligemment menée, avec une très nette rupture entre les deux parties, la seconde explicitant les raisons du double assassinat commis dans la première.

    Au final, Une étude en rouge est un ouvrage policier à découvrir et à redécouvrir, posant le premier jalon des enquêtes d’un des détectives les plus connus dans le monde entier.

    11/08/2008 à 18:35

  • Pas d'orchidées pour Miss Blandish

    James Hadley Chase

    10/10 Un groupe de gangsters enlève la fille d’un homme multimillionnaire, Miss Blandish, qui passe ensuite entre les mains d’une bande de criminels menée par M’man Grisson. D’une beauté phénoménale, la jeune femme va devenir l’objet de toutes les attentions de Slim Grisson, un sadique jouant du couteau doublé d’un psychopathe inquiétant. Pour Miss Blandish, ce sera le début d’un long calvaire tandis que la rançon obtenue par le gang aiguise les appétits de chacun et qu’un détective est engagé par le père Blandish pour retrouver sa fille.

    Ecrit selon la légende en seulement six week-ends, Pas d’orchidées pour Miss Blandish constitue un thriller de haute volée et qui n’a pas pris la moindre ride. James Hadley Chase exploite avec un incroyable talent une intrigue parfaitement bâtie et devenue depuis un véritable classique. Les personnages de truands sont bien angoissants, les répliques excellentes, parfois très drôles, et le final est saisissant. Par ailleurs, le style de l’auteur est très épuré, décrivant la psychologie de ses protagonistes ainsi que les lieux en seulement quelques mots, et offrant des scènes d’action très spectaculaires et marquantes.

    A n’en pas douter, Pas d’orchidées pour Miss Blandish est un des chefs-d’œuvre de la littérature policière du vingtième siècle ainsi qu’une pierre angulaire des écrits de James Hadley Chase. Il est à noter que ce roman a connu une suite : La chair de l’orchidée.

    05/08/2008 à 12:26 2

  • Pig Island

    Mo Hayder

    6/10 Joe Oakes est un journaliste d’investigation spécialisé dans les phénomènes prétendus paranormaux qu’il démontre comme étant à chaque fois des supercheries. Sa nouvelle enquête le mène à Pig Island, au large de l’Ecosse, où un monstre mi-homme mi-bête a été filmé. C’est également sur Pig Island que vivent des fanatiques autoproclamés « ministres de la cure psychogénique » et dont le chef est Malachi Dove. Pour Joe Oakes, tout ceci ne peut être qu’un canular, mais ce qu’il va devoir affronter dépasse de loin ce qu’il attendait.

    Mo Hayder signe un thriller au démarrage fort et prenant : l’ambiance malsaine sur l’îlot est très bien rendue, et de nombreuses situations rendent le récit haletant. Les personnages sont intéressants, d’autant que l’auteur a eu la très bonne idée d’alterner les points de vue de Joe Oakes et de sa femme Lexie.
    Cependant, le récit se perd un peu à partir de la deuxième partie, avec des chapitres bien moins marquants que les précédents. La tension règne toujours dans les mots de Mo Hayder, mais le lecteur perd de cette puissance narrative, notamment en raison de nombreux passages qui auraient pu être écourtés.
    Le final réserve malgré tout en point d’orgue un rebondissement très bien amené qui surprendra le lecteur et l’obligera à se remémorer certains moments du livre.

    Au final, Pig Island est un opus assez réussi où l’on retrouve la marque de son auteur, avec des passages très violents et gores, mais qui aurait probablement gagné à être plus court pour entraîner l’adhésion totale du lecteur.

    31/07/2008 à 19:08