chouchou

597 votes

  • Le Rôle de la guêpe

    Colin Winnette

    8/10 L’isolement, l’absence de repères familiaux, la lutte de jeunes individus pour se faire accepter dans une communauté fermée nous portent vers un intangible récit noir. Dans ce centre de détention temporaire et non comme une école, tel le précise en incipit le directeur de la structure, ne présage rien de positif et nous pousse benoîtement dans une atmosphère pointée par le mystère et l’effroi. Le doute ou l’espoir ne semble pas permis et dès les premières lignes on prend bien conscience de l’évidence….

    20/09/2018 à 17:47 7

  • Macbeth

    Jo Nesbo

    4/10 Je partais dans l’inconnu à plus d’un titre en entrant dans ce roman noir. En effet, je n’avais pas eu l’occasion, ou la tentation d’entrer dans l’univers livresque de l’auteur scandinave, pourtant plébiscité dans le monde du noir. J’étais, de même, naïf du monde shakespearien. On est bien là dans une évocation, dans une adaptation libre et il m’est difficile d’y trouver des analogies fortes au su des explications fournies en préambule. Cette dramaturgie, basée sur des thèmes classiques transposés dans une modernité, pouvait augurer de frictions tendues, de source d’émoi pour l’adepte du genre.

    17/09/2018 à 11:09 3

  • Requiem pour Miranda

    Sylvain Kermici

    7/10 Il faut se délecter du nectar! Pas par soif vitale mais par unique plaisir, plaisir coupable, véniel, où l’on ressent au siège des émotions une emprise barbare et catalytique. De ces courtes pages, l’adhésion doit être totale afin de frissonner à l’insondable, de s’emplafonner dans l’innommable. La sécheresse du propos ne s’ampoule pas de détails superfétatoires. Et si l’on s’isole dans sa bulle, on fait face à une sombre fable, ouvrant la porte du royaume d’Hadès. On ose y entrer ou l’on refoule cet univers.

    Pile ou face?

    09/09/2018 à 20:48 3

  • 1994

    Adlène Meddi

    8/10 Les plaies ne cicatrisent pas, elles ne se referment pas après une décennie d’exactions où le manichéisme ne signifie plus grand chose. L’Algérie, de ses souffrances, tente de reconstruire, or son passé impacte le présent d’un indélébile trait. Le pays cherche à faire bonne figure en tutoyant des politiques qui ne sont pas les siennes, en reproduisant des codes et des organisations occidentales, elle voudrait s’affranchir des sources ayant abreuvé cette guerre civile fratricide de l’implosion. C’est en suivant des personnages taillés à la serpe que le romancier nous convie à suivre leurs destinés dans ces heures sombres et celles d’après.

    04/09/2018 à 11:00 7

  • Malavita

    Tonino Benacquista

    7/10 Lu à sa sortie par un été à la campagne....j'en conserve un doux souvenir où le plaisir de la villégiature familiale se conjugue avec l'angoisse d'être démasquée par des forces qui n'ont que l'ultime suppression en tête. De l'écriture qui a son grain, sa tessiture!

    07/08/2018 à 19:47 4

  • Chevauchée avec le diable

    Daniel Woodrell

    9/10 Les Bushwackers, bandits indépendants durant la guerre de sécession, restait attachés aux sudistes et, donc, vivaient de méfaits indépendamment des troupes confédérées. Ce récit tranchant, sans apprêts, est un récit de carnassiers. Carnassiers car ils tuaient pour éviter d'être tués, en particulier par les Jayhawks unionistes, dans un déferlement de peu de foi ni loi. Grand roman, grande écriture, de chemins parallèles du conflit fondateurs des Etats-Unis. (Adapté par Ang-Lee)

    16/07/2018 à 22:59 5

  • Traversée vent debout

    Jim Nisbet

    8/10 Un Nisbet se mérite! Sur cet acte il est moins noir que "Prélude à un cri" ou "Injection Mortelle" et il nous délivre son message sur des thématiques évoquant le fonctionnement de notre monde sur différents prismes. L'écrivain manie le verbe, structure son récit avec un subjuguant niveau. Taxer ce roman d'oeuvre jubilatoire est une litote! Nisbet reste unique....

    10/07/2018 à 18:40 6

  • Une femme d'enfer

    Jim Thompson

    9/10 Une Femme d’Enfer, précédemment publié sous le titre « Des Cliques et des Cloaques » en 1967 pour sa version française, est l’ouvrage de Jim Thompson sur lequel Alain Corneau s’est librement appuyé pour nous conter son long métrage « Série Noire ». Il nous dépeint des destinées obscures qui ne semblent pas posséder d’avenir. Ce sont des petites gens qui survivent et tentent de s’accrocher à des chimères dont, eux-mêmes, ne sont pas dupes. Ils avalisent, sans volonté consciente, des bifurcations sur leurs routes d’existences les menant sans variations à leur perte. Sûrement pas de grandiloquence dans ce texte où l’émotion affleure par des vies moroses.

    03/07/2018 à 16:58 5

  • Les Guerriers de l'enfer

    Robert Stone

    8/10 Originellement titré Dog Soldiers, Les Guerriers de l’Enfer, en 1974, lauréat du National Book Award en 1975 et adapté pour la toile trois années plus tard par Karel Reisz, ce roman décrit le pays à la bannière étoilée qui ne se réfère plus à ses valeurs. Il est une version d’une Amérique désenchantée, sortant de ce conflit vietnamien, en exposant au monde des stigmates profondes, traumatisantes.

    28/06/2018 à 18:30 3

  • Au pays des barbares

    Fabrice David

    5/10 Faîtes vos jeux, rien ne va plus! Quand la bille tourne autour du plateau mobile, l’anxiété monte en se mêlant à une excitation liée au résultat aléatoire. Il en est de même dans le stratagème imaginé par des bas de plafond dont la motivation de fond reste bien superficielle, guidée par une immaturité pathologique. On entre dans le milieu du football des clochers, dans les existences de supporters acquis à une cause constitutive de celle-ci. Situé chez les cul-terreux, les rednecks, à une encablure de la Belgique, les Ardennes représentent le rond central d’une myriade de déchéances personnelles s’additionnant. De la grisaille, de la bière, pour des derviches tourneurs de la glanditude qui osent l’impensable et l’impensable reste possible pour les privés de conscience.

    14/06/2018 à 18:58 3

  • Je suis un Guépard

    Philippe Hauret

    8/10 La sempiternelle question, l’infini débat, de la définition du polar reste posée. Dans une cascade de dominos, quel est le prépondérant le premier ou le dernier? Et c’est dans cet « affrontement » de deux couples dépareillés que les cartes sont rebattues. Il y a un manifeste manichéisme dans ce récit avec un couple que l’on pourrait étiqueter de gauche et l’autre de droite. C’est aussi par ce prisme que le roman sociétal s’exprime, il s’exprime d’autant plus dans cette dualité et cette opposition que dans les parcours de vie, où le chaos reste néanmoins plus prononcé pour le premier couple. Ce sont donc des fracturés de l’existence qui font face à un duo ayant connu un tracé plus linéaire. Pas de caricatures, de poncifs ni de raccourcis mais bel et bien un texte brut qui peu à peu revêt tous ses sens…

    11/06/2018 à 19:02 5

  • Là où vivent les loups

    Laurent Guillaume

    7/10 La frontière transalpine au cœur de cette région savoyarde est propice au passage de migrants…Mais quand un « boeuf-carottes » débarque pour un contrôle administratif de routine dans ce poste de la police des frontières, il se voit confronté à un meurtre dénué de rapport avec ces passages illégaux. Son personnage ingrat, rustre, quasi insociable s’impose pourtant et le résultat n’en est que plus savoureux, à la hauteur des diots aux crozets!

    05/06/2018 à 22:44 7

  • My Bloody Valentine

    Christine Détrez

    7/10 L’image de carte postale est idyllique, réjouissante. Se retrouver sur l’île de beauté en compagnie d’un autre couple et leurs enfants présage de moments de concorde, de bon temps. La mécanique ondule sous les rais du dieu Râ et l’huile des rouages semble se raréfier. Chacun vit avec son histoire, chacun vit avec son âge et ses attraits pulsionnels….

    03/06/2018 à 01:47 2

  • São Paulo confessions

    Gérard Bon

    6/10 Sampa, Sao Paulo, la « Suisse » du Brésil est le théâtre d’une enquête liée à une disparition. Menée par un avocat en simili-perdition professionnelle mais, surtout, personnelle, il s’escrime à définir les circonstances entourant cette disparition. Rapidement, aisément, on aura défini pour qui la référence pour cet homme volatilisé. Il ne fait aucun doute que cette star aussie correspond à ce rocker ténébreux lesté d’un passé ténébreux accompagné par « les mauvaises graines ». Implicitement, l’auteur nous livre son attirance musicale pour l’artiste de talent. Les vicissitudes d’une existence parsemée de drames, d’addictions, de décisions tumultueuses ponctuant, par la même, le récit pour tenter de détricoter une trame de vie. Pas de plages, de farniente, de naïades sculptées à l’envi par des coups de scalpel, pas de jeux de ballons, on est dans une réalité brute sans ponctuations.

    30/05/2018 à 11:12 3

  • Tout cela je te le donnerai

    Dolores Redondo

    8/10 Dolores Redondo nous avait précédemment embarqués dans sa trilogie du Batzan aux confins du Pays Basque espagnol. Là, elle nous enjoint à la suivre en pays de Galice situé au Nord-Ouest de l’état ibérique à la frontière lusitanienne, non loin de Saint Jacques de Compostelle. Car la Galice présente une histoire monarchique, noble par l’entité représentée par le royaume suève, ce qui aura son importance dans le présent récit. C’est avec délectation que l’on retrouve l’écriture de cet auteur capable d’aimanter notre esprit dans un ouvrage consistant.

    22/05/2018 à 18:03 5

  • Mamie Luger

    Benoît Philippon

    8/10 Les similitudes sont réelles avec le long métrage de Claude Miller, “Garde À Vue” en 1981. Tout d’abord le contexte du face à face, qui plus est avec le profil du représentant de la loi, dans un huis-clos propice à une palpable tension dans des échanges où se jouent la destinée du mis en cause. Mais globalement, derrière une couverture caricaturale, grand guignolesque, les convergences en restent là car les deux êtres séparés par un bureau n’ont pas les mêmes attributs que dans le film, bien que les dialogues, l’écriture d’Audiard ne dépareillerait pas pour ce récit.

    15/05/2018 à 10:44 8

  • Le Salon de beauté

    Melba Escobar

    8/10 Bogota possède une attraction que Carthagène n’a pas. Centre névralgique de la Colombie, elle étincelle pour bon nombre, cherchant émancipation, reconnaissance ou évolution indépendante. Cette expérience et cette équation se jouent au sein d’un salon d’esthétique. Lui aussi semble être l’épicentre d’illusions, le carrefour de luttes des classes, le théâtre des cloisonnements ancrant un déterminisme violent, sans concessions. La narratrice du récit voit les actes de l’intérieur, en dirigeant les projecteurs vers cette esthéticienne symbolisant les pratiques d’un pays et ses dérives, elle nous décrira avec acuité et sens une critique acide de son monde.

    09/05/2018 à 11:09 5

  • Toxic Star

    Hervé Claude

    6/10 L’ étendue désertique infinie de la zone occidentale australienne réserve, forcément, des surprises. Ce lieu hostile établit un terrain, un théâtre où l’homme n’a pas voix au chapitre s’il ne respecte pas de basiques règles. Or, si le tableau débute par cette image, les circonstances et le contexte de l’ouvrage restent surtout rattachés au monde sulfureux du Footy (ou Australian Rules) sport autochtone, essentiellement, véritable mix de Basket, Football et Rugby, où les contacts rugueux, délestés de règles, n’ont d’égaux que les dérives parasitaires satellites. C’est dans cet environnement et dans des questions inhérentes à ces pratiques de « derrière le rideau » que ce journaliste renfrogné tentera d’éclaircir ces zones obscures, opaques.

    01/05/2018 à 12:42 3

  • Salut à toi ô mon frère

    Marin Ledun

    8/10 Marin nous a habitués aux écrits sociaux, politiques, ou purement et simplement sombres. On rentre là dans un exercice de style dont il ne nous avait pas habitués, bien qu’en interlignes de l’humour, du burlesque pointaient. Comme précisé par l’éditeur, et donc assumé, l’auteur se livre, ouvert, à un effort de la trempe de Daniel Pennac, époque Malaussène. Sans « traîtrise », sans le goût de la resucée, il nous expose un roman tel une soupape de respiration, pour expulser un pan algique de son existence qu’il combat par la dérision mais pas que…

    30/04/2018 à 11:06 10

  • Bon à tuer

    Paola Barbato

    6/10 La fébrilité est réflexe à l’annonce d’un nouvel effort de l’auteur transalpine. En effet, son premier roman, paru dans l’hexagone sous le titre « A Mains Nues », m’avait littéralement soufflé. Son propos, et sa forme, de cette parution chez ce même éditeur en 2014, se présentaient, ou se voulaient, plutôt clivants. Pour les uns, il n’était que violence pour la violence, Pour les autres, dont je faisais donc partie, la Milanaise, parallèlement scénariste TV et BD, nous percutait dans un combat sur un ring sans règles ni cordes, tant au sens littéral que figuré. La romancière a ce don du frisson, de l’impact indélébile des sens. J’avais donc hâte de me plonger dans ce nouvel écrit qui prenait ses quartiers dans le monde de l’édition.

    18/04/2018 à 12:41 7