El Marco Modérateur

3286 votes

  • Zone fantôme

    Junji Ito

    8/10 Quatre histoires dans ce recueil : « Le Coteau aux pleureuses », « Maudite madone », « La rivière spectrale d’Aokigahara » et « Léthargie ». Une pleureuse aux sanglots qui contaminent une jeune femme et une légende japonaise à ce sujet, des cours d’une folle religion dans un pensionnat pour jeunes filles et d’étranges écoulements de sel, une rivière d’âmes, Takuya Terada qui pense être ce tueur en série nocturne qui lange ses victimes comme des bébés. Des nouvelles au graphisme assez particulier mais au final réussi, et des récits très divers même s’ils voguent tous sur les vagues de l’occulte. J’ai adoré les deux premières, un peu moins les deux suivantes, mais l’ensemble n’en demeure pas moins très réussi, original et prenant.

    hier à 18:22 1

  • Le Batman qui rit

    Jock, Scott Snyder

    8/10 Batman attaque des déménageurs de maison avant de découvrir sa propre dépouille dans un cercueil. Un épisode particulièrement dense, sombre, dynamique et sanglant des très nombreuses séries consacrées au chevalier noir, entre folie, univers parallèles, un double particulièrement énervé de Batman, etc. Je ne maîtrise vraiment pas assez l’univers de Batman pour en apprécier les détails, les références et l’historique, mais à mes yeux d’humble béotien, c’est de la pure dynamite hallucinée, d’autant que le graphisme épouse parfaitement l’énergie de ce tome.

    hier à 18:21 1

  • Sous l'emprise des ombres

    John Connolly

    8/10 Parce qu’il était son ami et qu’il est désormais mort après s’être pendu, le détective privé Charlie Parker va tâcher de retrouver la fille de Jude, un SDF. Aux dernières nouvelles, la jeune femme aurait été vue du côté de Prosperous, un village isolé du Maine. Ce que Parker ignore encore, c’est que la disparue vient d’être assassinée. Il faut dire que Prosperous n’est pas un patelin comme les autres, et Parker va payer cher de s’être trop approché de ses habitants et de ses coutumes. Très cher…
    Il fut un temps, relativement lointain, où John Connolly faisait partie de mes auteurs fétiches. Les années ont passé, j’avais un peu fini par l’oublier, et voilà que je viens de me prendre trois de ses ouvrages en poche, histoire de rattraper mon honteux retard. Et quel régal de retrouver son écriture, ses histoires à nulles autres égales, et son univers si torturé. Ici, Charlie Parker va donc se rendre à Prosperous, un bled inquiétant, dont on découvre les strates d’étrangeté à mesure que l’on fait défiler les chapitres : une communauté repliée sur elle-même, lovée sur sa richesse et ses éventuels risques de consanguinité, et tassée autour de son église, elle aussi très bizarre, vouant un culte à une déité difficilement qualifiable, entre paganisme et chrétienté. John Connolly, c’est un rythme, parfois lent, qui permet de tisser des ambiances mortifères et intrigantes, avec de magnifiques passages, parfois lyriques, mais aussi très drôles, au gré notamment de réparties ou de métaphores tordantes, d’autant plus cocasses que cet humour se manifeste au beau milieu de sacrées ténèbres. Ce sont également des personnages, aux prénoms et noms peux banals, et d’une rare force de percussion : entre Morland, le policier ambigu, Conyer, la dame patronnesse et bien machiavélique de Prosperous, le Collectionneur, le pasteur Warraner, les divers tueurs patibulaires et – mon chouchou du livre – Cambion, ce terrible personnage frappé par la lèpre, il y a amplement de quoi faire ! Une intrigue forte et typique des autres livres de l’écrivain, puissante et obsédante, même si je regrette – à la marge – peut-être la profusion de personnages assassins et surtout le fait que cette fameuse religion altérée ne nous soit pas davantage explicitée. Néanmoins, ça reste du très bon Connolly, un opus saturé de noirceur où Charlie Parker va passer un sale quart d’heure (dans le dernier tiers de l’ouvrage), laissant de l’amplitude à ses fidèles Louis et Angel pour donner, une fois de plus, toute la mesure de leur efficacité. Je renoue donc avec bonheur avec la bibliographie de John Connolly !

    hier à 07:50 4

  • La Dame blanche

    Denis Zott

    6/10 Ils sont quatre : Johnny, le Rital, le Chauve, le Tunisien. Ils ont été engagés pour enlever une jeune femme, Elise de la Salle, dans un manoir de l’Yonne. Sauf que le kidnapping tourne mal : leur véhicule a un accident alors que la mystérieuse Elise venait de prédire un accident, et leur proie s’échappe. Là où elle atterrit, c’est un village du Tarn, Puech Begoù, où les événements ne vont guère aller en s’améliorant.
    Mon premier ouvrage de Denis Zott. J’ai été agréablement pris par sa prose, simple et efficace, et le rythme cadencé des chapitres courts. Un voile de mystère enveloppe Elise, blanche comme la craie, jeune et belle, fardée comme une geisha, et dont on ne comprend la réelle « valeur » qu’une quarantaine de pages avant la fin (même s’il y a quelques indices disséminés dans l’ouvrage). L’auteur réserve un récit soutenu, avec pas mal de suspense, et l’ensemble se lit vraiment vite et facilement. Dans le même temps, puisqu’on parle de facilités, il y en a : j’ai eu du mal avec la famille Renard (la vieille mère Germaine, détestable, raciste, libidineuse, et ses enfants qui cumulent tant de défauts et de tares que c’en devient trop chargé). Elle exploite Césaire (bonne idée de la part de l’auteur d’associer des citations du poète au gré du découpage du livre), que chacun de ses membres appelle « chien », le contraignant à des corvées sous les vociférations, les coups et même les obligations de cuissage avec la vioque, le cou ceint d’un collier de molosse. Et puis, à trop chercher l’action, j’ai trouvé que Denis Zott se perdait un peu – et le lecteur par la même occasion – notamment avec cette histoire de trafic rural de drogue, d’intervention des gendarmes, etc., alors que le roman aurait gagné à mes yeux à rester concentré sur le personnage de cette Dame blanche. Bref, une bonne idée originale mais en grande partie gaspillée par des détours inutiles et des événements surnuméraires : ça revient à gâcher une viande prometteuse sous une sauce et des ingrédients superflus.

    31/05/2024 à 18:12 2

  • Dernier soupir

    Kate Bold

    3/10 Une vie de rêve : voilà ce que va bientôt vivre la jeune Kaylie Brooks. Elle emménage avec Brett, riche et séduisant, dans une magnifique propriété. Là-bas, la famille de Brett se montre un peu envahissante, au même titre que ses amis ou le voisinage. Pressée de terminer son mémoire en psychologie avant même de faire des enfants, Kaylie comprend rapidement qu’elle n’est qu’une pièce rapportée, sans grande importance, que son compagnon peut inviter des camarades dès qu’il le désire sans même lui en parler, et surtout, qu’elle doit rester à sa place. Mais quand une femme meurt dans ce qui ressemble à un accident, elle prend conscience du fait qu’il y a probablement un tueur dans les parages.
    Voilà un roman à suspense très fadasse. La mise en place est très longuette, presque mollassonne, et je me suis rapidement lassé de cette succession de beuveries, de clichés sur cette élite fortunée qui passe son temps à picoler, d’autant que le style très pauvre n’engage guère à être clément, au point que j’en suis venu à espérer la venue rapide du crime. Mais même après, c’est la désillusion : l’identité du tueur en devient presque téléphonée, sans le moindre suspense dans le récit, et l’ouvrage ne gagne nullement la saveur voire le côté épicé que j’attendais tant. En vérité, tout est si insipide que l’on peut vraiment passer son tour. Un livre inconsistant, ennuyeux et terne.

    30/05/2024 à 19:08 2

  • Danger dans la mine

    Fabien Minguet, Rémi Prieur

    8/10 Mine de l’Eldorado, 1851. Le prospecteur d’or que vous êtes se retrouve bloquée dans la mine suite à un séisme. Il va falloir vous en sortir en résolvant les diverses énigmes qui vont se présenter à vous. Un escape game très réussi et qui saisit rapidement par son esthétique, remarquable, ce qui concourt à son aspect distractif. Des épreuves variées et prenantes (retrouver le bon mélange explosif, retrouver le bon rouleau de mèche en fonction des divers temps qu’ils mettent à se consumer, l’escalade au milieu des minerais, le charriot dont il faut suivre les bons rails, etc.). En outre, quelques expériences bien inattendues et intelligentes, comme ces indications en braille ou cette illusion d’optique liée au tamis. Une très belle expérience de lecture et de réflexion, un ouvrage à l’esthétique particulièrement travaillée. Une indéniable réussite.

    30/05/2024 à 19:06 1

  • Le cabochon d'émeraude, précédé de L'homme à la peau de bique

    Maurice Leblanc

    8/10 Le Cabochon d’émeraude : La princesse Olga narre à ses amies comment elle a fait la rencontre du grand Arsène Lupin alors que Maxime Dervinol nourrissait pour elle un fort amour, le fils d’un banquier qui avait escroqué la princesse avant de se suicider en prison. C’est en présence de Maxime, dans le salon où elle se remémore ce passé, que son cabochon d’émeraude a disparu, d’une valeur de quatre-vingt mille francs. C’est Arsène Lupin, sous une fausse identité, qui va retrouver le bijou.
    Une nouvelle assez curieuse dont il est presque impossible de parler sans dévoiler le final, inattendu. Une écriture élégante, à peu près autant que ne l’est notre gentleman cambrioleur qui, non seulement va agir gratuitement mais va accepter de se montrer galant en ne volant pas cette fameuse émeraude. Quant à la résolution de l’énigme, m’attendant à un autre ressort ou à une ficelle déjà employée ailleurs, même si elle peut effectivement décevoir, paradoxalement, elle m’a d’autant plus plu qu’elle est innovante et inattendue, s’appuyant sur un déclic imprévu, et aussi sur un domaine fort peu fouillé en littérature policière, je pense. Bref, un moment savoureux en raison de ce final dont je me souviendrai fort longtemps.

    L’homme à la peau de bique : A Saint-Nicolas, tout le monde voit un véhicule foncer dans le village avant de disparaître avec, à son bord, un conducteur « couvert d’une peau de bique, coiffé de fourrure, le visage masqué de grosses lunettes » ainsi qu’une passagère « dont la tête ensanglantée pendait au-dessus du capot » tandis que la malheureuse hurlait. La femme est retrouvée dans un virage impossible à négocier à vive allure, décédée, mais le chauffeur s’est volatilisé. L’affaire se complique encore par la suite au point qu’un journaliste écrit : « Tous les Sherlock Holmes du monde n’y verraient que du feu, et Arsène Lupin lui-même, passez-moi l’expression, donnerait sa langue au chat ». Sauf qu’Arsène Lupin en personne est piqué dans son amour-propre et résoudre à distance cette énigme… en s’appuyant sur un célèbre écrit d’Edgar Allan Poe.
    Une histoire très prenante et où le tragique de la situation de départ – des morts et une femme à la tête écrasée par une grosse pierre, tout de même, contraste avec la légèreté de la démonstration faite par l’immense Arsène Lupin. Une solution finalement bête comme chou et d’autant plus prenante, primo, qu’elle se montre crédible et, deuxio, elle est le prétexte pour Maurice Leblanc d’incliner son chapeau à l’égard de Poe avec la formule suivante : « Vous voyez bien que ma lettre n’était pas absolument inutile, et que l’on peut se permettre de redire aux gens ce qu’ils n’ont appris que pour l’oublier ». Un très bon moment de lecture.

    29/05/2024 à 17:10 1

  • L'Affaire Seznec

    Gérard Berthelot, Julien Moca, Luc Révillon

    7/10 Paris, novembre 1953 : on essaie de tuer Guillaume Seznec en l’écrasant. Il confie sa peur au journaliste Guillaume Cordier qui s’intéresse à la disparition de Quéméneur entre Morlaix et Paris en mai 1923.
    Des faits réels relatés avec le souci du détail et de la véracité historique, même si la conclusion pourra toujours être sujette à caution (des éléments dans ce sens sont néanmoins apparus quelques années après la parution de cette BD). Bref, c’est solide, mais c’est vraiment dommage que les dessins soient aussi tartes.

    29/05/2024 à 17:08 1

  • L'Affaire de l'auberge rouge

    Stéphane De Caneva, Julien Moca, Didier Quella-Guyot

    6/10 1808 : un dénommé Béraud, cherchant à échapper aux gendarmes, aboutit à une auberge. 1812 : un cavalier assoiffé est également recueilli. Autant d’histoires qui vont être évoquées dans le procès auquel on assiste en 1833 à Privas.
    Une BD esthétiquement très agréable mais qui prend quelques libertés avec la vérité historique, mettant l’accent sur le poids des rumeurs, des jalousies locales et des faiblesses dans les accusations. Le côté pathos dans la dizaine de dernières planches (on parle tout de même d’exécutions à la guillotine, c’est certain) tend à émouvoir les lecteurs sans pour autant clairement apporter des éléments venant discriminer les condamnés. Les auteurs ont tout à fait le droit de prendre la défense des accusés – parce que non, ils ne sont pas « plutôt du côté de l'innocence du couple Martin », ils bataillent même carrément pour – mais probablement auraient-ils pu le faire avec plus de finesse. Un ouvrage cependant agréable.

    29/05/2024 à 17:07

  • Gunslinger Girl tome 1

    Yu Aida

    4/10 Une gamine violée par des brutes au milieu des cadavres de sa famille. « Reconditionnée » et désormais dotée d’un corps artificiel, cette môme va désormais servir une organisation pour des tâches d’exécution de criminels ou de protection. Une resucée de thèmes déjà tellement connus que ce scénario ne présente a priori guère d’intérêt. J’ai trouvé en outre que le graphisme avait méchamment vieilli, et l’alternance de dessins gentillets (avec la face pouponne de la protagoniste, Henrietta) et les moments plus violents voire sanglants (ils sont néanmoins rares) déséquilibrent ce premier tome, hésitant sans cesse entre les genres. Bref, une belle déception autant que l’impression d’une belle inanité. J’essaierai tout de même de suivre un peu cette série pour voir si mon avis reste le même ou évolue.

    27/05/2024 à 19:48 2

  • Black Paradox

    Junji Ito

    7/10 Ils sont quatre : Pitan, Tableau (deux hommes), Marseau, Baratchi (deux femmes), c’est la première fois qu’ils se rencontrent et ils ont décidé de mourir ensemble pour des raisons très différentes. Alors qu’ils s’apprêtent à s’intoxiquer à mort avec les gaz d’échappement de leur véhicule, les événements basculent dans le surnaturel : dédoublement, doppelgänger, mystérieuse boule recrachée par l’un d’entre eux, découverte d’un élément terrifiant dans le pylore de ce dernier, âmes furieuses, vies antérieures, brûlures inexpliquées, etc. Encore une fois, avec Junji Ito, on sombre rapidement dans le paranormal mais aussi dans une forme d’univers parallèle, presque décalé, qui surprendra voire décevra les plus cartésiens des lecteurs. Maintenant, si on veut tenter un manga solide, atypique et profondément fantasmagorique, frôlant l’horreur sans jamais vraiment y pénétrer, ça peut être un chouette détour, hors des chemins de traverse.

    26/05/2024 à 19:43 2

  • L'Incarnation de Seth

    André-Paul Duchâteau, Daniel Hulet

    6/10 Sir Liewellyn, passionné par l’Egypte ancienne, est en panique à la suite d’un coup de téléphone très particulier, et Pharaon lui vient en aide, sans savoir que la menace est sacrément proche.
    Combat contre de soi-disant momies, tentative de strangulation avec une bandelette (oui, oui…), mystères et bastons dans les pyramides, rituels sanglants… On est encore une fois dans le classique mais ça reste divertissant, à mi-chemin entre le côté fun assumé et la quasi-parodie du genre. J’ai découvert le prétendu pouvoir abrasif des pyramides sur les rasoirs : c’est informatif mais vraiment du grand n’importe quoi 😉

    26/05/2024 à 19:41 1

  • De Sable et de feu

    Alessio Cammardella, Thierry Lamy

    7/10 Une évocation pleine de bruit et de fureur de la bataille d’El Alamein qui a vécu la victoire des Alliés notamment face aux chars de Rommel. Esthétiquement, c’est réussi. Historiquement, de ce que j’en connais et de ce que j’ai pu en lire, c’est solide. Le sort du soldat Campbell qui s’oppose à son supérieur Fryer apporte une touche bienvenue à ce récit classique mais efficace.

    26/05/2024 à 19:40 1

  • L'Arcane

    Augustin Popescu, France Richemond

    6/10 Berlin, novembre 1700 : le cas d’une enfant que l’on pense victime de phtisie alors qu’elle est en réalité empoisonnée. Davantage de tension que dans le tome précédent (ce n’était guère difficile), et même de l’action assez savoureuse quoique classique dans le final. Une conclusion honnête pour une série qui, malgré quelques hauts et bas, l’aura globalement été tout autant.

    25/05/2024 à 07:27 1

  • La Couronne de Prusse

    Augustin Popescu, France Richemond

    4/10 Berlin, été 1698. Un début un peu bavard dans une grotte, des maisons éclairées à la bougie ou dans une officine : le trait demeure réussi et l’histoire intéressante, mais ça manque sévèrement selon moi de tension, d’épisodes plus mouvementés. Cette mollesse globale ne vient du coup que souligner davantage les défauts de ce quatrième tome, défauts que sont les poncifs du genre qui s’enchaînent ici dans une inertie presque totale.

    25/05/2024 à 07:26 1

  • Mélissandre

    Cécile Jugla, Franck Thilliez

    8/10 Esteban et Sarah sont fermement décidés à comprendre d’où ils viennent tandis qu’Alex, l’ancien petit copain de Sarah, vient de disparaître dans des conditions inquiétantes. Une quête qui va mener notre équipe d’adolescents vers une improbable origine et les confronter à un danger encore jamais vu.

    Ce quatrième tome de la série de romans consacrée à la Brigade des cauchemars s’avère tout aussi réussi que les précédents. Novélisé par Cécile Jugla – après le décès prémature d’Agnès Laroche – à partir des bandes dessinées du même nom scénarisées par Franck Thilliez, il nous plonge dans une course folle, celle de la quête d’identité d’Esteban et de Sarah. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les événements et péripéties seront nombreux et détonants. Jugez plutôt : une mystérieuse créature qui pourrait être un loup-garou, une terrifiante forêt où même les chiens refusent d’aller, une jumelle pour Sarah, un dramatique accident avec des chasseurs, un lycanthrope menaçant de s’introduire dans le monde réel, une partie endiablée de jeu vidéo avec un monstre de magma en guise de boss final, etc. Les dessins très réussis de Yomgui Dumont s’insèrent à merveille dans le récit au point de servir d’incrustations à certains dialogues, et l’histoire ne marque aucun temps mort. Les révélations affluent et cet opus se conclut de manière intéressante avec un officier – le colonel Bloom – évoquant le projet Morpheus.

    Un roman pleinement efficace et prenant, alors que Rageot annonce déjà la parution du cinquième tome en septembre 2024, à savoir la novélisation de Léonard : on a déjà hâte d’y être.

    23/05/2024 à 06:57 1

  • Le Collectionneur

    Fiona Cummins

    8/10 … ou comment l’inspectrice Etta Fritzroy va devoir enquêter sur un sinistre individu, dont la passion consiste à collectionner les squelettes humains pourvus de bizarreries anatomiques. Et ça tombe bien, parce que ce monstre, véritable héritier d’une lignée de collectionneurs d’os, a déjà repéré deux jeunes proies : Clara Foyle, cinq ans, handicapée par une ectrodactylie (il lui manque les trois doigts du milieu à chacune des mains) et Jakey Frith, meurtri par une fibrodysplasie ossifiante progressive, avec une sorte de second squelette poussant aux côtés du premier, qui l’enfermera sous peu dans une cage d’os.
    Contrairement à Mireille qui a dénoté des longueurs et à Franck 28 qui a plagié son commentaire, j’ai beaucoup aimé ce thriller : l’écriture de Fiona Cummins y est pour beaucoup. L’auteure ne s’est pas contentée de jouer sur la corde classique des émotions et du scénario addictif, elle a également une plume très intéressante, riche d’une large palette d’émotions, ce qui lui permet de déployer de beaux moments de tension comme des instants très poignants. Tous les personnages sont fort bien campés, depuis les deux petites victimes jusqu’à leurs parents (mention particulière pour Erdman Frith, journaliste alcoolo qui ne va pas tarder à être viré de son travail, mais va trouver une forme de rédemption en traquant le kidnappeur de son enfant). On tremble lorsqu’apparaît ce psychopathe qui, au demeurant, sait également engendrer une forme d’empathie chez le lecteur, notamment en raison de son histoire familiale et sentimentale. Un être néanmoins dément, qui a laissé un an plus tôt des « morceaux » d’une autre jeune victime, laissant dans son sillage des citations tirées de la bible ainsi que des carcasses de lapins parfaitement nettoyées. Si la référence à Hannibal Lecter et au « Silence des agneaux » est évidente, ce roman n’en conserve pas moins indéniablement une âme, une voix, bref, une nette forme d’autonomie littéraire. Je me suis régalé de ces quelque 500 pages, sans le moindre temps mort, et vais tâcher de me procurer la suite, à savoir « L’Ossuaire », puisque bien des éléments demeurent en suspens à la fin du livre. De manière plus générale, j’adore ce concept : fouiller dans une vieille malle et découvrir, presque par hasard, un jouet oublié, un trésor mésestimé, une perle méconnue : assurément, même si cet opus est bien moins connu que ceux de Thomas Harris ou de Mo Hayder, il n’en est pas moins fort et très réussi.

    22/05/2024 à 19:56 5

  • Le Teckel

    Hervé Bourhis

    5/10 Deux individus mal assortis – un représentant médical qui est à un an et demi de la retraite et un jeune cadre – vont former ce « magic duo » pour promouvoir un antidouleur, le M2 qui se veut nouveau. Un premier tome curieux au graphisme très épuré, presque « à l’ancienne » que je n’ai pas spécialement apprécié – pas important – mais qui hésite trop, à mon goût : pas franchement drôle, pas vraiment caustique, c’est trop tiède pour moi. Je m’attendais à une dénonciation des milieux pharmaceutiques, une version VRP du film « Tandem », que sais-je encore, mais rien de tout ça. Assez décevant.

    22/05/2024 à 17:54 1

  • Quand sonne la tempête 2

    Masaki Enjoji

    9/10 Shohei Sakai est pour le moment la proie de Sakai, le lieutenant de Kimtak, qui lui inflige une torture davantage psychologique que physique. Il doit à présent retrouver Minoda, son complice dans la tentative de faire disparaître le cadavre de la jeune femme. L’effet de surprise du premier tome et de son scénario génial s’est en partie évaporé, certes, mais j’ai pris un immense plaisir à renouer avec cette série. Des scènes fortes (comme quand le héros tente le « OK Google » en parlant à son ventre en présence d’une femme enceinte, la défenestration telle que l’imagine Sakai, la torture mentale du garde du corps, etc.), un suspense haletant, une psychologie bien travaillée et des dialogues qui font mouche. Encore un grand moment !

    22/05/2024 à 17:51 1

  • L'Epée perdue

    Benoît Dellac, Jérôme Le Gris

    8/10 Une histoire inspirée du cycle arthurien de toute beauté (en noir et blanc dans la version qui m’a été prêtée), avec des décors, des édifices, des scènes de batailles et des expressions faciales absolument remarquables. Le repêchage final de l’épée augure de tomes suivants dans la lignée de cette prime histoire. Un pur régal visuel.

    22/05/2024 à 17:49 1