Surcouf

367 votes

  • Fils de personne

    Jean-François Pasques

    6/10 Une cuvée du PQO qui se situe ans la droite ligne des exigences de ce prix. Un commissaire assez "propre sur lui", un Jules Maigret moderne, un peu ronchon, paternaliste juste ce qu'il faut, une équipe soudée, une méfiance assumée envers les nouvelles méthodes (arrivée d'une psychologue), une intrigue assez classique explorant les naissances sous X, des considérations fondées envers un laxisme supposé des magistrats, sont les ingrédients de cette enquête policière très classique. La lecture est agréable mais sans réelle surprise ni suspens insoutenable. Le style de l'auteur est clair et sans aucune fioriture, ce qui donne un aspect un peu austère voire simpliste. Par contre, tout ce qui relève du travail quotidien de la police est, comme dans chaque ouvrage en lice pour le PQO, minutieusement exposé. Ça manque quand même d'un peu d'originalité, de rythme et de nouveautés et les codes du genre sont respectés à minima.

    11/01/2023 à 15:27 3

  • L'Homme à l'oreille croquée

    Jean-Bernard Pouy

    8/10 Le livre débute sur un improbable huis-clos ferroviaire pour Marie-Claude et Marcel. Après le choc de cette première rencontre, dans laquelle l'auteur arrive à glisser un brin d'humour, les retrouvailles seront aussi placées sous le signe de la violence. Le style de Jean-Bernard Pouy est percutant, tout comme son humour acide ou décalé, ses jeux de mots et ses considérations touristiques ou climatiques sur la Bretagne notamment. Le roman est court et enlevé, jusqu'à la fin qui m'a un peu surpris. Ah, femme vénale !

    11/01/2023 à 13:57 4

  • Le Passager sans visage

    Nicolas Beuglet

    6/10 Je ferai à ce 2e livre sur Grâce Campbell les mêmes reproches qu'au 1er. Cette policière est une véritable superwoman, capable de boucler une enquête entre l’Écosse, l’Allemagne et la Suisse en à peine 5 jours, sans mandat international, tout en faisant face à des méchants bien méchants et déterminés, en élucidant des énigmes balèzes, le tout en redécouvrant ses propres traumatismes subis au cours de son enfance et qui refont surface comme par miracle. Le style et le suspens, autant que l'originalité de la trame développée autour de la légende du joueur de flute sauvent le livre. Les commentaires de l'auteur sur les dangers d'une société hypernumérisée tombent toujours à point, même si on s'approche parfois d'un certain complotisme. Malgré cela, une fois la lecture débutée on a du mal à s'en détacher. Un gros bémol pour la fin, qui finalement n'en est pas une, ce qui est assez frustrant !

    11/01/2023 à 13:48 2

  • La cavale de Jaxie Clackton

    Tim Winton

    7/10 Roman noir centré sur la violence intrafamiliale et ses conséquences. Jaxie, ado de 16 ans, quitte la demeure familiale craignant d'être impliqué dans la mort accidentelle de son père. Démarre alors un road-movie dans le désert australien, jusqu'aux confins d'un lac salé. La peur d'être repéré épuise Jaxie, autant que la soif et la chaleur. Quand il arrive à une vieille cabane, une nouvelle étape commence.
    Un peu déçu par rapport à ce que le résumé laissait entrevoir. L'état d'esprit du personnage principal est décortiqué à tous moments et des longueurs apparaissent. Tout comme la rencontre avec le vieil homme et leur cohabitation.
    Même si une large part du livre se passe au bord d'un lac salé d'un blanc aveuglant, le roman est d'un noir profond jusqu'à la fin. Le livre se lit bien malgré les réserves précitées qui donne un petit air de Désert de Tartares (Dino Buzzati) à cette cavale ou le temps s'écoule lentement et pesamment.

    11/01/2023 à 13:34 4

  • L'Homme de Tautavel

    Jérôme Zolma

    7/10 De deux choses l'une : soit ce livre est un vibrant hommage au céphalopode Gabriel Lecouvreur dit Le Poulpe, soit l'auteur l'a écrit pensant être publié dans la collection de la pieuvre précitée. Les similitudes d'environnement, de caractères, de personnages, de lieux fréquentés et la structure générale du livre correspondent en tout aux codes des aventures du Poulpe. Ceci étant dit, on passe un assez bon moment avec Raphaël, détective privé libertaire, son copain antifranquiste Paco et sa copine (qui n'est pas coiffeuse) l'islandaise Kristgerður. A la recherche de l'assassin de leur ami à Tautavel, face à une enquête de police baclée puis au suicide de cet ami en prison, ils vont semer la pagaille chez les proxénètes de la Jonquera avant de se trouver aux prises, en deuxième partie de livre avec une secte locale. Il y a un peu de baston, de l'humour mais aussi du désenchantement dans cette ballade en Pyrénées et Corbières. On goute un peu de gastronomie traditionnelle et de bières catalanes entre autres. Contrat rempli.

    09/12/2022 à 14:59 1

  • Vert samba

    Charles Aubert

    9/10 Très belle surprise que ce Vert Samba. L’histoire se passe dans la région de Montpellier, au bord des étangs des Moures et de Thau. Le monde ostréicole est en émoi après la mort brutale de deux ostréiculteurs. Ces derniers n’étaient pas des enfants de cœur. Leur passé remonte à la surface des eaux surchauffées par la canicule. A Maguelonne, Bouzigues, Mèze, on appelle ça la malaïgue (mauvaise eau), un phénomène qui dégage une odeur très désagréable. Niels, le personnage principal, et sa copine Lizzie, leurs pères respectifs vieux Bob et Paddy, leurs amis Nora, Vincent et Serge sont eux aussi happés par ce passé alors que des élections municipales se profilent, avec un candidat en vue au profil peut-être un peu trop lisse. L’auteur restitue particulièrement bien l’ambiance des lieux à ce moment de l’année, en plein été, avec ses lumières si particulières, ses couleurs caractéristiques et les odeurs qui en découlent, nauséabonde parfois, comme certaines âmes humaines. L’histoire est simple, plausible comme n’importe quel fait divers, les acteurs justes et les éléments de la trame se suivent sans à-coup avec des effets de surprise subtilement distribués. Les qualités du livre sont dues à l’écriture particulièrement fluide et au style de l’auteur. Il dépeint ses personnages avec une méticulosité d’horloger. Les caractères de ses différents protagonistes, un irish traveller, des manouches, des journalistes indépendants, un flic, un fabricant de leurre pour la pêche … sont véritablement ciselés et redoutablement crédibles. C’est la grande force de ce polar aux couleurs des lagunes languedociennes sublimées par un vocabulaire et une poésie bluffante. Un auteur à suivre qui rappelle des grands comme Simenon, Indridason et Rash.

    06/12/2022 à 10:35 1

  • L'Ombre du torero

    Didier Savard

    7/10 Première enquête de Dick Hérisson, épaulé par son ami journaliste, Jérôme Doutendieu. Ça se passe en Arles et en Camargue ou le docteur Billardot vient de mourir, apparemment d'une crise cardiaque. Le médecin présent avance qu'il serait même mort de peur. L'inspecteur Garagnoux se rend chez un vieux baron local, acariâtre, riche et antirépublicain. Savard lui prête d'ailleurs les traits de Charles Maurras. A partir de cette visite les évènements s'enchainent. Le gendre du baron est lui aussi victime d'une tentative de meurtre. Dans la campagne et les salins voisins, la rumeur va bon train sur un taureau fantasmagorique qui attaque et tue des gens. Le voile commence à se lever avec les révélations d'Elisa, fille du baron, au sujet de son ex-fiancé, le défunt torero Pedro Espargo. Didier Savard distille des éléments qui deviendront récurrents dans les albums qui suivront. Nous avons ainsi des considérations politiques et sociales particulières aux années 1930, à la condition ouvrière, à l'influence de l'Action Française et autres ligues d’extrême droite, mais aussi sur une bourgeoisie dévoyée et parfois dépressive, des relations familiales compliquées, des flics bon-enfants et de nombreuses références à la psychanalyse. Les lieux ont aussi beaucoup d'importance dans les albums de Dick Hérisson. On découvre des lieux incontournables d'Arles, les Baux de Provence, Salins de Giraud, le musée Arlaten avec dans un des couloirs, la galerie des personnages de Tintin telle qu'elle apparait dans les 2e et 3e de couverture des albums d'Hergé. Des clins d’œil sont également envoyés à Franquin, Tardi et on peut reconnaitre Groucho Marx sur le quai de la gare d'Arles. Le monde ferroviaire est aussi cher à l'auteur. Le fantastique a une place prépondérante dans l’œuvre de Savard, c'est la un taureau qui sème la mort en écho à la tauromachie évoquée dans l'histoire. On pourrait reprocher à cette première bd un découpage en trop peu de cases, et même deux pleines pages, alors que d'autres sont totalement inutiles.
    Dés ce premier contact avec l'univers de Dick Hérisson, on perçoit que celui-ci va se faire une belle place dans la bd ligne claire, ce que l'avenir confirmera.

    25/11/2022 à 15:20 3

  • Le Bébé des Buttes-Chaumont

    Jacques Tardi

    6/10 Un peu déçu par ce dernier album tant attendu.Tardi n'en faisait pas mystère : il voulait depuis longtemps arrêter cette série qui lui prenait trop de temps. Il a consenti à boucler le cycle, c'est déjà pas mal, 46 ans après le premier tome. Un peu déçu car on sent bien que Tardi n'a pas vraiment de scénario, c'est plutôt la photo de groupe qui vient clore une époque. Ils sont tous la, du ptérodactyle à la momie péruvienne, du premier personnage au dernier. On perçoit aussi la lassitude dans le trait de l'auteur, quelques dessins sont moins précis. Il y a toutefois beaucoup de nostalgie dans cette dernière traversée de Paris et des monuments qui ont jalonné les aventures extraordinaires d'Adèle. Il y a un clin d’œil jubilatoire à la modernité, le nombre de trottinettistes écrasés est conforme aux énormes gags qui ont rempli les albums précédents. Tardi doit certainement régler des comptes avec des utilisateurs irrespectueux ou avec la politique municipale en matière de circulation de la ville de Paris.

    23/11/2022 à 11:01 1

  • Le Vampire de la coste

    Didier Savard

    7/10 Ce 4e album de Dick Hérisson se déroule en 1932 à La Coste dans le Lubéron, sous les ruines du château du divin marquis, Donatien François de Sade. Bloqués dans le village à cause d'une panne de voiture, le détective et son ami journaliste Jérôme Doutendieu se lancent sur la piste d'un "vampire" qui assassine des jeunes filles et les vide de leur sang. Les personnages et le trait de Didier Savard sont maintenant bien maitrisés, le scénario et la découpe des vignettes s'affinent également. l'auteur campe les habitants d'un village reculé, des ruraux un peu rustiques, un nouveau riche figurant les élites, des moines lettrés, ajoutant comme souvent un personnage victime de handicap, souffre-douleur de la populace. Le "message social" est complété par l'ambiance historique et politique particulière des années 1930. Comme à son habitude, Savard dessine des décors inspirés de sites naturels et historiques (fort de Buoux). Il profite de toutes les légendes des lieux, Ligures, vaudois, Marquis de Sade qui ont fait leur réputation pour tisser une trame également nourrie de Tintin, Adèle Blanc-Sec voire Indianna Jones. Si les crimes sont nombreux et sordides, l'humour reste bien présent. Les références à l’œuvre d'Hergé sont plus rares, mais on aperçoit tout de même Quick et Flupke dans une cour d'école. C'est un bon cru des aventures de Dick hérisson, même si la fin est expédiée en à peine une page, laissant quelques questions en suspend. La richesse des histoires gagnera, on le verra dans les albums suivants, à s'écrire sur des paginations plus importantes que l'étroit carcan de 46 pages.

    23/11/2022 à 09:29 3

  • Les Voleurs d'oreilles

    Didier Savard

    8/10 Aventure arlésienne de Dick Hérisson, détective privé et de Jérôme Doutendieu, son ami journaliste. Un des éléments récurrents des albums de Savard est le plaisir et le soin qu'il prend à dessiner ses décors inspirés de la réalité. On découvre dans cet épisode des lieux incontournable d'Arles et ses environs, les Alyscamps, l'abbaye de Montmajour, le pont de Trinquetaille mais aussi le musée anatomique de la faculté de Médecine de Montpellier ... Comme toujours, on trouve des clins d’œil à Tintin (on peut même parler d'hommages), au monde de l'art et aux traditions locales. Savard nous ballade dans le monde de Van Gogh et ses peintures, on croise des psychiatres, des méridionaux à la Pagnol, des espionnes ... Son scénario est riche de plusieurs éléments, enquête policière, aspects fantastiques, personnages très typés, morts mystérieuses, ambiance sociale et politique de l'époque. Avec ce tome 2, Savard installe déjà son héros parmi les incontournables de la bd.

    18/11/2022 à 11:43 2

  • La Conspiration des poissonniers

    Didier Savard

    9/10 Dick hérisson est sur la piste de Shub-Ur-Khur, "celui qui dort sous les mers", une créature antédiluvienne de Mésopotamie. Son existence lui a été révélée par le testament du Dr Nulpar, contenant le journal de bord du Rozenkreutz, bateau qui a sombré avec le sarcophage retenant le monstre prisonnier. L'épave est retrouvée par Dick Hérisson et Jérôme Doutendieu, son ami journaliste, et ramenée à Marseille. Malgré les effluves de poisson pourri qui règnent sur l'album, on se régale tout de même des décors soignés de Savard, le restaurant Train bleu à la gare de Lyon, Notre Dame de la Garde à Marseille et ses ex-voto, le vieux-port, les calanques, le tunnel du Rove entre Marseille et Martigues... On trouve des clins d’œil à d'autres héros de bd notamment Tintin, ou à d'autres livres (Lovercraft, Poe ...) ou à des films comme L'exorciste, aux figures pagnolesques de Marseille... Savard maitrise parfaitement son scénario et son dessin, oscillant entre Hergé et sa rigueur de la ligne claire ou Tardi et son exubérance. Il mélange avec brio enquête, archéologie, fantastique, épouvante, mythologie, humour. De plus, cet album bénéficie d'une pagination de 56 pages ce qui permet à l'auteur de donner tous les détails de son histoire. C'est pour moi l'album le plus abouti de Savard, celui qui caractérise le mieux son œuvre.

    18/11/2022 à 11:21 3

  • Passager 23

    Sebastian Fitzek

    7/10 Ce livre est un quasi huis-clos maritime à bord d'un géant des mers qui emmène en croisière des milliers de passagers. Il en résulte une originalité du lieu de l'action, et des ressources qu'a du trouver l'auteur pour développer une histoire si riche sur un terrain si étroit. La force du roman est dans l’incroyable nombre de rebondissements qui s'enchainent sans que la trame n'en souffre trop. A l'aide de chapitres très brefs l'auteur ne laisse aucun temps mort, jusqu'à la toute dernière ligne. Les personnages ont presque tous un profil psychologique particulièrement chargé et évoluent souvent dans des mondes sordides. C'est peut être le défaut du bouquin : il y en a un peu trop. Mais les aspects machiavéliques et tumultueux rendent la lecture captivante.

    16/11/2022 à 10:57 6

  • Elma

    Eva Björg AEgisdóttir

    6/10 Polar islandais, à croire que l'écriture de polar est pour cette ile la première activité en terme d'export, tant le nombre d'auteurs est important au regard de la population totale. J'ai trouvé celui-la un ton en dessous, très lent, avec une énigme dévoilée assez vite et assez peu d'originalité dans la trame, les développements et les éléments qui l'entourent. L'écriture est agréable, les personnages manquent un peu de relief, mais pour un premier roman, ça reste bien ficelé.

    07/11/2022 à 09:20 2

  • Sel

    Jussi Adler-Olsen

    7/10 Un cru d'Adler-Olsen un peu différent des précédents, surtout dans le rythme de l'histoire. C'est plus lent, plus engourdi, l'hiver et le confinement pèsent sur l'enquête et cette ambiance lourde et feutrée est très bien rendue par l'auteur, alors que parallèlement aux conditions sanitaires et climatiques, il y a une course contre la montre pour sauver des vies. il y a peut-être un petit creux en 2e partie de livre mais l'ensemble reste fidèle à la série. L'humour est toujours la, comme l’évolution des personnages sur lesquels on apprend encore un peu plus de choses. Le Département V reste une valeur sure.

    10/10/2022 à 10:18 5

  • Le Spectre aux balles d'or

    Jean-Michel Charlier, Jean Giraud

    10/10 Deuxième partie de L'or de la sierra. Les protagonistes se retrouvent assiégés par les Apaches au cœur des monts de la Superstition. Ils essuient des coups de feu et s’aperçoivent qu'on leur tire dessus avec des balles en or. Dans un milieu désertique hostile, un dédale de canyons ou règnent les rattle-snake (crotales), sans eau, sous un soleil de plomb en journée et par un froid glacial la nuit et sous la menace d'un tireur redoutable, les auteurs atteignent les sommets du 9e art ! Les décors de Giraud autour du village pueblo inspirés de celui de Mesa Verde (Colorado) sont magnifiques. La mine de l'Allemand perdu et Le spectre aux balles d'or sont à Blueberry ce que Les sept boules de cristal et Le temple du soleil sont à Tintin : un chef d’œuvre.

    07/10/2022 à 09:41 1

  • La Mine de l'Allemand perdu

    Jean-Michel Charlier, Jean Giraud

    9/10 Première partie d'un diptyque (baptisé l'or de la sierra lors de la publication en un seul volume) autour d'une mine d'or légendaire dans les monts de la superstition (Arizona). Mc Clure se laisse embobiner par Prosit Luckner, faut géologue mais vrai assassin qui prétend avoir découvert une fabuleuse mine d'or (inspiré de la légende de la mine du Hollandais perdu, Jacob Waltz, qui en fait était allemand). Deux tueurs qui se font passer pour des marshalls sont à ses trousses. Blueberry et Mc Clure d'un côté, Wally Blount et Cole « Crazy » Timbley de l'autre s'enfoncent dans le désert à la poursuite de Prosit, sur le chemin de la mine.
    Un des meilleurs Blueberry pour le dessin et le style western sublimé par Giraud et un scénario d'aventures impeccablement ciselé par jean-Michel Charlier. Bd faisant partie des incontournables !

    07/10/2022 à 09:33 1

  • La République des faibles

    Gwenaël Bulteau

    8/10 L'auteur nous entraine dans le Lyon populaire à l'aube du XXe siècle. Pauvreté, alcoolisme, violences politiques, conjugales, policières ... le panel est large pour décrire une époque pas si lointaine et une république pas encore très efficace contre la misère et vilipendée par un ordre social bourgeois. Sur fond d'affaire Dreyfus, de la défaite de 1870, d'antisémitisme et de germanophobie, des policiers aux méthodes musclées pourchassent des dépravés pédophiles. Les femmes non plus ne sont pas vraiment à la fête dans cette société très masculine. Les personnages très typés rendent l'histoire vivante, sans temps morts. Il est parfois délicat de ne pas se perdre parmi tous ces flics aux profils semblables. Si le contexte urbain est lourd, ça ne va guère mieux à la campagne ou le poids des notables écrase les rapports humains. C'est un très bon roman policier, historique et social.

    13/09/2022 à 14:16 10

  • L'Unique goutte de sang

    Arnaud Rozan

    7/10 Histoire tragique d'un jeune noir dont la famille est lynchée par la faute de deux adolescentes blanches aussi bêtes que méchantes. sauvé in extremis mais marqué par cette violence extrême, Sydney va se retrouver dans plusieurs villes des États-Unis, poursuivi par cette haine démesurée. Rarement un roman sera parvenu à montrer avec autant de force cette société fracturée, la profondeur de l'abime que ces blancs ont mis entre eux et les noirs et l'intensité des sévices institutionnels que ces derniers ont subi. L'histoire des États-Unis a vraiment des pages très sombres. On regrettera par moment le style romantique et onirique de l'auteur qui trouble parfois un chapitre.

    02/09/2022 à 09:16 1

  • Bluebird, Bluebird

    Attica Locke

    8/10 Dans l'ambiance moite des bayous, un Texas Ranger noir démêle une affaire compliquée sur fond de racisme, suprémacisme blanc, musique blues alors que sa situation personnelle et professionnelle limite ses prérogatives et que la police locale lui met plutôt des bâtons dans les roues. Personnages bien campés, histoire crédible et style efficace.

    02/09/2022 à 09:03 3

  • Nuits Appalaches

    Chris Offutt

    9/10 Très bon roman noir au cœur de l'Amérique rurale. Le personnage principal, malgré son caractère rustique est très attachant, surtout pour la sensibilité inattendue dont il fait preuve envers sa famille qu'il veut protéger à tout prix. il y a une dose de Steinbeck (Les raisins de la colère) dans la façon dont l'auteur campe la pauvreté voire la misère de certains, qui ne se départissent pas pour autant de leur dignité. c'est aussi une réflexion sur la justice, qui montre que l'idée de la justice sociale peut faire plus de mal que la justice personnelle. Roman écrit avec beaucoup de style, sans effets inutiles mais beaucoup de sensibilité.

    02/09/2022 à 08:55 6