Les Secrets de la forêt

  1. L’ombre de la Bête

    De nos jours, un mystérieux animal hante les campagnes. Ce monstre attaque des enfants et s’en prend aux visages. Sur place, face à l’impuissance des forces déployées, les esprits s’échauffent : les écologistes sont montrés du doigt, de même que les Roms, et l’on n’est pas loin d’un incident…

    Difficilement classable, ce roman prend pied dans une région que l’auteur, Gilbert Bordes, connaît parfaitement. Son style est très agréable à lire : écrit au présent, avec des phrases courtes qui ne s’embarrassent que rarement de descriptions futiles, les chapitres alternent rapidement et l’ensemble se lit vite. Les divers points de vue sont bien restitués, depuis les chasseurs jusqu’aux écologistes en passant par les édiles, les gendarmes et les policiers, ainsi que les autochtones. D’ailleurs, à de multiples reprises, l’intrigue est souvent un prétexte pour souligner les frictions entre les diverses franges de la société.
    Malgré ces indubitables points positifs, si l’on s’attend à un thriller, le compte n’y est cruellement pas. Les poncifs s’abattent avec ardeur, et les multiples individus s’agitent et réfléchissent au rythme des clichés auxquels on s’attendait avant même qu’ils ne s’expriment. De même, les principaux personnages – le médecin, le policier et le jeune Rom, n’ont que très peu d’épaisseur humaine, et quand ils se dévoilent, c’est avec une banalité qui laisse dubitatif. Et si l’on s’intéresse au suspense offert par le récit, dire que les frissons sont peu nombreux tient du doux euphémisme. La fameuse bête et ses apparitions suscitent plus de l’indifférence que de l’effroi ou de la tension. Et quand se dévoile l’origine de ses exactions, c’est tout autant l’incrédulité et la déception qui se dessinent dans l’esprit du lecteur.

    Si ce roman déçoit par son manque de suspense, il est également assez morne quand il s’attarde sur les relations humaines et les paysages psychologiques. L’ouvrage se lit certes avec rapidité et aisance, mais sans jamais passionner ni surprendre.

    /5