1964
Née un an après "Les Tontons flingueurs", Claire Gratias ignorait alors que ce chef-d'œuvre deviendrait un jour son film culte. À cette époque, la télévision était en noir et blanc et ne proposait que deux chaînes. Restait la lecture. Elle s'y adonna avec ferveur. Sa deuxième grande passion était le cirque. C'est probablement ce qui la conduisit à rejoindre pour un temps le grand corps malade de l'Instruction Publique alors rebaptisée Nationale Éducation, où elle exerça durant quinze patientes années au cœur même de la cage aux fauves, sous les regards admiratifs de spectateurs frémissants d'angoisse et de compassion. Jusqu'au jour où elle se rappela cette sage maxime de l'oncle Fernand : « Quand la protection de l'enfance coïncide avec la crise du personnel, faut plus comprendre, faut prier… » Et elle s'enfuit nuitamment avec un trapéziste volant. Après un atterrissage forcé sur le toit d'une maison d'édition, elle décida de se reconvertir dans l'écriture (« Ah ! si c'est une œuvre… »). Depuis, elle rencontre régulièrement de gentils lionceaux gavés de télévision pour parler avec eux de livres noirs et blancs…