« J’ai la tête, les yeux et la bouche qui crament, j’ai avalé des braises qui me font des trous partout. Des trous dans le sol quand j’avance, des trous dans les phrases que je veux dire à des gens qui ont des trous dans le visage quand je les regarde. »
Dès les premières pages, le hurlement du sergent résonne pour longtemps dans vos oreilles : « Tout le monde en rang, à l’ordinaire. Mâchez bien sinon vous allez nous cimenter les chiottes, et c’est pas moi qui irai les déboucher, compris ? » Le sergent ? Oui, le sergent, celui qui recrute les futurs légionnaires. Nino, dix-neuf ans, figure parmi les volontaires, groupe d’hommes venus des quatre coins du monde afin de recevoir, coûte que coûte, une solde, pour pouvoir s’en sortir. La Légion, c’est l’apprentissage d’un code d’honneur autant que celui d’une langue. Hélas, Nino ne passera pas l’épreuve puisqu’il échouera brillamment au test de dépistage.
De retour, Nino enchaîne ensuite les petits boulots, tandis que sa petite amie, Lale, fait des baby-sittings. Une vie de débrouille ponctuée de fêtes étourdissantes, où l’alcool et la drogue coulent à flots. Une histoire d’amour, des liens d’amitié forts, notamment avec Malik, véritable créature…
Truffée de dialogues truculents, l’écriture pleine de vivacité de ce roman plante à la perfection ses personnages. Simon Johannin dresse ici le portrait de toute une génération, une génération qui tente de trouver sa place, une place, là où il n’y en a plus. C’est aussi celui d’une époque, la nôtre, avec son langage, avec ses difficultés et les excès d’une jeunesse au destin chaotique.
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Soumis le 17/12/2018 par Norbert