Anaisthêsia

  1. Même pas mal !

    Il est flic. Il est noir. Il deale de la blanche. Désiré Saint-Pierre était déjà quelqu’un de spécial avant. Alors après…
    Un accident de voiture. Le coma. Défiguré. Mais au réveil, étrangement, aucune douleur. Désiré est devenu complètement insensible. Comme si ça ne suffisait pas, les tuiles lui tombent dessus les unes après les autres. Son kilo de coke a disparu et l’insaisissable Tueuse aux Bagues sur laquelle il enquêtait avant l’accident refait parler d’elle…
    Si le Docteur Zymanski s’intéresse fortement à Désiré, les autres évitent ce type devenu vraiment trop spécial. Peu importe, Désiré s’en moque et compte bien régler ses problèmes, avec ou sans aide.

    Avec Anaisthêsia, Antoine Chainas affirme encore un peu plus la voix particulière qui est la sienne dans le paysage du polar francophone.
    Des descriptions froides et précises. Des phrases sèches. Un rythme très scandé, avec des éléments qui reviennent régulièrement, comme des leitmotivs.
    Anaisthêsia, c’est noir, très noir. Maladie, drogue, sexe, ripoux aux méthodes radicales... On ne lit pas Chainas pour passer un petit moment de détente et d'amusement.
    Pas vraiment plus pour l’intrigue policière, qui laisse souvent sur sa faim. Mais surtout pour l’écriture : pour les descriptions – de la banlieue, du milieu psychiatrique et, plus largement, de la société d'aujourd'hui – et pour les réflexions. L’auteur traite intelligemment des sujets aussi variés que l’identité noire, la maladie, le rapport à soi et aux autres, la vie avec ou sans émotions…

    Après Aime-moi Casanova et Versus, Antoine Chainas confirme avec Anaisthêsia qu’il est un auteur sur lequel il faut désormais compter. Un style bien à lui, du roman très noir : Chainas, on aime ou on n’aime pas mais on ne peut pas y rester… insensible.

    /5