Salt River

  1. Chroniques du Tennessee

    Shérif adjoint dans une bourgade du Tennessee, John Turner n’est pourtant pas sans activité. Un jeune homme qui s’encastre avec sa voiture dans un mur, un chien qui aboie sans raison apparente, un ami suspecté de meurtre…

    Troisième et dernier ouvrage de la série consacrée à John Turner après Bois mort et Cripple Creek, ce Salt River est animée d’une remarquable puissance littéraire. Certes, James Sallis n’est probablement pas ici l’auteur d’une intrigue inoubliable. Les affaires vont venir se télescoper et les divers éléments finissent par être élucidés, mais ils ne marqueront pas la mémoire des lecteurs. En revanche, la finesse d’écriture est absolument prodigieuse ; en quelques mots, quelques situations, quelques dialogues, les personnages s’imposent par leur densité. Moins de deux-cents pages, et tout y est dit et écrit. À la manière d’un réalisateur ayant parfaitement perçu ses acteurs, James Sallis maîtrise ses protagonistes et les rend tout de suite si humains. C’est d’ailleurs le cas pour John Turner, à propos duquel on ne peut qu’encenser cette maestria narrative, si poignante autant que lapidaire, avec laquelle l’écrivain nous dépeint ici l’ultime apparition.

    Sans offrir un immense moment de littérature policière, James Sallis brosse des portraits d’une si profonde humanité que la lecture de ce roman s’en passe bien volontiers. On en viendrait presque à sentir palpiter le pouls des personnages sous nos doigts à mesure que nous tournons les pages.

    /5